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À la vitesse de l'ombre

Annie Le Brun en fait le constat avec nous tous : "avec internet et le métavers, le capital est en train de réaliser son rêve jusqu’alors impossible d’un imaginaire où tout s’achète. Événement sans précédent, contre lequel nous n’avons pas grand-chose à opposer, si ce n’est d’énigmatiques images en fuite, mues par l’urgence de ne pas se laisser déposséder de leur secret, c’est-à-dire de la part d’ombre dont elles sont porteuses". Dans un essai roboratif qui paraît ces jours-ci aux éditions Flammarion, la philosophique invite à recourir à La vitesse de l'ombre pour recouvrer ce que ce monde est en train de nous voler. "Il m’est impossible de croire qu’au plus profond de sa nuit chacun ne possède pas de telles images filantes susceptibles de changer le paysage", écrit-elle, "Je ne connais pas de meilleure raison pour ne pas en finir de prendre à revers un monde qui, chaque jour un peu plus, oublie le monde.

(Photographie : 1936. Au-devant de la vie, ©Pierre Jamet)