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La traduction du sacré (Genève)

La traduction du sacré (Genève)

La Faculté de théologie protestante de l’Université de Genève et l’Association des Amis de la Fondation Martin Bodmer s’associent pour organiser un colloque de trois jours, intitulé « La traduction du sacré ». Il comprendra la traduction des textes au sens restreint du terme et, plus largement, l’expression du sacré ainsi que son intégration dans les sociétés, l’art et les lettres. Ce colloque souhaite aussi promouvoir le dialogue entre les religions monothéistes en explicitant leurs herméneutiques respectives.

Programme

JEUDI 23 mars
Palais de l’Athénée, rue de l’Athénée 2
Salle des Abeilles

Conférence inaugurale – SUR INSCRIPTION svp.
18h00 Ouverture de la salle

18h30 Accueil :
‒ Professeur Ghislain Waterlot, Président du Comité d’organisation
‒ Dr Gérald d’Andiran, Président de l’Association des Amis de la Fondation Martin Bodmer

‒ Modérateur : Jérôme Thélot (orateur le samedi 25.3)

19h00 Michael Cronin :
« La traduction à ciel ouvert : la médiation du sacré à l’ère de l’anthropocène »
Michael Cronin est professeur au Trinity College, titulaire de la chaire de français, et directeur du Trinity Centre for Literary and Cultural Translation, à Dublin.

Partant de la représentation binaire de Saint Jérôme dans l’iconographie occidentale – cloisonné dans son bureau de travail ou installé en plein désert – cette communication aura pour objectif d’explorer la dimension du sacré dans la réinvention de la tâche du traducteur au moment de la crise écologique.

Discussion générale

20h15 Fin de séance

VENDREDI 24 mars
Uni Dufour, rue du Général-Dufour 24

Matin
08h30 Auditoire Rouiller – U600, ouverture de salle

09h00 Début de la session
‒ Modérateurs : Gérald d’Andiran et Ghislain Waterlot

09h10 Jacques Berchtold :
« Introduction à l’oeuvre de Martin Bodmer »
Jacques Berchtold est professeur de littérature française à Sorbonne Université et directeur de la Fondation Martin Bodmer. Dans ses publications, il s’est intéressé aux valeurs augustiniennes de textes littéraires, au renouveau de celles-ci du temps de la Réforme et aux modes de laïcisation propres au siècle des Lumières.

Seront exposés les principes qui dictent la composition de la collection et le rôle qu’y joue la dimension religieuse. Dans l’héritage de Goethe, Martin Bodmer respecte au plus haut degré les monothéismes abrahamiques. Dans sa conception universelle de la « littérature du monde » (« Weltliteratur »), respectueuse des différences et des singularités nationales, le concept de traduction « enrichissante » joue un rôle essentiel.

Questions

10h00 Nicolas Ducimetière :
« Langues et bibliophilie du sacré dans la collection de Martin Bodmer »
Nicolas Ducimetière est Vice-directeur de la Fondation Martin Bodmer et ancien conservateur du Musée Barbier-Mueller. Il a assumé divers commissariats d’exposition et publié des études et articles. Il est Vice-président de la Fondation Barbier-Mueller pour l’étude de la poésie italienne de la Renaissance, membre de la Commission nationale suisse pour l’UNESCO et président de la Société littéraire de Genève.

« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu ». Comment envisager le Sacré sans les paroles qui l’accompagnent, parmi les premières portées dans l’argile, sur la pierre ou le papyrus ? Ce foisonnement de spiritualités se matérialise au sein de la Bodmeriana dans des langues et idiomes variés, reflet des intérêts de son fondateur. Des traductions de la Bible aux papyrus de l’Egypte et aux grimoires de l’Asie, le sacré immatériel trouve ainsi des formes concrètes, vénérables.

Questions

10h50 Pause

11h15 Hans-Christoph Askani :
« La traduction face au texte sacré, le texte sacré face aux traductions »
Hans-Christoph Askani est professeur honoraire de l’Université de Genève. Il a fait des études de théologie, philosophie et littérature à Tübingen, Zurich, Paris et Berlin. Entre 2005 et 2019, il a enseigné la théologie systématique à la Faculté autonome de théologie de l’Université de Genève. Sa thèse de doctorat porte sur la philosophie du langage de Franz Rosenzweig, notamment sur le problème de la traduction.

En quoi un texte sacré se distingue-t-il d’un texte ordinaire ? Est-ce seulement son contenu ou est-ce aussi son exigence de se faire comprendre ? En effet, un texte sacré veut être accueilli dans tous ses aspects, tous ses détails et toutes ses nuances. Est-ce qu’une traduction est capable de dire ce qu’il dit dans une autre langue ? Rien n’est plus improbable, et pourtant c’est exactement ce que le texte sacré demande.

Questions + Discussion avec tous les intervenants

12h30 Pause, repas libre

Après-midi
14h00 Auditoire Piaget – U 300
Religions monothéistes, herméneutiques et dialogues
‒ Modérateur : Jean-Daniel Macchi

14h10 Introduction : Elisabeth Parmentier, Doyenne
« La traduction réciproque entre textes révélés et vie croyante »

Quelle que soit la religion, la quête de foi se vit entre « la fièvre et le silence » (termes employés par Gérard Delteil dans Par-delà le silence. Quand Dieu se tait, 2018). Les textes fondateurs relèvent de la quête, et ce que l’expérience saisit en un instant est encore pour l’intelligence un chaos : comment tisser les liens d’interprétation, entre textes et vie quotidienne ?

Exposés :
14h20 Kahina Bahloul, islam :
« La traduction du sacré pour un éveil spirituel de l’humain »
Kahina Bahloul est une islamologue franco-algérienne, soufie, première femme à se déclarer imame de France et cofondatrice du projet « La Mosquée de Fatima » qui promeut un islam libéral.

Questions

15h10 Pierre Bühler, christianisme :
« O crux ave, spes unica : quand le texte sacré redevient interpellation vivante »
Pierre Bühler a occupé la chaire de théologie à la Faculté de théologie de l’Université de Neuchâtel. Docteur honoris causa de la Faculté de théologie protestante de Montpellier, il a été professeur de théologie systématique (herméneutique, théologie fondamentale) à la Faculté de théologie de l’Université de Zurich et a présidé la Société suisse de théologie. Il est spécialiste de l’oeuvre de Martin Luther et de Paul Ricoeur.

La croix – et la résurrection, bien sûr : cela définit le coeur du message chrétien et constitue en même temps un défi intéressant pour le dialogue avec le judaïsme et l’islam. La formule médiévale marque l’exigence d’une traduction incessante dans des langages nouveaux – liturgique, ici, mais pouvant inclure le langage littéraire ou artistique, jadis et aujourd’hui.

Questions

16h00 Marc-Alain Ouaknin, judaïsme :
« Les mots sous les mots. Des oiseaux aux ailes repliées qui attendent le souffle du lecteur ! »
Marc-Alain Ouaknin est un philosophe et écrivain français. Professeur associé de littérature comparée à l’Université Bar-Ilan, il analyse la pensée d’Emmanuel Levinas en la mettant en dialogue avec les textes de la pensée juive, ainsi qu’avec la littérature, la psychanalyse et la phénoménologie de la religion. Il a contribué à une nouvelle traduction de la Bible hébraïque dans le cadre du Projet-Atelier Targoum. L’émission Talmudiques sur France Culture, dont il est coproducteur, explore les facettes de la pensée juive, leurs résonances dans la culture occidentale et leur mise en perspective avec les autres cultures.

Cet exposé, dont le titre est un hommage à la fois à Saussure, Levinas et Starobinski, invitera à découvrir comment le texte biblique use d’une poétique de l’amphibologie pour construire une transcendance du sens qui définit le sacré, ou plus précisément la sainteté du texte, en offrant, au sein même de la finitude des mots, l’infini d’un « pouvoir dire », au-delà du « vouloir dire » selon la belle expression de Levinas. En s’appuyant sur des exemples pris à la fois dans l’Ancien et le Nouveau Testament, l’orateur montrera aussi comment l’amphibologie ouvre, par la voie de la traduction et l’écoute d’une double langue dans les mots, à de nouvelles compréhensions du texte dont la portée constitue peut-être, parfois, de véritables « révolutions théologiques ».

Questions + Discussion avec tous les intervenants

17h30 Fin de la session

SAMEDI 25 mars
Avec le soutien de l’Institut National Genevois – INGE
Fondation Martin Bodmer

Les lettres, l’art et le sacré → sur INSCRIPTION svp.

09h00 Ouverture de la salle

09h30 I. La littérature et le sacré
‒ Modératrice : Jane Wilhelm

09h40 Martin Rueff
« La chair du verbe : les poètes et la traduction des textes sacrés »
Martin Rueff est traducteur, poète, critique et philosophe, professeur de littérature française et comparée à l’Université de Genève, directeur de la revue Po&sie.

Questions

10h30 Marion Muller-Colard
« Dans quelle langue parler du sacré ? », entretien avec Jane Wilhelm
Marion Muller-Colard est une théologienne et écrivaine française, membre du Comité consultatif national d’éthique (France). Depuis 2022, elle est la nouvelle directrice des éditions Labor et Fides.

Questions

11h20 Pause

11h45-14h00 Visite guidée de « Trésors enluminés de Suisse »
Professeur Jacques Berchtold, Directeur
Nicolas Ducimetière, Vice-directeur

Buffet gratuit → sur INSCRIPTION svp.

14h15 II. Les arts visuels et le sacré
‒ Modérateur : Frédéric Elsig
Frédéric Elsig est professeur au Département d’histoire de l’art et de musicologie (géographies et économies artistiques, muséologie, histoire matérielle de l’art, histoire du marché de l’art)

14h25 Jérôme Thélot
« Traductions de la ‘Charité romaine‘ »
Jérôme Thélot, essayiste et traducteur, est professeur émérite de littérature française à l’Université de Lyon. Ses écrits portent sur la philosophie de l’affectivité et les conditions de l’image.

Un mythe d’adoption d’enfant trouvé a été traduit dans une légende de la Grèce classique, puis traduit par la culture latine sous le titre de « Charité romaine ». Plus tard, cette légende interprétée par les peintres a d’abord été acclimatée à l’idée de la charité chrétienne, ensuite comprise comme une allégorie de l’art lui-même.

Questions

15h15 Ferrante Ferranti :
« Empreintes du sacré : les pierres vivantes par l’expérience sensible »
Architecte de formation, photographe et enseignant, Ferrante Ferranti a publié de nombreux ouvrages sur l’esthétique des ruines, l’art baroque, et le sacré – dont Les Pierres vivantes (Editions Philippe Rey), Mont Athos, la Sainte montagne (Editions Desclée de Brouwer) et Empreintes du sacré (Editions de la Martinière). Il a été le photographe de l’exposition « Dieux, Mode d’emploi » au Petit Palais de Paris en 2012.

Le conférencier propose de visiter en images quelques hauts lieux emblématiques de onze religions dans le monde. Ses regards, construits sur les réalités visibles et nourris d’expériences sensibles, aspirent à montrer l’invisible et à rendre vivantes les pierres.

Questions

16h05 Lucienne Peiry :
« L’invisible et le poétique dans l’Art Brut »
Lucienne Peiry est historienne de l’art (doctorat, Université de Lausanne), spécialiste de l’Art Brut, commissaire d’expositions, conférencière et auteure. De 2001 à 2011, elle a été directrice de la Collection de l’Art Brut à Lausanne. Depuis 2022, elle fait partie du groupe de recherche « Art Brut » du Centre Pompidou.

Si les valeurs sacrées que recèlent les oeuvres d’Art Brut sont fondamentales, elles ont été peu étudiées, parfois passées sous silence, peut-être refoulées. Ces productions sont par excellence celles qui mettent en lien avec l’altérité. A l’évidence, de nombreux créateurs se sentent concernés par la question de la mort, de l’au-delà et de l’invisible.
L’observation de l’ethnologue Claude-Lévi-Strauss résonne tout particulièrement avec l’Art Brut : « L’un des grands malaises de notre société est d’avoir totalement séparé l’ordre du rationnel et l’ordre du poétique, tandis que dans toutes les civilisations dites primitives […], ce sont deux ordres étroitement unis. » De nombreux auteurs d’Art Brut entretiennent cette alliance originelle qui fait cohabiter naturellement ces deux ordres.

Questions + Discussion avec tous les intervenants

17h15 Fin du colloque