« Les mots de la concorde », la concorde au cœur des enjeux de la Renaissance
Tours, CESR, mardi 16 mai 2023
Cette journée d’étude voudrait explorer les mots de la concorde, la façon dont elle se dit et s’écrit dans les textes politiques, juridiques ou littéraires du temps. Elle se fonde sur une conviction méthodologique forte, celle d’une vraie précision technique du lexique des hommes du temps, précision que masquent et l’évolution du lexique à travers les siècles et les « faux amis » que sont devenus justement des mots comme ceux de « concorde », de « paix » ou de « tolérance ». La « condescendance » érasmienne diffère de la « concorde » de la régente Catherine de Médicis du chancelier Michel de L’Hospital et, elle-même, n’a rien à voir avec la tolérance d’un Sébastien Castellion. L’on croit savoir ce que ces mots signifient parce qu’ils ont aujourd’hui une signification parfois proche sans prendre pourtant le temps d’en rétablir le sens exact. C’est donc sur une base méthodologique ferme et en prêtant d’abord attention aux mots, « concorde », « discorde » et « paix » que nous voudrions lancer les travaux du sous-axe « Concorde et discorde ». C’est, par ailleurs, l’occasion de définir l’objet d’étude du sous-axe et de préposer un terminus a quo pour les travaux ultérieurs.
Le plus sûr est, nous semble-t-il, pour essayer de penser ce qui se joue dans cette époque troublée de distinguer, à la suite de Jean-Marie Schaeffer, les noms génériques « exogènes » (institués par les historiens de la littérature) et les noms génériques « endogènes » (utilisés par l’auteur lui-même dans son texte). Ce sont ces derniers, nous semble-t-il, qui ont le plus de chance de dire quelque chose de pertinent sur ce qu’est la concorde pour un homme ou une femme de la Renaissance. Il nous apparaît également comme une saine démarche d’interroger les catégories que les chercheurs sur le Renaissance mobilisent, sans toujours se livrer à une effort réflexif suffisant. Cette journée d’étude souhaite partir du postulat que le langage est une construction sociale des hommes et qu’à ce titre il peut être envisagée comme objet des sciences humaines.
L’attention à l’histoire des termes aux étymologies (vraies ou fausses), aux contextes d’emploi, aux expressions figées, aux récurrences ou aux doublets synonymiques (ou pas) – en particulier le binôme formé par la « concorde » et la « paix » - sera le point de départ de notre étude. Les dictionnaires, cornucopies et autres catalogues seront des champs d’investigation prioritaires. De même cette journée d’étude entend s’appuyer les humanités numériques et les approches lexicométriques ont tout leur place en son sein afin d’analyser les discours dans lesquels prend place la « concorde ». Enfin, le travail sur les bases de données numérisées peut permettre d’ébaucher une représentation diachronique de l’emploi des usages du mot « concorde ».
PROGRAMME
9h30 Accueil des participants
10h Stéphan Geonget et Jean Sénié - Université de Tours/CESR
Introduction
SESSION 1 - Le choix des mots : la concorde
10h30 Laurent Gerbier - Université de Tours/InTru
Le lexique de la concorde dans la prima dictio du Defensor Pacis de Marsile de Padoue (1324)
11h Florence Alazard - Université de Tours/CESR
Concorde, consonance, concert, etc. : note sur le vocabulaire musical de la concorde aux XVIe et XVIIe siècles
11h30 Stéphan Geonget - Université de Tours/CESR
Refaire concorde au XVIe siècle. De la déploration nostalgique au projet politique, parcours entre droit et littérature
SESSION 2 - Dire la concorde face aux troubles
14h30 Nathalie Szczech - Université Bordeaux-Montaigne/CEMMC
Les mots de la concorde à la genèse de la Réforme francophone. L’exemple des premiers textes de Guillaume Farel (années 1520-1530)
15h Ullrich Langer - University of Wisconsin-Madison
« Concorde » et « repos et tranquillité du royaume »
15h30 Paul-Alexis Mellet - Université de Genève/Institut d’Histoire de la Réformation
La concorde dans les remontrances pendant les guerres de religion
SESSION 3 - Concorde et discorde en contexte
16h15 Marie-Luce Demonet - Université de Tours/CESR
Concorde et nouvelle alliance du cœur chez Postel (De orbis terrae concordia, IV)
16h45 Géraldine Cazals - Université de Bordeaux/Institut de recherche Montesquieu
Mots et maux de la discorde chez La Perrière
17h15 Stéphan Geonget et Jean Sénié
Conclusion
Contact : Marie-Laure Masquilier : marie-laure.masquilier[at]univ-tours.fr