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Aspects politiques de la littérature de l'imaginaire et de la fantasy. Rencontre avec Anne Besson (Séminaire d'actualité de la recherche, Orléans, en ligne)

Aspects politiques de la littérature de l'imaginaire et de la fantasy. Rencontre avec Anne Besson (Séminaire d'actualité de la recherche, Orléans, en ligne)

Publié le par Marc Escola (Source : Laélia Véron)

Le laboratoire POLEN de l'Université d'Orléans reçoit, dans le cadre de son séminaire mensuel "Actualité de la recherche" (co-organisé par Gaël Rideau et Laélia Véron),

Anne Besson, Professeure en littérature générale et comparée à l'Université d'Artois, le jeudi 25 mai, de 18h à 19h30, en ligne (présentation de l'ouvrage et échanges libres).

Anne Besson présentera ses ouvrages :

- Les Pouvoirs de l'enchantement. Usages politiques de la fantasy et de la science-fiction (Vendémiaire, 2021)

- Les Littératures de l'imaginaire (Presses universitaires Blaise Pascal, coll. "L'Opportune", 2022).

Les littératures de l'imaginaire. Science-fiction, fantasy et fantastique sont plus que jamais au cœur des consommations culturelles contemporaines, de Star Wars à Game of Thrones en passant par Harry Potter. Mais que désignent précisément ces termes ? Anne Besson présente les différences majeures entre ces trois grands genres, mais aussi leur proximité tout au long de leur histoire jusqu’aux hybridations contemporaines.

Les pouvoirs de l’enchantement. Usages politiques de la fantasy et de la science-fiction.

Présentation de l’éditeur 

« Le maquillage du Joker a envahi les manifestations de lutte sociale, la cornette des « servantes écarlates » celles de défense des droits des femmes. Une déclaration de J.K. Rowling sur les femmes transgenres a déclenché le courroux des fans de Harry Potter. Quant à Game of Thrones, nombreux sont ceux qui y lisent l’invasion de marcheurs blancs comme une allégorie de la catastrophe climatique à venir. Indubitablement, les littératures de l’imaginaire, longtemps perçues comme de simples moyens d’évasion, sont devenues un creuset de mobilisation civique, des arènes où se jouent de féroces affrontements militants. On peut y voir l’affirmation exaltante d’une capacité des fictions grand public : celle de parler de notre époque, pour changer les mentalités ou rêver le futur. Mais ce mouvement va de pair avec une profonde transformation du statut des lecteurs et des spectateurs. Qui vont désormais jusqu’à contester l’autorité de l’auteur sur sa propre création… »

Explicitation des enjeux de l’ouvrage. 

Contre « une idée reçue qui lie encore les littératures de l’imaginaire et les pratiques culturelles qui leur sont associées (jeux de rôle ou jeux en ligne dans des « univers », fictions amateures, etc.) à une « évasion » loin des dures réalités de l’existence », Anne Besson montre comment ces littératures, auxquelles on prête des « pouvoirs transformateurs » ou « émancipateurs » peuvent être vecteurs de « valeurs » et « d’idéologies ». Les littératures de l’imaginaire deviennent (tout particulièrement dans le monde contemporain) un « espace de débats », voire une « arène de conflits » éminemment politiques.

L’imaginaire pour parler du monde contemporain ? Le fait peut paraître paradoxal : comment « des « productions de la culture populaire, ne relevant très manifestement pas d’une lecture “réaliste” » peuvent-elles se voir « promues comme modèles pour penser l’action sur le monde, et tenues d’en refléter au mieux la diversité » ? Par leur potentiel critique, qu’il s’agisse par-là de dénoncer le fonctionnement du monde contemporain ou de proposer des modes de fonctionnement alternatifs. En s’appuyant sur un corpus varié (The Hunger Games, Games of Throne, Divergente, The Handmaid Tale’s, etc), Anne Besson montre comment ces œuvres représentent « dans des mondes futurs ou parallèles plus violents, plus spectaculaires, plus nets dans leurs partages et leurs choix, les dérives sociétales qui menacent aujourd’hui et demain ».

Ces œuvres seraient alors politiques et politisantes. Leur forme, souvent sérielle, favoriserait un engouement et une implication du lectorat ou de l’auditoire sur le long terme. C’est ce qu’Anne Besson appelle le « pouvoir des lecteurs » qui se manifeste par une participation à l’œuvre (sous la forme de continuations ou même de recréations) jusqu’à la contestation, quelquefois, de l’autorité de l’auteur ou de l’autrice (on pense au cas de JK Rowling, très contestée par les fans de la série Harry Potter). On touche alors à autre paradoxe, pointé par Anne Besson: la « libération des univers narratifs du carcan des autorités » va souvent de pair « avec l’imposition de nouveaux critères normatifs émanant cette fois des publics ».

On peut lire dans Acta fabula un compte rendu sur Les littératures de l'imaginaire :

Chloé Chaudet, "De l’enchantement à l’engagement"…

Emission sur France-Culture « La science-fiction est-elle politique ? » avec Anne Besson, Catherine Dufour, Fleur Hopkins, Julien Wacquez https://www.radiofrance.fr/franceculture/la-science-fiction-est-elle-politique-1386980