Agenda
Événements & colloques
TROL - Traduire l'oralité à l'ère de l'Intelligence Artificielle (Turin)

TROL - Traduire l'oralité à l'ère de l'Intelligence Artificielle (Turin)

Publié le par Esther Demoulin (Source : Vincenzo Lambertini)

TROL - Traduire l'oralité à l'ère de l'Intelligence Artificielle 

Université de Turin (Italie), Département de Langues et Littératures étrangères et Cultures modernes

5-6 décembre 2022

Troisième volet du projet de recherche Français parlé : descriptions, didactiques, traductions (Responsable : Ruggero Druetta), ce colloque se propose d’interroger les impacts de la révolution numérique, et plus précisément de l’Intelligence Artificielle (IA) sur la dimension orale de la langue pointant aussi bien les pratiques langagières, les enjeux de formation, les métiers de l’industrie des langues (Fantinuoli, 2018 ; Russo, 2021 ; Farina, Zotti, 2021). Si d’une part la dimension orale de la langue constitue « un chantier sans cesse en mouvement et de plus en plus un carrefour multidisciplinaire » (Galazzi, Jamet, 2017), reconnue en tant qu’objet d’étude aussi bien sur le plan descriptif (Blanche-Benveniste, 1997 ; Margarito et alii, 2001 ; Gadet, 2006 ; Druetta, 2009) que didactique (Weber, 2013) et interactionnel (Traverso, 2005 ; 2016), d’autre part le développement de la recherche dans le domaine du traitement automatique du langage naturel a introduit de nouvelles perspectives pour la modélisation et le transfert des données orales (Le Cun, 2019 ; Besacier et al., 2018), extrêmement difficiles à manipuler à cause de la porosité de leur structure syntaxique et prosodique, des disfluences, des écarts stylistiques (Yvon, 2015). Les avancées technologiques de ces vingt dernières années ont permis à l’IA de se développer considérablement et de trouver de nombreuses applications dans divers secteurs de la vie économique et sociale (Gilles et alii, 2022). Dans le domaine du traitement automatique des langues, l’IA est désormais à même de répondre rapidement aux besoins du transfert interlinguistique de discours écrits et oraux par le biais de systèmes de traduction automatique de nouvelle génération (approche neuronale) et d’outils de reconnaissance vocale et de transcription automatique de la parole (speech to text, speech to speech). L’essor de l’IA impose également de repenser certains paradigmes cognitifs concernant notamment la traduction (Yvon 2019 ; Göpferich 2019 ; O’Brien 2017 ; Carl, 2020) et la médiation orale et l’interprétation (voir entre autres Seeber, 2011, 2017 ; Muñoz Martín, 2017 ; Prandi, 2018 ; Defranq et Fantinuoli, 2021), ainsi que de réfléchir à la déontologie professionnelle et à l’avenir de ces métiers, de plus en plus confrontés aux progrès des performances des technologies de la parole (Russo, 2021).

Le colloque se propose donc de solliciter la complémentarité qui existe entre différentes expertises relevant d’une multiplicité de domaines et de contextes : les institutions, la formation universitaire, l’industrie des langues, les espaces sociaux de la médiation et le monde des entreprises internationalisées, entre autres. Ce dialogue sera focalisé sur les défis linguistiques et technologiques posés par l’oralité aux systèmes de reconnaissance automatique de la parole, de traduction automatique de la parole et de traduction neuronale, en prenant en compte les processus propres à la traduction et l’interprétation institutionnelles, la médiation, les pratiques de formation, ainsi que les flux opérationnels de l’industrie des langues et des organisations. 

Ces pratiques outillées seront analysées prioritairement en rapport au binôme français-italien sans exclure pour autant une ouverture multilingue. Trois axes seront développés lors du colloque :  

Oralité, IA et traduction automatique de la parole

Ce premier axe vise à aborder l’application de l’IA au traitement automatique des langues pour répondre aux besoins économiques et sociaux du transfert interlinguistique de discours écrits et oraux par le biais d’outils de reconnaissance vocale et de transcription automatique de la parole (speech to text, speech to speech). Pour cet axe nous sollicitons des propositions de communication sur les enjeux de l’IA dans les différents domaines marqués par la convergence et l’hybridation entre l’oral et l’écrit : les discours numériques, la littérature et l’e-littérature, l’audiovisuel, l’interprétation (de dialogue, consécutive et simultanée) et la formation en langues. En particulier, les technologies de l’IA pourront être explorées sous leurs différents aspects techniques, applicatifs et expérimentaux sans oublier leurs implications cognitives, professionnelles et déontologiques dans l’industrie des langues.

Oralité, IA, société et médiation

Ce deuxième axe vise à faire émerger les enjeux de l’IA au service de la médiation linguistique et culturelle. Face aux exigences émergentes à l’heure actuelle, l’intégration des applications intelligentes vise à répondre aux nouvelles modalités d’interaction mises en place dans la pluralité des champs d’intervention de la médiation. A cet égard, on interrogera les différents domaines d’application de l’IA afin de cerner le lien qui existe entre besoins spécifiques et contextes de la médiation, tout en valorisant le rôle de l’humain vis-à-vis de la machine. Pour cet axe, nous attendons des propositions de communication sur des domaines en construction reflétant de nouveaux besoins sociétaux tels que la télémédecine, l’IA inclusive, la diplomatie numérique, la cybermuséologie, etc.

Oralité, IA, organisations et politique linguistique

Le troisième axe du colloque se penche sur la gestion de l’oralité dans les flux opérationnels ainsi qu’au niveau de l’élaboration des politiques linguistiques au sein des organisations internationales, des institutions et des entreprises. Cette réflexion sera étendue aux enjeux de l’IA en lien avec la définition de stratégies de communication multilingues, la réalisation de processus de prise de décision et le déroulement d’opérations de management stratégique. Enfin, on s’intéressera aux questionnements éthiques autour de l’adoption de l’IA dans le milieu politique et social, plus en général. Des propositions de communication touchant ces sujets permettront d’enrichir le débat en cours sur le potentiel et les limites de ces outils pour développer un avenir durable et répondre en même temps aux grands défis politiques, écologiques et éthiques du monde contemporain.

Références bibliographiques citées dans le texte de l’appel :

AIIC (Association Internationale des Interprètes de Conférence) (2022). Code d'éthique professionnelle. En ligne : https://aiic.org/document/10277/CODE_2022_E&F_final.pdf (consulté en juillet 2022).
BLANCHE-BENVENISTE C., Approches de la langue parlée, Paris, Ophrys, 1997.
BESACIER L. et al., « Prédiction de performance des systèmes de reconnaissance automatique de la parole à l'aide de réseaux de neurones convolutifs », Revue TAL, ATALA (Association pour le Traitement Automatique des Langues), 2018. 
CARL M., « Translation, artificial intelligence and cognition », The Routledge Handbook of Translation and Cognition, Routledge, 2020, pp. 500-516.
DEFRANQ B., FANTINUOLI C., « Automatic speech recognition in the booth. Assessment of system performance, interpreters’ performances and interactions in the context of numbers », Target. International Journal of Translation Studies 33(1), 2021, pp. 73-102.
DRUETTA R., La question en français parlé, Torino, Trauben, 2009.
FANTINUOLI C. (ed.), Interpreting and technology, Berlin, Language Science Press, 2018.
FARINA A., ZOTTI V. (coord. par), Industries des langues France-Italie, Synergies Italie, 17/2021.
GADET F., La variation sociale en français, Paris, Ophrys, 2006.
GÖPFERICH S., « Competence, translation », Routledge Encyclopedia of Translation Studies, Routledge, 2019. 89-95.
LE CUN Y., Quand la machine apprend. L, Paris, Odile Jacob, 2019.
PÖCHHACKER F., Introducing Interpreting Studies, London, Routledge, 2022.
GALAZZI E., JAMET M.C., Les Z’oraux. Les français parlés entre sons et discours, Repères/Dorif, n°12, 2017.
GILLES A. et al., État de l’art des technologies linguistiques pour la langue française, [Rapport de recherche] CNRS - LISN. 2022.
MARGARITO M., GALAZZI E., LEBHAR POLITI M., Oralité dans la parole et dans l'écriture : analyses linguistiques, valeurs symboliques, enjeux professionnels, Torino, Cortina, 2001.
MUÑOZ MARTÍN R., Looking Toward the Future of Cognitive Translation Studies, In J. W. Schwieter et A. Ferreira (dirs.), The Handbook of Translation and Cognition, Wiley Blackwell, Malden, 2017, pp. 555-572.
O’BRIEN S., Machine Translation and Cognition, In J. W. Schwieter et A. Ferreira (dirs), The Handbook of Translation and Cognition, Wiley Blackwell, Malden, 2017, pp. 313-331.
PRANDI B., An exploratory study on CAI tools in simultaneous interpreting: Theoretical framework and stimulus validation, In C. Fantinuoli (dir.), Interpreting and Technology, Berlin, Language Science Press, 2018, pp. 29-59. 
RUSSO M. (dir.), Interpretare da e verso l’italiano. Didattica e innovazione per la formazione dell’interprete, Bologna, Bononia University Press, 2021.
SEEBER K.G., « Cognitive load in simultaneous interpreting: Existing theories – new models », Interpreting 13(2), 2011, pp. 176–204.
SEEBER K.G., Multimodal Processing in Simultaneous Interpreting, In J. W. Schwieter et A. Ferreira (dirs.), The Handbook of Translation and Cognition, Wiley Blackwell, Malden, 2017, pp. 445-60.
TRAVERSO V., L’analyse des conversations, Paris, Colin, 2005.
TRAVERSO V., Décrire le français parlé en interaction, Paris, Ophrys, 2016.
YVON F., « Les deux voies de la traduction automatique », Hermès, La Revue, 2019/3 (n° 85), p. 62-68. 
YVON F. et al., « Traduire la parole : le cas des TED Talks », Revue TAL, ATALA (Association pour le Traitement Automatique des Langues), 2015, 55, pp.13-45. 
WEBER C., Pour une didactique de l'oralité. Enseigner le français tel qu’il est parlé, Paris, Didier, 2013.