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L’Intelligence Artificielle face aux humanités, les humanités à l’épreuve de l’Intelligence Artificielle (Sousse, Tunisie)

L’Intelligence Artificielle face aux humanités, les humanités à l’épreuve de l’Intelligence Artificielle (Sousse, Tunisie)

Publié le par Marc Escola (Source : Mohamed Amine Jaballah)

Université de Sousse, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines 

Laboratoire de Recherche École, Littératures et Communication

Journée d’études 

L’Intelligence Artificielle face aux humanités, les humanités à l’épreuve de l’Intelligence Artificielle

Samedi 03 juin 2023

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Sousse

 
Développée à partir des années 1950, l’Intelligence Artificielle n’a cessé d’évoluer et de gagner du terrain, mais c’est à partir des années 1980 que le tournant est franchi quand les ordinateurs commencent à recevoir non plus des règles à suivre mais des algorithmes « apprenants ». Initié au MIT par Marvin Minsky et John McCarthy, le Machine Learning s’est développé en Deep Learning, un apprentissage fondé sur des couches de neurones électroniques imitant dans une très large mesure les réseaux neuronaux humains, rapprochant de plus en plus la machine de l’Homme.

Les résultats sont surprenants puisque des ordinateurs qui fonctionnent grâce à l’Intelligence Artificielle battent de plus en plus souvent des humains dans des jeux et des tests pourtant conçus par des hommes. Actuellement, l’utilisation de cette technologie explose littéralement, par exemple, l’US Air Force utilise des intelligences artificielles dans ses bombardiers pour recevoir des images de très haute qualité, des plateformes commerciales utilisent également cette technologie pour repérer et toucher des clients plus nombreux et de manière plus individualisée. On remarque même un conditionnement et une sectarisation des probables clients sur les réseaux sociaux par des algorithmes intégrés aux sites internet. Par ailleurs, l’intelligence artificielle est à même de produire des textes « inédits » à partir d’immenses bases de données, mais aussi de créer des images inédites et même des tableaux de peinture imitant de grands artistes (Style transfer). En 2018, l’informaticien Ross Goodwin équipe une voiture itinérante d’un pilote automatique et une intelligence artificielle et celle-ci réussit à rédiger le récit de son propre voyage sous une forme poétique imitant le style de Jack Kerouac. Enfin, RFI a fait une interview surprenante avec une intelligence artificielle à la voix synthétisée et lui a fait produire un sonnet, ce qui met fortement en question le statut de l’écrivain et de l’artiste.

Les exploits de cette technologie sont nombreux et surprenants, mais les pionniers de la technologie même expriment des craintes, Stephen Hawking la voit déjà menacer la survie de l’humanité (S. Hawking : « L'intelligence artificielle pourrait mettre fin à l'humanité », Le Monde, 3 décembre 2014), Bill Gates exprime lui aussi ses préoccupations (B. Gates est « préoccupé par la superintelligence artificielle », Le Monde, 29 janvier 2015) et pour Elon Musk, l’Intelligence Artificielle est plus dangereuse que les armes nucléaires ( Les 37 projets d’Elon Musk contre les dangers de l’intelligence artificielle », Le Monde, 6 juillet 2015). Les peurs concernent bien évidemment l’automatisation de l’existence et la précarité du travail et les risques pour l’intelligence humaine ou aussi le Grand Remplacement des hommes par les machines, et qui sont des questions tout aussi importantes et pressantes que se pose tout un chacun. L’aspect utopique/dystopique de l’intelligence artificielle et les représentations qu’en font la littérature et le cinéma, et surtout la science-fiction sont des supports utiles dans cette approche, mais cette technologie pose aussi des questions d’ordre éthique, esthétique, déontologique et même législatif. Sans prétendre à l’exhaustivité, les problématiques que nous soumettons à nos chercheurs et à nos doctorants sont les suivantes :

- L’intelligence artificielle étant un producteur de textes, d’images et de tableaux de peinture, peut-on la considérer comme artiste créatrice ? Les œuvres littéraires et artistiques qu’elle produit s’interprètent-elles de la même manière qu’une œuvre produite par un humain ? Comment évoluerait la lecture de ces productions ? Peut-on par exemple parler d’intention d’auteur, d’effets stylistiques ou de jeu lectoral dans un roman produit par intelligence artificielle ? Ces textes prendraient-ils en considération certains paramètres nettement humains ? (morale et spiritualité à respecter ou à contester, écriture inclusive à prendre, ou pas, en compte, etc.)

- Une intelligence artificielle peut imiter le style d’un écrivain et la voix d’un chanteur. Dans le cas où elle produirait une chanson au style et à la voix d’un auteur-compositeur, à qui attribuerait-on la chanson produite ? Et qui pourrait en revendiquer les droits d’auteur ? L’auteur-compositeur imité ? Le programmeur ? Ou la machine elle-même ? 

- Quelle identité donner à une machine intelligente et peut-être bientôt dotée de conscience (cf. Minsky, 2007) ? Celle-ci peut-elle revendiquer des droits humains ou même d’être affranchie ? Peut-elle aussi se définir comme masculine ou féminine ? Et quelle responsabilité pénale devrait-on lui faire assumer en cas d’infraction ? (pas seulement à l’une des règles d’Asimov).

- Comment devraient s’organiser, dans le futur, les nouveaux rapports entre l’Homme et la machine ? La machine remplacera-t-elle vraiment les hommes ? Ou cherchera-t-elle  finalement à devenir aussi humaine que les hommes ? Qui devra s’adapter à l’autre ? La science-fiction est fortement sollicitée pour cet axe (Time Machine, Automata, I Robot, épisodes de la série Doctor Who, Terminator, Bicentennial Man, Blade Runner, etc.).

- Dotée de conscience, l’Intelligence Artificielle peut-elle devenir critique littéraire ou artistique, ou même chercheure scientifique, puisqu’une intelligence artificielle (GPT3) a déjà produit un article scientifique à propos d’elle-même ? 

- Qu’en serait-il de l’enseignement et surtout de l’évaluation si les textes des étudiants et des chercheurs sont produits par des machines ? Et que seraient les nouveaux métiers auxquels on devrait former nos étudiants si les métiers classiques peuvent (et sont déjà) exercés par des machines ? (enseignement automatisé sur des plateformes, transcription et traduction text-to-speech, speech-to-speech, robots médecins, etc.)

- Quelle nouvelle identité aurait l’humanité que l’intelligence artificielle pourrait rendre éternelle en l’augmentant ? La science-fiction nous montre déjà la possibilité d’implanter la conscience d’une personne sur une machine, sans besoin de support biologique, ou la sauvegarde de la culture humaine en cas de catastrophe planétaire.

- Peut-on considérer ce siècle comme la fin de l’Humanisme, et le début du machinisme ? L’homme ne deviendrait-il finalement que le « input » ou le « chargeur biologique » comme le définit déjà Elon Musk ?

Modalités et dates :

Les chercheurs désireux de participer à cette journée pourront envoyer leurs propositions (généralités et sommaire bref) en format Word à l’adresse suivante « ilfaraonebrutto@yahoo.fr » et ce avant le  mercredi 19 avril 2023.

La journée se tiendra le samedi 03 juin 2023 à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Sousse.

 

P.S. Texte généré par Intelligence Humaine.