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Les musiques dans la Caraibe et la diaspora : Résistance, Emancipation et Identité

Les musiques dans la Caraibe et la diaspora : Résistance, Emancipation et Identité

Publié le par Marc Escola (Source : Alexandra Roch)

De la Méringué au konpa en passant par le Zouk ou encore la Soca, les genres musicaux dans la Caraïbe sont divers et variés.  La Musique occupe une place singulière dans les sociétés caribéennes et résulte d’influences culturelles plurielles : européennes, amérindiennes, africaines ou encore indiennes ; ce que le philosophe martiniquais Edouard Glissant définit comme la créolisation qui est la mise en relation imprévisible d’éléments hétérogènes qui « s’intervalorisent » c’est-à-dire qu’il n’y a « pas de dégradation ou de diminution de l’être, soit de l’intérieur, soit de l’extérieur, dans ce contact et dans ce mélange ». La musique est un instrument porteur d’émotions, d’histoire, de mémoire et de l’identité d’un peuple. C’est en ce sens que le musicologue Appolinaire Anakesa déclare : 

La musique demeure ainsi l’un des outils les plus significatifs pour l’expression des émotions profondes de l’âme. Aussi est-elle une puissance, une énergie qui subjuguent, électrisent, émeuvent, entraînent les âmes les plus différentes dans la voie de l’harmonie et du partage, tout en commandant parfois l’amitié la plus pure. Elle peut constituer aussi la force morale qui secourt victorieusement la faiblesse physique. Aussi la musique devient-elle cette "amie" qui console presque toujours, et qui guérit quelquefois[1]. 

Durant la période de l’esclavage colonial dans les sociétés plantationnaires de la Caraïbe et des Amériques, la musique a permis aux Africains de maintenir une certaine unité et fraternité mais aussi de sauvegarder des bribes  de la culture africaine. A ce propos, le musicologue français Gérard Herzhaft déclare (2005, 105) : «  Les Africains, pour la plupart emmenés de force dans l'ensemble du continent nordaméricain, ont joué un rôle essentiel dans la création ou l'évolution de formes musicales si originales (ragtime, jazz, blues, folk, gospel) qu'elles ont fini par représenter la quintessence de la musique "noire" et conquérir le monde entier ». Ainsi, la musique est un catalyseur entre l’Afrique et l’Amérique permettant la résistance face à l’oppresseur mais aussi l’émancipation et l’affirmation identitaire du peuple asservis. Le Bèle à la Martinique, le Gwo Ka en Guadeloupe, le Kaiso à Trinidad ou encore le Reggae à la Jamaïque ont permis aux esclavagisés et aux Afro-descendants de défier et de réfuter ouvertement la politique coloniale. La musique dans la Caraïbe est un instrument de communication ; ce que Ifeona Fulani affirme quand elle dit : « Sonic archipelagos sustain connections within communities through commercialization of culture, through the shared pleasure generated by the music, but also by enabling the sharing of concerns, sentiments and anxieties—cultural and political—articulated through the music » (Fulani 3)

Ces deux journées d’études souhaitent questionner la place et la fonction de la musique dans la Caraïbe et sa diaspora aux 20ème et 21ème siècles. Après l’indépendance des colonies anglophones dans les années 60-70, la départementalisation en 1946 en Martinique et Guadeloupe, quels sont les enjeux de la musique au sein de la Caraïbe et de sa diaspora ? Dans quelle mesure les musiques issues du monde atlantique sont-elles vecteur d’une identité caribéenne ?  Afin de répondre à cette problématique, nous proposons quelques pistes de réflexion non-exhaustives.

Quelques pistes de réflexion : 

-          Créations musicales, engagement et revendications

-          Littérature et herméneutique musicale

-          Musique et identité

-          Musique et rassemblement diasporique

-          Femmes et musiques caribéennes

-          Musiques et sociétés coloniales et postcoloniales

-          Musique et émancipation

-          Musique, blès et catharsis

-          Musique, mémoire et transmission

-          Musique et corporéité

-          Musique et systèmes éducatifs

 

Bibliographie : 

- Anakesa Kululuka, Appolinaire . Le “ dire musical ” pour la liberté dans le processus du marronnage chez les Bushinengé de Guyane : thème et variations.. Sociétés marronnes des Amériques. Mémoires, patrimoines, identités et histoire du XVIIe au XXe siècles, 2015.

-Blum, Bruno. Les Musiques des Caraibes. Le Costar Astral, 2021. 

-Desroches, Monique. Créolisation musicale et identité culturelle aux Antilles Françaises.

- Ezin Pierre Dognon Dognon, Nicolas Darbon. Les migrations sonores entre le Bénin et les Antilles : de la route de l’esclave aux musiques actuelles. DYKINSON, S.L. EN, DESDE Y HACIA LAS AMÉRICAS Mùsicas y migraciones transoceànicas, 2021, 978-84-1377-671-2. ffhal-02946656

-Herzhaft, Gerard, Americana. Histoire des musiques de l’Amérique du Nord, Paris: Fayard, 2005.

- "Ifeona Fulani, ed. 2012. Archipelagos of Sound: Transnational Caribbeanities, Women and Music and Timothy Rommen and Daniel T. Neely, eds. 2014. Sun, Sea, and Sound: Music and Tourism in the Circum-Caribbean." Journal of World Popular Music 2.2 (2015): 271-282.

-Jallier Maurice, Jallier Vivette et al. Musique aux Antilles : Zouk à la Mazouk, 2000.

-Martin, Denis-Constant. Plus que de la musique. Les Presses du réel, 2020.

-Musiques Caraibes : La Trace noire, 1998.

-Mavounzy, Marcel Susan. Cinquante and de musique et de culture en Guadeloupe, 1928-1978. Presence africaine, 2002

-Partel,  Stephane “Diaspora portoricaine et musique rap à New York : entre latinité et culture africaine américaine ”, Études caribéennes [Online], 16 | Août 2010, Online since 15 August 2010, connection on 15 September 2022. URL: http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/4756; DOI: https://doi.org/10.4000/etudescaribeennes.4756

Samson, Guillaume  « Transculturations musicales et dynamiques identitaires », L’Homme [Online], 207-208 | 2013, Online since 05 November 2015, connection on 16 September 2022. URL : http://journals.openedition.org/lhomme/24693 ; DOI : https://doi.org/10.4000/lhomme.24693


Comité d’organisation : 

- Alexandra Roch, MCF Université des Antilles  

- Kevin Gayalin, Proviseur-adjoint du lycée Marius Cultier

 
Comité Scientifique : 

-          Jean-Georges Chali, PU Université des Antilles

-          Patricia Donatien,  PU Université des Antilles

-          Bruce Jno-Baptiste, MCF Université des Antilles

-          Alexandra Roch, MCF Université des Antilles

-          Rodolphe Solbiac, MCF-HDR Université des Antilles


Modalités de soumission 

Les propositions de communication (500 mots) doivent être accompagnées d’une brève notice biographique et sont à envoyer à alexandraroch@yahoo.fr et kevin.gayalin27@gmail.com avant le 5 janvier 2023. Les communications pourront être en visioconférence. Chaque communication durera 20 minutes, suivie d’une discussion et donnera suite à une publication.

Calendrier 

-          2  novembre 2022: diffusion de l’appel à communication

-          5 janvier 2023: liste du dépôt des propositions de communication

-          10 janvier 2023: Notifications aux auteurs

-          15 février 2023 : Journée d’études au Campus de Schoelcher

-          16 février 2023 : Journée d’études au Lycée Marius Cultier

-          15  Avril 2023 : Envoie des articles

-          Juillet 2023 : Publication

 
[1] Apollinaire Anakesa Kululuka. Le “ dire musical ” pour la liberté dans le processus du marronnage chez les Bushinengé de Guyane : thème et variations.. Sociétés marronnes des Amériques. Mémoires, patrimoines, identités et histoire du XVIIe au XXe siècles, 2015