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Appels à contributions

"Villes océaniques marocaines : regards croisés" (n° 3 de la revue RELI'LART)

Publié le par Esther Demoulin (Source : EDDAHBI Bouchra )

Appel à contributions pour le 3e numéro de la revue : 

   RELI’LART 

Repères Littéraires, Langagiers et Artistiques

ISSN : 2737-8802

VILLES OCEANIQUES MAROCAINES :
Regards croisés

Numéro thématique coordonné par : 

Abdelhak JABER

Gérard CHALAY

Bouchra EDDAHBI 

Mustapha BELHADJ

 

 

La revue scientifique RELI’LART, affiliée au Laboratoire de Traductologie, Communication et Littérature (TCL), Faculté des Lettres et des Sciences  Humaines d’El Jadida, lance un appel à contribution pour son troisième numéro qui paraîtra en décembre 2023, sous le thème : « Villes océaniques marocaines : regards croisés ».

Argumentaire :

Des villes ancrées dans l’Histoire 
Dans toutes les disciplines des sciences humaines, histoire, critique littéraire et picturale, architecture…, la mention des villes marocaines évoque, immédiatement, de Fès à Marrakech, les grandes Villes dites impériales. Beaucoup d’encre a coulé (et coule encore) à leur propos. Et même sur celles regardant vers la Méditerranée, comme la mythique Tanger. Beaucoup moins a été écrit en revanche sur celles que nous appellerons villes océaniques, à savoir les villes côtières atlantiques marocaines. Elles offrent pourtant un champ d’une richesse souvent insoupçonnée, d’explorations et d’études, dans tous ces domaines. Il suffit d’en considérer l’abyssal substrat berbère si difficile à cerner, mais plongeant dans la nuit des temps préhistoriques. Parmi « ces énigmatiques Berbères, sont les Berghouata ou Baquates, auxquels les légions romaines eurent à faire face à partir de leurs solides positions latines de la Mauritanie tingitane» (Péroncel-Hugoz, 2000 : 33). Les meilleures preuves de cette présence sont les toponymes berbères qui donnèrent Mazagan ou Mogador. Sur cette fondation séculaire, la profondeur historique et culturelle des villes océaniques marocaines s’est encore enrichie de prodigieux et multiples apports phéniciens, puniques, ou portugais par exemple. En effet, Phéniciens, Romains, Byzantins, Vandales, Arabes, Portugais, Espagnols, Français… n’ont cessé de dessiner, strate après strate, le visage architectural urbain, du rivage atlantique marocain.  

De Kenitra (Port-Lyautey) à Mohammedia (Fédala) en passant par Salé et Rabat, ces villes présentent « un résumé plus que bimillénaire du Maghreb extrême, de l’Occident et de l’Orient » (Péroncel-Hugoz, 2000 :8). Et cela sans compter pirates et corsaires qui ne manquèrent pas d’apporter leur imperceptible touche civilisationnelle à ces édifices. 

Juste à côté de Mohammedia, se dresse majestueusement l’ « Extraordinaire » Casablanca (Dar-el-Beïda). Nombreux sont les écrivains francophones du Protectorat, ayant tenté de décrypter les mystères de Casablanca : Borély, Brasillach, Celarié, Chevrillon, Cros, Farrère, Hardy, Leclerc, Mac Orlan, Marbo, Mauclair, Odinot, Ravennes, Ricard, Vaillat, etc. Au-delà des clivages, « peuvent se dessiner néanmoins, des choix exclusivement esthétiques » (Lavaud, 2010) au sujet d’un patrimoine culturel unique au monde : un moment de l’histoire de l’architecture et un assemblage culturel qui constituent ensemble, un lieu de mémoire d’une exceptionnelle rareté.

À quelques kilomètres se situe El Jadida (Mazagan), berceau comme Casablanca du plus vaste cosmopolitisme, Mazagan, « où le Portugal resta de 1502 à 1769 » (Péroncel-Hugoz, 2004 :83). Historiquement, en fin de 1822, le chérif Sidi Mohammed Ben Ettayeb la nomma El Jadida. L’histoire commence « avec le Sultan Moulay Slimane (1792-1822) qui pour redonner vie au port,  et créer la nouvelle cité d’El Jadida, la peupla de familles musulmanes et juives d’Azemmour, de familles des tribus proches, et l’ouvrit à des négociants européens» (Péroncel-Hugoz, 2004 :83). Si El Jadida est La Nouvelle, la ville de peuplement originel est bien Azemmour, où l’Oum Errabii, La Mère du printemps, trouve son embouchure, selon le très beau roman de Driss Chraïbi. 

Essaouira (Mogador) fut, enfin, un espace fort espagnol, également kaléidoscope humain et creuset atlantique de coexistence des communautés, entre autres : chrétienne, juive et musulmane. Mais, le célèbre Soulier de satin de Paul Claudel en a fait pour le XVIIe siècle, un funeste rocher isolé par sa barre maritime, décrit à Dona Prouhèze par le gouverneur Don Camille, ne percevant que les avantages d’une telle solitude : « ce que j’apprécie le plus est cette barre de quarante pieds qui me coûte une barcasse ou deux de temps en temps »  (Claudel, 1929).

A-t-on donc trop parlé de Fès, Marrakech, Tanger…, en oubliant Essaouira, El Jadida, Mohammedia ou Salé…, qui ne manquent pourtant pas d’atouts historiques, culturels et artistiques ? 

Des villes au  carrefour d’histoires et de mythes 
Les villes océaniques marocaines se situent au carrefour des cultures et des ethnies grâce à leur position géographique voisine de la mer qui, autant qu’elle les limite et les renferme, les ouvre sur l’Occident. L’histoire du brassage culturel que permettait l’Océan en tant que lieu de communication et d’ouverture, lieu d’altérité et parfois de conflit, définit souvent l’histoire des récits romanesques, façonnant l’imaginaire des poètes et romanciers dont les œuvres sont à la fois inspirées et encadrées par référence à cet espace-frontière. En effet, la mer inspire fascination et crainte traduites dans la littérature francophone qui se nourrit de l’histoire culturelle et des légendes à l’origine des petites histoires fondatrices de la mémoire collective de ces villes. Ainsi, la ville océanique est-elle un espace fortement investi par l’imaginaire et les légendes maritimes en production littéraire dans sa richesse et sa diversité : roman, poésie, récit autobiographique, conte, légende, fables… ?

Casablanca, la ville cosmopolite moderne ne se définit-elle pas d’abord par référence à ses légendes fondatrices qui sont liées, dans la majorité des cas, à l’imaginaire aquatique et maritime ? Nous pouvons citer, à cet égard, le nombre important des légendes de saints dont les tombeaux dominent comme des gardiens de l’Océan, entre autres, la légende du Saint Monseigneur Bousmara, Saint des Clous qui abreuva les habitants de Casablanca, la légende de Monseigneur Allal Al Kairouni, Saint protecteur des pêcheurs, Monseigneur Belyout, Saint protecteur de la ville, etc. 

De même, la ville d’El Jadida, baignée dans l’eau de l’Atlantique et du fleuve Oum Errabii dont l’estuaire est gardé par Lalla Aicha Albahria (Sainte Aicha la marine), la patronne de l’amour. Son histoire se nourrit, entre autres, de la légende de Aicha la Contessa, celle qui a combattu les Portugais pour venger son mari qu’ils avaient assassiné et pour lesquels elle s’est transformée en spectre invisible capable de tuer sans être vu. Le récit oral de son histoire, peu certaine, l’érige tantôt en icône de la résistance, tantôt en figure féminine maudite nourrissant la mémoire collective. 

Ces légendes s’appuyant sur une référence marine modèlent les schèmes de l’imaginaire des écrivains. L’océan, dans leurs œuvres est doté de significations symboliques et anthropologiques diverses, voire contradictoires. La mer est utilisée comme  métaphore de la vie mais aussi comme référence à l’eau mortuaire, comme départ et quête de liberté, mais également comme lieu-frontière qui retient et sépare. Cette représentation ambivalente de la mer se nourrit de la sensibilité subjective du scripteur, du lien affectif qui le lie à la mer et à la ville, de sa position par rapport à la mer en tant que frontière et de la subjectivité fictionnelle des personnages, etc.

Tanger est au centre des écrits de plusieurs écrivains francophones, entre autres : Tahar Benjelloun. Dans ses récits : Harrouda (1973), Les amandiers sont morts de leurs blessures (1976) et Partir (2007), se croisent deux sensibilités opposées régissant la représentation littéraire de l’espace, à savoir l’attachement affectif à la ville et les représentations préexistantes faisant de Tanger le lieu de l’émigration clandestine, des vices, de la prostitution, du trafic illicite et du crime ; une bipolarité symboliquement indexée sur la mer comme frontière de séparation et espace de croisement des regards opposés de l’identité et de l’altérité, ce qui donne lieu à un corpus littéraire représentatif d’une hétérotopie (M. Foucault, 2001) se greffant sur mille et une façons de raconter la ville et les hommes en leur rapport étroit avec la mer. Le personnage principal dans Cannibales  de Mahi BineBine (1999) dit à ce propos : « Dans mon village, les vieux nous avaient maintes fois raconté la mer, et de mille fois différentes » (M. Binebine, 1999 : 5). Sa propre expérience amère de l’émigration lui donnera la possibilité de raconter la mer de son point de vue et de ceux qui entreprennent la même aventure périlleuse de l’émigration clandestine.

Axes de recherche (non exhaustifs) :

-          Villes océaniques en littérature. 

-          Villes océaniques dans les arts.

-          Villes océaniques à la croisée des cultures et des langues.

-          Villes océaniques comme synthèses civilisationnelles. 

-          Villes côtières: mythes et légendes.

-          Villes côtières dans leurs histoires berbéro-arabes.

-          Villes côtières et colonisation française.

-          Villes côtières et présences portugaise/espagnole.

-          Villes océaniques et présence juive.

-          Villes côtières et émigration/immigration.

-          Villes côtières : entre tradition et modernité… 


Modalités de soumission:

RELI’LART publie des travaux inédits. Les chercheurs intéressés sont appelés à présenter, dans leurs articles, le cadre théorique et méthodologique et les résultats de leurs travaux, en respectant le protocole de soumission défini par le comité de rédaction suivant le Template téléchargeable sur la plateforme de la revue, disponible sur : https://revues.imist.ma/public/site/images/admin/template_RELILART.docx  

Les auteurs sont priés de se conformer aux consignes de rédaction présentes dans le Template de la revue. Ne seront pris en compte que les articles mis aux normes.  Les contributions (entre 10 et 25 pages)  devront être soumises directement via la plateforme de la revue : https://revues.imist.ma/index.php/Relilart/index  (dans le Portail des Revues Scientifiques Marocaines, pris en charge par l’IMIST-CNRST), ou envoyées sous format numérique (Word) à l’adresse électronique : revue.relilart@gmail.com au plus tard le 27 juillet 2023.  Les articles proposés seront accompagnés d’un résumé d’une dizaine de lignes en français, et en anglais, de cinq mots-clés et d’une courte notice bio-bibliographique. 


 Modalité d’évaluation :

Les contributions feront l'objet d'une double expertise anonyme. Chaque proposition d’article sera soumise, d’abord, à l’appréciation du comité de rédaction. Après, elle sera expertisée anonymement par deux rapporteurs afin de prendre une décision  (d’acceptation ou de refus). 


Langue de la revue :


-          Français

-          Anglais.


Calendrier :

-          Date de lancement de l’appel à contribution : 03 avril 2023

-          Date limite de soumission des articles : 03 août 2023.

-          Notification d’acceptation : 23 septembre 2023.

-          Réception de la version finale des articles : 13 octobre  2023.

-          Date prévue de publication :  décembre 2023.

 

Directrice de la revue :

      Bouchra EDDAHBI



Comité de rédaction :

-          Bouchra EDDAHBI

-          Assia MARFOUQ

-          Mustapha BELHADJ

-          Charaf LAASAL



Comité scientifique :

-          AMMAR Hamid, enseignant-chercheur, Université Abdelmalek Assaâdi, Al Hoceima, Maroc.

-          AYAOU Jamila, enseignante-chercheure, Université Chouaïb Doukkali, El Jadida, Maroc.

-          BAHRI Souad, enseignante-chercheure, Université Belhadj Bouchaïb, Aïn Témouchent, Algérie.

-          BELHADJ Mustapha, enseignant-chercheur, Université Chouaïb Doukkali, El Jadida, Maroc.

-          BENHESSOU Laila, enseignante-chercheure, Université Hassan I, Settat, Maroc.

-          BENTHAMI Abdelilah, enseignant-chercheur, Université Abdelmalek Essaâdi, Tétouan, Maroc.

-          BOUTISANE Outhman, enseignant-chercheur, Université Moulay Ismail, Maroc.

-          BRIJA Abdelghani, enseignant-chercheur, Université Mohammed V, Rabat, Maroc.

-          CHALAYE Gérard, chercheur, membre de la Société Internationale d’Etude des Littératures de l’Ere Coloniale, Maroc.

-          CHRAÏBI Houda, enseignante-chercheure, Université Hassan II, Casablanca, Maroc.

-          DERDAR Mohammed, enseignant-chercheur, Université Chouaïb Doukkali, El Jadida, Maroc.

-          EDDAHBI Bouchra, enseignante-chercheure, Université Chouaïb Doukkali, El Jadida, Maroc.

-          EL MAHI Abdelaziz, enseignant-chercheur, Université Chouaïb Doukkali, El Jadida, Maroc.

-          ELBOUAYADI Mohamed, enseignant-chercheur, Université Chouaïb Doukkali, El Jadida, Maroc.

-          ELHARFI Brahim, enseignant-chercheur, Université Hassan II, Casablanca, Maroc.

-          ELKADY Hala, enseignante-chercheure, Université Ain Shams, Le Caire, Egypte.

-          HACHIMI Meryem, enseignante-chercheure, Université Hassan II, Casablanca, Maroc.

-          HOSTEIN Alicia, chercheure postdoctorale, Université de Genève, Suisse.

-          JABER Abdelhak, enseignant-chercheur, Université Chouaïb Doukkali, El Jadida, Maroc.

-          LAASSEL Charaf, enseignant-chercheur, Université Chouaïb Doukkali, El Jadida, Maroc.

-          LE GUENNEC François, enseignant-chercheur, Université du Temps Libre d’Orléans, France.

-          MAATOUK Soumaya, enseignante-chercheure, Université Chouaïb Doukkali, El Jadida, Maroc.

-          MAKDOUN Nadia, enseignante-chercheure, Université Chouaïb Doukkali, El Jadida, Maroc.

-          MARFOUQ Assia, enseignante-chercheure, Université Hassan I, Settat, Maroc.

-          PARE Daouda, enseignant-chercheur, Université de Ngaoundéré, Cameroun.

-          RUSCIO Alain, historien chercheur, Paris, France.

-          SAMADI Abdelhadi, enseignant-chercheur, Université Hassan II, Casablanca, Maroc.

-          SEMLALI Mohamed, enseignant-chercheur, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, Fès, Maroc.

-          TOURCHLI Abderrahim, enseignant-chercheur, Université Sultan Moulay Slimane, Beni Mellal, Maroc.

-          ZYAD Hicham, enseignant-chercheur, Université Chouaïb Doukkali, El Jadida, Maroc.

 


RELI’LART

Repères Littéraires, Langagiers et Artistiques

(Revue électronique)

ISSN : 2737-8802

https://revues.imist.ma/index.php/Relilart/index  

 

Contact :

revue.relilart@gmail.com

 
Bibliographie :

-          Ben Jelloun T., Partir, Paris, Editions Gallimard, 2006.

-          Ben Jelloun T., Les amandiers sont morts de leurs blessures [1976], Paris, Editions Maspero, 1999.

-          Ben Jelloun T., Harrouda, Paris, Editions Denoël, 1973.

-          BineBine M., Cannibales, Paris, Editions Fayard, 1999.

-          Claudel P., Le Soulier de satin [1926], Paris, Editions Gallimard, 1957.

-          Foucault M., Le corps utopique ; suivi de Les hétérotopies, Paris, Éditions Lignes, 2009.

-          Jmahri M., Mazagan, mémoires partagées, Cahiers d’El Jadida 19, 2017.

-          Péroncel-Hugoz JP., 2000 ans d’histoires marocaines, Casa Express Editions, Rabat-Paris, 2010.

-          Retnani A., Casablanca années 20, Casablanca, Editions La croisée des chemins, 2010

-          Thouillot M., Maroc, Paris,  Editions L’Harmattan,  2015.