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Le spectacle des chansons et les chansons comme spectacle dans les productions post 1970 (Angers)

Le spectacle des chansons et les chansons comme spectacle dans les productions post 1970 (Angers)

Publié le par Marc Escola (Source : Bernard Jeannot)

Le spectacle des chansons et les chansons comme spectacle dans les productions post 1970

Les 28, 29 et 30 juin 2023, Université d’Angers

Penser la notion de spectacle des chansons, c’est immédiatement envisager leur représentation scénique ou encore la performance de l’interprète lors des concerts, showcases ou tournées. Penser la spectacularisation de la chanson, c’est imaginer les grands effets spectaculaires – voire hyperspectaculaires – qui peuvent y être associés. Si Barthes définissait la théâtralité comme étant « le théâtre moins le texte[1] », le spectaculaire appliqué à la chanson semble relever d’une théâtralité interprétative dont le corps du chanteur en scène, entouré d’effets, est le garant. Depuis les années 1970, l’album concept, dont le spectacle scénique est à l’horizon des ventes, s’avère un des cadres prégnants de la production de chansons. De plus, l’esthétique de la chanson se fait souvent opératique et « spectaculeuse » à l’instar des grands shows à l’américaine, ce qui permet de considérer la chanson sous un angle visuel, fortement appuyé par sa circulation, désormais acquise sous forme de vidéos et de clips. Mais le spectaculaire ne réside-t-il pas aussi dans des esthétiques intimistes ou dans des modalités interprétatives relevant de réadaptations de l’album à la scène ?

À la suite des travaux historiques mettant en perspective les formes du spectaculaire dans les arts de la scène, et en poursuivant les réflexions entamées autour de la chanson récemment dans le colloque « Le music-hall après le music-hall » (2022)[2] ou prochainement – la 4e Biennale internationale de la chanson[3] portera sur les « Dramaturgies de la chanson » –, nous souhaitons réinterroger la notion de spectacle de chansons précisément dans les 50 dernières années de production. Si l’on y questionnera la dimension visuelle du spectaculaire, ce colloque envisage aussi d’autres manières de penser le spectacle de chansons : par la voix déjà présente dans l’album, par le corps médiatisé de l’interprète et par les technologies qui assurent de nouvelles formes de spectacularisation. 

Au regard des modèles de divertissements désormais généralisés, les chansons s’avèrent produit de consommation de masse et l'esthétique visuelle contribue au plaisir et à la lisibilité pour les spectateurs. L'enjeu des spectacles n’est alors pas d'ordre intellectuel mais émotionnel, et, depuis la deuxième moitié du xxe siècle, la stratégie du « tube » – promu et attendu en scène – œuvre pour ce principe. L'émotion vécue par le public peut tenir à des effets qui sacralisent les figures du canteur, les personnages et les thématiques. La dimension spectaculaire ainsi construite par la production repose sur une habile utilisation des médias, sur la reconnaissance du public et sur un rapport de projection-identification : à la fois figures patrimoniales et figures médiatiques, les « vedettes », « idoles » ou « stars » de la chanson sont ainsi des portes d'entrée vers un univers original et merveilleux. Se pose alors la question de savoir ce que le spectacle fait aux chansons : y a-t-il effets de redites ou au contraire de défigement de ce que l’album laisse entendre et imaginer ?

Nous proposons d’explorer tous les types de production (cinéma, théâtre musical, émissions de télévision…), à partir de 1970, qui intègrent des chansons en construisant par exemple un argument dramatique autour d’elles – c’est le cas des comédies musicales à la française – ou en utilisant le chant comme incursion et agrément du texte dramatique pour développer une nouvelle forme de théâtralité. Nous n’omettrons pas de mentionner toutes les émissions de télévision qui offrent aux artistes, confirmés ou émergents, la possibilité d’une performance où la chanson est mise en scène pour elle-même de manière originale.

Deux axes majeurs semblent se dessiner. Le premier est celui d’un spectaculaire externe à l’œuvre, relatif à la médiatisation, à la réception et aux techniques propres aux arts de la scène. Cela engage une réflexion portant sur la mise en spectacle de la chanson – ou sa spectacularisation. Mais il existe aussi un spectaculaire interne aux chansons. Nous souhaitons à l’occasion de ce colloque interroger l’écriture du texte (stylistique du texte exploitant par exemple les hyperboles ou modes discursifs tenant de l’oralité, augmentant le lyrisme ou exagérant l’expression de clichés) et la musique des chansons (instruments, voix, phonographie, arrangements) au prisme de la notion de spectaculaire. Par-delà les performances vocales de l’interprète, comment le texte et la mélodie déclenchent des images forces que le chant véhicule, transformant la chanson en spectacle intérieur ? 

Bibliographie indicative

Abbrugiati P. et al. (dir.), Cartographier la chanson française, actes de la première biennale de la chanson, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 2019.

Coutelet N. et Moindrot I. (dir.), L’Altérité en spectacle 1789-1918, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2015.

Hirschi S., La Chanson française depuis 1980. De Goldman à Stromae entre vinyle et MP3, Paris Société d’édition Les Belles Lettres / Presses universitaires de Valenciennes, 2016

Moindrot I. et Shin S. (dir.), Transhumanités. Fictions, formes et usages de l’humain dans les arts contemporains, Paris, L’Harmattan, 2013. 

Goetz O. et Humbert-Mougin S. (dir.), Le Spectaculaire dans les Arts de la scène, du Romantisme à la Belle Epoque, Paris, CNRS, 2006.

Rudent C., « Voix de chansons : styles, personnages, singularités », conférence à l’Ecole Normale supérieure de Paris, 2016. http://www.savoirs.ens.fr/expose.php?id=2922.

Organisation :

Bernard Jeannot-Guérin, CIRPaLL, EA7457 Université d’Angers, Catherine Rudent, EA 7546, Université Sorbonne Nouvelle

Comité scientifique :

Damien Hamard, TEMOS, UMR9016, Université d'Angers

Céline Hersant, IRET, EA 3959, Université Sorbonne Nouvelle

Bernard Jeannot-Guérin, CIRPaLL, EA 7457, Université d’Angers

Catherine Rudent, IRMéCCEN, EA 7546, Université Sorbonne Nouvelle


 
Les propositions (maximum 400 mots) seront à envoyer à Bernard Jeannot-Guérin (Bjeannot@uco.fr) et Catherine Rudent (catherine.rudent@sorbonne-nouvelle.fr) avant le 6 janvier 2023. Elles seront accompagnées de quelques lignes de présentation biographique.

La réponse du comité d’organisation sera envoyée à partir du 16 janvier 2023.


 
1 Roland Barthes, Le Théâtre de Baudelaire, Essais critiques, Seuil/Points, 1981 (1954), p. 41.
[2] 6e colloque de la Semaine des Arts et médias, Université Sorbonne Nouvelle, 7-9 mars 2022. http://www.univ-paris3.fr/le-music-hall-apres-le-music-hall-607842.kjsp?RH=ACCUEIL 
[3] Colloque du groupe interuniversitaire Les Ondes du monde, Aix-en-Provence 12-14 avril 2023 et Innsbruck 3-5 mai 2023.