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Des mots, des sons et des images (El Jadida, Maroc)

Des mots, des sons et des images (El Jadida, Maroc)

Publié le par Marc Escola (Source : Fellahi Salma)

Le Laboratoire d'Etudes et de Recherches sur l'Interculturel

de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de l’Université Chouaïb Doukkali d’El Jadida

organise, le 10 mars 2023, une journée d’étude :

« Des mots, des sons et des images »
 
Dès leur apparition, la poésie et la musique ont été étroitement liées. Au Moyen âge, les troubadours et les trouvères ainsi que les bardes arabes ne pouvaient déclamer leurs poèmes sans avoir recours à la musique. Ce n’est que durant les siècles postérieurs que les deux disciplines deviennent distinctes : les musiciens ne sont plus forcément poètes et vice versa.

Effectivement, la poésie n’est plus mise en musique à partir du 16ème siècle, et devient, avant tout une œuvre où le texte est plus important que la chanson, un genre devenu mineur jusqu’au 19ème siècle. Il faut attendre le 20ème siècle pour que la poésie et la chanson retrouvent leurs liens d’antan ; Desnos, Tardieu, Aragon, Eluard, Prévert, Brel ou Brassens, deviennent des figures emblématiques qui rappellent que l’une ne peut vivre sans l’autre car le récepteur est plus facilement ému. A ces deux arts, s’ajoute un troisième : la peinture dont l’histoire a connu des relations aussi bien tumultueuses que passionnées avec les mots et les sons.  Cette relation entre ces trois arts est ancienne au point où l’un ne pouvait concevoir l’existence de l’une sans l’autre.  En effet, pendant l’Antiquité, l’association de la peinture et de la poésie chantée était une habitude, une tradition fortement appréciée du public. A ce propos, Simonide de Céos, le barde qui chanta les héros de la bataille de Marathon soulignait, au 5ème siècle Av. Jc, que « la peinture est une poésie muette et la poésie est une peinture parlante »[1]. Il s’agissait, pour lui, du même principe artistique : l’un est déclamé, l’autre est regardé. Tous deux ont les mêmes objectifs : émouvoir, partager une émotion, faire réfléchir et faire rêver.

Au Moyen Âge, même si l’art est hautement religieux, le lien entre la poésie, la musique et la peinture est régi par le fait suivant : seul un tableau capable d’être transformé en poème est digne de ce nom. Incontestablement, le peintre a pour mission de choisir des thèmes irréprochables qui seront chantés par le barde. L’idée que ces trois arts sont nés pour être liés, dure jusqu’au milieu du 18ème siècle. Petit à petit, cette association s’effondre. Et il faudra attendre la fin du 19ème siècle pour que la réconciliation ait lieu. Dès lors, l’on assiste à la naissance de peintures qui illustrent des poèmes bien précis. C’est le cas de Claude Manet, par exemple.

Au début du 20ème siècle, le lien entre la poésie et la peinture se renforce ; on voit apparaitre ce qu’on a intitulé « le livre d’artiste ». Celui-ci est composé par un peintre et un poète sous la direction d’un éditeur. Daniel-Henry Kahnweiler réunit alors Pablo Picasso, Max Jacob, Guillaume Apollinaire et André Derain. L’éditeur donne donc naissance à des livres où le peintre et le poète dialoguent en mots et en images. Mais le 21ème siècle victime d’une crise, celle de la poésie, peine à trouver son public : le lien s’écroule mais ne disparait cependant pas.

Notre journée d’étude essaiera justement de rendre à César ce qui lui appartient. La poésie doit retrouver sa place dans notre société. Corrélée à la peinture et à la musique, elle ne peut que changer les mentalités assombries,  adoucir les mœurs et inviter à la tolérance.

Pour certains, les mots, les images et les sons peuvent dénoncer une injustice, des tyrans, des persécutions. Pour d’autres, les trois arts font fleurir la notion du plaisir, de la rêverie.

Elle permettrait ainsi de s’évader d’une réalité trop dure à supporter. Les enfants des guerres ne chantent-ils pas pour alléger leurs blessures ?

Cette journée accueillera poètes, professeurs, étudiants et artistes. Ce sera l’occasion d’échanger, de s’exprimer librement dans une atmosphère aussi bien académique que créative. Des lectures, des projections picturales, des poèmes chantés seront à l’ordre du jour et seront l’occasion de fêter la journée de la poésie qui a lieu en mars de chaque année.
 
Modalités de soumission 
La communication proposée devra comprendre :
L’intitulé de la communication, un résumé de 250 à 300 mots maximum
 
Une courte biobibliographie du/des auteur(s), incluant le/les titre(s) scientifique(s), la/les institutions de rattachement, le/les domaine(s) de recherche du/des chercheur(s), à envoyer dans un fichier séparé à l’adresse suivante : fellahisalma@yahoo.fr et en copie à najlaenejjar@gmail.com et abdelmabrour@yahoo.fr

Dernier délai de réception des propositions de communication : 9 février 2023
 
Déroulement de la journée d’étude : 10 mars 2023
 
Journée d’étude Coordonnée par : Salma FELLAHI


[1] - Françoise Graziani, « Figurer et dire : la peinture parlante » in Les arts quand ils se rencontrent, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009,  p. 98.