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Out of the shadows : Women and literary heritage. Cycle de conférences (Luxembourg & en ligne)

Out of the shadows : Women and literary heritage. Cycle de conférences (Luxembourg & en ligne)

Publié le par Esther Demoulin (Source : Laetitia Saintes)

Organisé dans le cadre du projet FEATHER [The Feather and literary work : French-speaking female authors of the Grand Duchy of Luxembourg as literary precursors (1900-2020)], le cycle de conférences Women and literary heritage a vocation à éclairer les liens complexes et multiples des autrices au canon littéraire et les nombreuses considérations (historiques, littéraires et sociologiques notamment) qu’ils convoquent. Il s’agira d’interroger, dans une perspective résolument multidisciplinaire croisant la littérature, la sociologie de la littérature et les études de genre, le champ littéraire dans lequel évoluent les œuvres des femmes, partie intégrante d’un héritage invisible.

28/10/2022 — Le choix du français comme langue d’écriture
Olga Anokhina (CNRS), « Comprendre le processus créatif des écrivains plurilingues »

Université du Luxembourg, Campus de Belval, salle 4.520, Maison des Savoirs (MSA), 2, Avenue de l’Université, L-4365 Esch-sur-Alzette, 17h-18h30 & en ligne : https://unilu.webex.com/unilu/j.php?MTID=mfb8eecf3f5ec64275fbde8ef78154a78

Il s’agira dans le cadre de cette séance d’envisager la façon dont l’autrice francophone vit son rapport au français en tant que langue de création, notamment lorsqu’il représente pour elle une langue d’adoption, associée de surcroît à un certain canon littéraire. On s’interrogera sur les raisons qui peuvent pousser à choisir le français au sein d’un espace littéraire multilingue, en accordant une attention particulière aux cas de translinguisme (on peut citer à cet égard Agota Kristof en Suisse, et Anise Koltz au Luxembourg). La problématique de la traduction des textes de femmes sera également au cœur de la réflexion : l’autrice traduite se réserve-t-elle toujours le droit de modifier la traduction ? A-t-elle un droit de regard sur la personne à qui cette édition est confiée[1] ? Préfère-t-elle se traduire elle-même ?  

[1] Cf. la polémique autour des auteur.rice.s à qui a été confiée la traduction de The Hill We Climb d’Amanda Gorman.

02/12/2022 — Être éditée, être publiée
Delphine Naudier (CNRS) & Martine Reid (Université de Lille III)

Université du Luxembourg, Campus de Belval, salle 4.510, Maison des Savoirs (MSA), 2, Avenue de l’Université, L-4365 Esch-sur-Alzette, 17h-18h30 & en ligne : https://unilu.webex.com/unilu/j.php?MTID=m5adc4d1091d1f02cd72b057a4875440d

Cette séance envisagera les supports de l’œuvre publiée (du livre à la tribune de presse, en passant par les blogs). On abordera les choix éditoriaux qui s’offrent aux autrices, tout choix en la matière revêtant des conséquences en termes de médiatisation et de lectorat, qui seront au cœur de notre discussion. Une autrice peut ainsi opter pour un éditeur connu à l’échelle nationale, mais susceptible de n’offrir qu’une visibilité réduite à son œuvre ; elle peut également choisir des maisons d’édition ou des collections spécifiquement dédiées aux écrits de femmes[1], ou se tourner vers des maisons d’édition fortement dotées en capital symbolique, ce qui lui promet a priori davantage de visibilité, donc de possibilités de consécration – voire, à long terme, de patrimonialisation. Opter pour une coédition (associant un éditeur local et un éditeur de l’espace central), à l’image de Mohamed Mbougar Sarr pour La Plus Secrète Mémoire des hommes, peut également être une bonne façon de se positionner à la fois dans son champ littéraire national et dans celui de l’espace central. L’exemple de Virginie Despentes, fondatrice de sa propre maison d’édition, La Légende éditions, ouvre également des perspectives stimulantes ; cette démarche requiert toutefois un certain capital (symbolique entre autres) et est donc difficilement accessible aux nouvelles venues. Nombre de ces dernières opteront d’ailleurs plutôt pour l’autoédition, massivement investie au Luxembourg par les écrivaines qui choisissent le français.

[1] Comme les éditions Des femmes et les éditions Des Prouesses ; la collection « Indigo-Côté femmes » chez L’Harmattan ; « Les Plumées » aux éditions Talents hauts ; « Femmes de lettres oubliées » aux éditions Névrosée (Belgique).

16/12/2022 — Autrices et prix littéraires
Sylvie Ducas (Université Paris-Est Créteil) & Margot Irvine (University of Guelph)

Université du Luxembourg, Campus de Belval, salle 4.510, Maison des Savoirs (MSA), 2, Avenue de l’Université, L-4365 Esch-sur-Alzette, 17h-18h30 & en ligne : https://unilu.webex.com/unilu/j.php?MTID=m8608bf35120e183275f045e0172e634b 

Longtemps ignorées par les prix littéraires les plus prestigieux, dont le prix Goncourt – ce qui devait déboucher sur la création du prix Femina, par et pour des autrices –, les autrices semblent désormais pouvoir prétendre à figurer dans leur sélection, voire à obtenir le prix tant convoité, comme en témoignent l’obtention du Prix Renaudot par Amélie Nothomb en 2021, ou plus récemment encore les trois finalistes féminines du Grand Prix international de la bande dessinée d’Angoulême 2022, décerné à Julie Doucet. Cette séance s’attachera précisément à interroger le rôle des prix et des distinctions littéraires dans la consécration des autrices. On tentera de déterminer les enjeux en termes de consécration d’un prix littéraire sur un parcours d’autrice en essayant d’établir dans quelle mesure l’obtention d’un (ou de plusieurs) prix (à l’échelle nationale et/ou dans l’espace central) peut vraiment étendre pour une écrivaine le champ des possibles (en termes de choix d’éditeur, de lectorat ou plus globalement de statut).

03/03/2023 — Occuper une place dans un réseau, une institution littéraire
Vanessa Gemis (Université libre de Bruxelles) & Paul Aron (Université libre de Bruxelles)

Université du Luxembourg, Campus de Belval, Black Box, Maison des Sciences Humaines (MSH), 2, Avenue de l’Université, L-4365 Esch-sur-Alzette, 17h-18h30 & en ligne :
https://unilu.webex.com/unilu/j.php?MTID=m763c0d12a4f47593a68d57b61eb25b7a 

L’appartenance à un réseau littéraire peut jouer un rôle déterminant dans la visibilité d’une autrice et dans ses chances de consécration. Ainsi d’Aline Mayrisch de Saint-Hubert, connue hors des frontières grand-ducales grâce notamment à sa longue collaboration avec son ami André Gide et nombre de contributeurs (belges, français et allemands, notamment), comme elle, de la NRF. Le fait d’être élue par une académie, d’être choisie pour faire partie d’un jury littéraire (à l’image de Virginie Despentes, brièvement juré du Prix Goncourt), confère du crédit et de la légitimité à l’autrice – reconnue par là par ses pairs comme l’une des leurs –, en plus de contribuer au rayonnement de son œuvre auprès d’un public plus vaste. Les rapports qu’une autrice entretient avec d’autres écrivain.e.s, plus ou moins renommé.e.s, le réseau qu’elle forme avec eux.elles en contribuant à leur œuvre – à titre, par exemple, de préfacière – ont ainsi toute leur importance dans ses chances de sortir de l’ombre.

31/03/2023 — Depuis la marge, se positionner par rapport au centre
Christophe Meurée (Archives et Musée de la Littérature) & Maxime Thiry (Université catholique de Louvain)

[Université du Luxembourg, Campus de Belval, Black Box, Maison des Sciences Humaines (MSH), 2, Avenue de l’Université, L-4365 Esch-sur-Alzette, 17h-18h30 & en ligne : https://unilu.webex.com/unilu/j.php?MTID=mefe107f28a1ddea78311e9c1f442c127 

Cette séance examinera les rapports (de convergence, de divergence) que les autrices issues des périphéries francophones entretiennent à l’espace central – en l’occurrence, Paris. S’agit-il pour elles d’ignorer leur marginalité ou à tout le moins d’éviter un positionnement explicite à ce propos (manière de prendre position sur le sujet), ou bien plutôt de la réinvestir pour en faire une posture ? On tentera de voir dans quelle mesure, selon les cas, ces autrices critiquent une marginalité subie, vécue comme une aliénation, ou s’attachent plutôt à faire de leur position marginale la condition d’une création libre, revendiquant leur affranchissement vis-à-vis du canon qui prévaut dans l’espace central. La discussion abordera également les rapports (de solidarité, d’entraide) liant entre elles les autrices des francophonies périphériques.

28/04/2023 — Les autrices et le canon littéraire 
Audrey Lasserre (UCLouvain/Musées royaux des Beaux-arts), Christine Planté (Université Lyon II) & Damien Zanone (Université Paris-Est Créteil)

[Université du Luxembourg, Campus de Belval, Black Box, Maison des Sciences Humaines (MSH), 2, Avenue de l’Université, L-4365 Esch-sur-Alzette, 17h-18h30 & en ligne : https://unilu.webex.com/unilu/j.php?MTID=mf225a9391d352f46bb2ac2ee82872dc7 

Il s’agira lors de cette séance d’explorer le rapport que les autrices entretiennent aux écrivains et écrivaines, mais aussi aux genres et formes littéraires consacrés par la critique. On tentera de déterminer la façon dont les autrices perçoivent et représentent un canon dont elles ont longtemps – et sont encore, dans une certaine mesure – exclues. On verra également les façons dont certaines autrices s’emploient à infléchir le canon dans le sens d’une plus grande représentativité, tantôt en élaborant des anthologies de textes de femmes (dont elles établissent, ce faisant, la valeur séminale), tantôt en revendiquant un canon davantage mixte, qui accorderait aux femmes la place leur revenant dans l’histoire littéraire afin de résorber l’écart criant constaté par Christine Planté entre la présence des autrices dans la culture vécue et leur manque de visibilité dans l’histoire littéraire. Il s’agira ainsi d’apporter des éléments de réponse à ces deux questions : quelle place l’histoire littéraire accorde-t-elle aux femmes ? Quelle place l’histoire littéraire joue-t-elle, en retour, dans l’œuvre des autrices ?