Editos
Actualités
Quand le mal frappe à l'aveugle

Quand le mal frappe à l'aveugle

Publié le par Marc Escola

Lorsque la vie bascule, et que l’injustice du sort sidère, c’est tout notre univers de sens qui chavire. Nous avons beau savoir que l’innocence ne protège pas et que le mal frappe à l’aveugle, le vertige nous gagne. Comment vivre dans un monde où des choses affreuses arrivent à des gens bien ? La philosophie et la théologie peinent à soulager le sentiment de scandale, quand elles ne le renforcent pas encore en prétendant passer outre. Sans Providence à qui adresser sa plainte, auprès de quelle instance faire appel ? Cette cour d’appel existe, et c’est la littérature. Dans Pourquoi le mal frappe les gens bien ? (Flammarion), Frédérique Leichter-Flack montre qu'elle n’a certes pas le pouvoir d’effacer les dommages. Mais elle offre au moins la reconnaissance sans laquelle le désarroi ronge, en affrontant le scandale du mal sans chercher à le nier. Du Roi Lear de Shakespeare à Némesis de Philippe Roth, en passant par Dostoïevski, Charlotte Brontë, Kafka ou Camus, les grandes fictions explorent la signification que la rencontre du mal peut avoir dans nos vies. En nous libérant des mauvaises interprétations des "épreuves", celles qui culpabilisent, emprisonnent dans la sidération et empêchent d’avancer, elles nous ouvrent un chemin en littérature pour surmonter la perte de sens. Et guérir. Fabula vous invite à lire le Prologue et le début de l'ouvrage…

Les mêmes éditions Flammarion offrent une nouvelle vie à un précédent essai de Frédérique Leichter-Flack, Le Laboratoire des cas de conscience, qui reparaît dans une version revue et augmentée : a-t-on le droit de sacrifier une vie pour en sauver plusieurs ? Comment rendre justice quand il y a mort d’homme, mais ni responsables, ni coupables assignables ? Vaut-il mieux mourir pour ses idées que se compromettre ? Des questions de justice sociale aux nouveaux enjeux de la bioéthique ou du droit international, le débat moral s’invite sur tous les terrains. Mais la théorie de la justice ne peut pas tout : un scrupule, un souvenir, un doute peuvent survenir qui brouillent la réflexion. Parce qu’elle prend en charge la part des émotions et de l’imagination, la littérature offre ses propres ressources pour nous aider à répondre à la question récurrente : qu’est-il juste de faire ? Convoquant aussi bien des œuvres classiques que des références populaires, de Victor Hugo au soldat Ryan de Spielberg en passant par Kafka, Melville ou Camus, cet essai nous plonge dans les grands dilemmes pour mettre au jour, sans jugement tranché ni solution de facilité, les ressorts de nos luttes intérieures. La littérature est le laboratoire des cas de conscience. Fabula vous propose de (re)feuilleter le livre…

(Illustration : Paul Alexis lisant à Emile Zola, 1869-1870 © Museu de Arte, Sao Paulo, Brazil)