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Théories et critiques du cinéma en situation(s) médiatique(s) en France, depuis la Seconde Guerre mondiale (Caen)

Théories et critiques du cinéma en situation(s) médiatique(s) en France, depuis la Seconde Guerre mondiale (Caen)

Publié le par Marc Escola (Source : Nataliya Puchenkina)

Appel à communications pour un colloque international

Théories et critiques du cinéma en situation(s) médiatique(s) en France, depuis la Seconde Guerre mondiale

Les 2 et 3 octobre 2023

Maison de la recherche en sciences humaines, Université de Caen.

sous la direction de

Nataliya Puchenkina (2L2S, Université de Lorraine, Metz) et Valérie Vignaux (LASLAR, Université Caen Normandie)


Les théories du cinéma, avant l’introduction à la fin des années 1970 des études cinématographiques à l’université, ont principalement été élaborées par des critiques, personnalités qui, à l’aune de l’actualité des films, s’interrogeaient sur les caractéristiques esthétiques du cinéma, ses particularités médiatiques ou sa vocation historique. Les périodiques ont gardé trace de ces débats d’idées énoncés à la suite de la présentation de films ou lorsque ceux-ci faisaient « événement » en raison de leurs qualités formelles ou parce qu’ils étaient en contradiction avec des conventions morales ou sociétales (interdits par la censure, par exemple). 

Dans l’historiographie du cinéma, l’étude de la critique s’est donc logiquement imposée comme un champ d’investigation de premier plan comme le soulignent les importantes recherches qui lui ont été consacrées depuis une dizaine d’années. Des groupes de recherches ont été créés[1]; des colloques internationaux[2] ont été organisés ; des thèses soutenues[3] ; des anthologies sont parues et, à la suite du financement par l’ANR de programmes de recherche[4] quelques rares bases de données[5] ont été réalisées. Analyses qui ont entre autres, permis d’observer l’élaboration progressive de définitions du cinéma, fonction d’une prévalence donnée au sein du dispositif cinématographique à l’œuvre filmée ou au spectateur, c’est-à-dire à l’esthétique ou à l’éthique. Ce colloque entend également poursuivre des investigations récentes entreprises à l’université de Caen Normandie, en l’occurrence le programme pluridisciplinaire « Des critiques : frontières et dialogues des discours critiques et des champs disciplinaire » (2019 à 2022)[6] et les travaux sur le « Journalisme de cinéma »[7].

Dans la continuité de ces recherches nous souhaitons à présent associer à l’étude des discours sur le cinéma dans la presse périodique  d’autres espaces médiatiques, en l'occurrence : la radio, la télévision ou le web. À l’aune de ces techniques et supports nous observerons comment les médias peuvent – ou non – être envisagés comme (co)producteurs des discours sur le cinéma. Bien plus que de simples diffuseurs de paroles ou d’images, les médias agissent comme des espaces de transformation, que cela soit à travers la transmission des connaissances ou encore en tant qu’outil de théorisation et de reconnaissance. Ainsi, peut-on considérer que la radio, la télévision ou le web ont influé ou influent sur la « légitimation » culturelle du cinéma ? Comment la mise en situation médiatique valorise-t-elle des manières de « parler » des films, des cinéastes et du cinéma ? Comment, à l’inverse, les codes cinématographiques façonnent des modes d’énonciation des discours lorsqu’ils sont formulés au sein d’autres espaces médiatiques comme par exemple les émissions radiophoniques sur le cinéma ? Comment interroger les frontières poreuses entre des discours savants, promotionnels ou de vulgarisation ? Enfin, peut-on envisager la présence du cinéma dans ses différentes situations médiatiques à travers le prisme des pratiques d’influence (choix des contenus diffusés, effacement de frontière entre le populaire et l'élitiste) ?

Interroger les discours théoriques ou critiques sur le cinéma en situations médiatiques nous incite à solliciter nombre de sources qui sont encore peu explorées voire inédites. On s’intéressera à la dimension patrimoniale d’émissions de radio, de télévision, numériques, en tant qu’elles sont des supports de conservation et d’enregistrement. Comment ces programmes peuvent-ils concourir à l’écriture de l’histoire du cinéma et à la transmission de l’expertise artistique et technique ? On songe en particulier aux émissions diffusées à la radio ou à la télévision période ORTF et au-delà et dont une grande partie est aujourd’hui rendue disponible à l’Inathèque ; aux archives de la Cinémathèque d’enseignement préservées à l’université Sorbonne nouvelle ou celles de la radio-télévision scolaire désormais sur Gallica.

Plus largement, il s’agira d’analyser les diverses approches possibles de ce type de source, dont la nature composite (document testimonial / objet artistique / support de formation ou d’articulation des modes de pensées) pourrait ouvrir de nouvelles perspectives réflexives. On interrogera ainsi les conditions d’émergence des styles des critiques et des théories cinématographiques lorsqu’elles sont les produits de supports hybrides ou intermédiaux, tels que les documentaires télévisuels sur le cinéma, à la radio ou sur le web.

Ce colloque a donc pour ambition de contribuer, à partir des différentes analyses présentées, aux réflexions sur la configuration ou reconfiguration des discours critiques et des pensées sur le cinéma à l’épreuve des transformations technologiques et médiatiques et des nouveaux supports de diffusion (radio, TV, réseaux sociaux, plateformes …) en France des lendemains de la Seconde guerre à la période contemporaine.

Plusieurs axes pourront être envisagés, parmi lesquels : 

Espaces audiovisuels ou numériques et archives des discours critiques sur le cinéma

Nombreuses sont les émissions à la radio, à la télévision et dorénavant sur le web où se sont retrouvés des critiques et qui ont contribué à faire connaitre le cinéma, que cela soit à travers ses acteurs, ses cinéastes, ses techniciens ou ses courants esthétiques. La radio-télévision et le web ont ainsi permis la circulation de la culture cinématographique sous des formes diverses : présentation de films, entretiens, reportages, émissions, conférences, etc. On privilégiera dans cet axe une présentation des ressources disponibles en portant l’attention sur des émissions ou des producteurs et en les envisageant dans leur historicité médiatique, technologique ou théorique et en mettant en évidence leurs apports épistémologiques quant à l’histoire de la critique de cinéma en France.

Discours de critiques de cinéma et espaces médiatiques

Hormis son approche légitimatrice, la critique cinématographique a joué un rôle prospectif dans la mesure où elle a contribué à la construction d’une politique culturelle de diffusion cinématographique. Il convient d’étudier les stratégies ainsi que les projets proposés par les critiques depuis la Seconde guerre mondiale, on pourra ainsi s’intéresser aux articles des critiques de cinéma sur les autres médias comme ceux d’André Bazin, Nino Frank, Jean Thévenot, Roger Boussinot, Marcel L’Herbier, etc. On pourra de plus envisager les critiques qui ont énoncé leurs pensées sur le cinéma aussi bien dans la presse périodique que sur d’autres canaux comme la télévision, la radio, le web et s’intéresser à ce que ce changement de support produit. On songe en particulier à la Conférence de Gilles Deleuze à la Fémis, aux entretiens avec Serge Daney pour Océaniques, aux documentaires sur l’histoire du cinéma d’A. S. Labarthe ou de Jean Douchet, ou encore aux émissions d’Henry Chapier. Transmissions audiovisuelles qui pourront être observées pour elles-mêmes ou en les confrontant à leurs préalables énonciations écrites en revues.

Espaces médiatiques et formes des discours sur le cinéma

Dans cet axe on s’intéressera aux typologies et méthodes de transmission de la pensée cinématographique à l’aide des dispositifs audiovisuels : documentaires sur l’histoire du cinéma, interviews de cinéastes, captation de discours, etc.  Quelles images, terminologies, références, les médias audiovisuels mobilisent-ils pour parler du cinéma ? Comment le recours aux différents modes de présentation (discours de vulgarisation / promotionnel / didactique / corporatif) contribue-t-il à briser la barrière de la légitimité esthétique qui sépare le cinéma et les nouveaux médias ? Quels sont les nouveaux modes de transmission de la pensée cinématographique et à quel(s) public(s) s’adressent-ils ? Par ailleurs, la radio-télévision ou le web ont volontiers privilégié la sérialité afin d’attirer l’attention des téléspectateurs et fidéliser une audience, on pourra en particulier questionner la notion puis l’utilité de la sérialité, dans une perspective didactique ou culturelle.



Modalités de soumission et calendrier                                                                         

Les propositions (500 mots maximum), accompagnées de quelques indications bio-bibliographiques, sont à envoyer jusqu’au 15 mai 2023.

à valerie.vignaux@gmail.com et nataliya.puchenkina@univ-lorraine.fr.

Les réponses seront communiquées au plus tard le 15 juin 2023.

Comité scientifique et d’organisation : 

Abdallah Azzouz (LASLAR, université de Caen)
Myriam Juan (LASLAR, université de Caen)
Sébastien Layerle (IRCAV, université Sorbonne nouvelle)
Nataliya Puchenkina (2L2S, université de Lorraine – Metz)
Guillaume Soulez (IRCAV, université Sorbonne nouvelle)
Valérie Vignaux (LASLAR, université de Caen)



Bibliographie indicative

Altman Rick, « Penser l’histoire du cinéma autrement : un modèle de crise », Vingtième siècle. Revue d’histoire, n° 46, « Cinéma, le temps de l’histoire », 1995, p. 65-74.
Amy de la Bretèque François, André Emmanuelle, Jost André (dir.), Cinéma et audiovisuel se réfléchissent — Réflexivité, migrations, intermédialité, Paris, L’Harmattan, 2012.
Berton Mireille, Weber Anne-Katrin (dir), La télévision du téléphonoscope à YouTube. Pour une archéologie de l’audiovision, Lausanne, Antipodes, 2009.
Beylot Pierre, Le Corff Isabelle, Marie Michel (dir.), Les images en question Cinéma, télévision, nouvelles images : les voies de la recherche, 2011.
Casetti Francesco, Les théories du cinéma depuis 1945, Paris, Nathan, 1999.
Cazeneuve Jean, « Sociologie de la connaissance et radio-télévision », Le Télémaque, no 22, 2002, p. 59-70. 
Gaudreault André, Marion Philippe, La Fin du cinéma ? Un média en crise à l’ère du numérique, Armand Colin, 2013.
Jousse Thierry, (dir), Le goût de la télévision. Anthologie des Cahiers du Cinéma (1951-2007), Paris, INA-Cahiers du Cinéma, 2007. 
Lipovetsky Gilles, Serroy Jean, L’écran global : culture-médias et cinéma à l’âge hypermoderne, Paris, Le Seuil, 2007.
Paci Viva (dir.), Une télévision allumée. Les arts dans le noir et blanc du tube cathodique, Saint-Denis, Presses universitaires de Vincennes, 2018.

 
[1] Groupe de recherche interuniversitaire sur la critique, dirigé par Antoine de Baecque (ENS), Marc Cerisuelo (Paris Est), Hervé Joubert-Laurencin (Paris Ouest), Cécile Sorin (Paris 8).
[2] Marion Chénetier-Alev et Valérie Vignaux (dir.), Le texte critique : expérimenter le théâtre et le cinéma, XXe-XXIe siècles, Tours, PUFR, 2013.
[3] Emmanuelle Champomier, « Contribution à l’histoire de la presse cinématographique française. Étude comparée de la genèse et de l’évolution de douze revues de cinéma entre 1908 et 1940 », Laurent Véray (dir.), Paris 3, 2018 ; Pierre Eugène, « Serge Daney (1944-1992) : la démarche du regard », Hervé Joubert-Laurencin (dir.), Amiens-Picardie, 2017.
[4] Programme ANR « Cinéma et cinéphilie populaire dans la France d’après-guerre 1945-1958 » dirigé par Geneviève Sellier (Bordeaux), programme ANR « Numapresse : du papier à l'écran. Mutations culturelles, transferts génériques, poétiques médiatiques de la presse », dirigé par Marie-Ève Thérenty (Paul-Valéry Montpellier 3).
[5] Magazines Cinémonde et Film complet : https://extranet.u-bordeaux-montaigne.fr/cinepop/recherche.php; Serge Daney : http://daney.net/.
[6] « Des critiques », programme codirigé par Julie Anselmini et Valérie Vignaux université de Caen, en partenariat avec François Bordes, IMEC, https://descritiques.hypotheses.org/.
[7] « Le journalisme de cinéma en France : mise en perspective historique », journée d’études dirigée par Myriam Juan et Valérie Vignaux,