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La "civilisation du journal" dans les espaces méditerranéens de la fin du XVIIIe s. à la Première Guerre mondiale (Nice)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Julien Contes)

À partir de la fin du XVIIIe siècle, une grande transformation médiatique a marqué la transition entre les anciens régimes et le monde contemporain, avant de s’approfondir tout au long du XIXe siècle. Entre les gazettes de la fin de l’époque moderne et les organes de la presse de masse apparus un siècle plus tard, une véritable « civilisation du journal » (D. Kalifa, P. Régnier, M.-È. Thérenty, A. Vaillant, 2011) s’est épanouie, au gré des luttes pour la liberté de la presse, du développement industriel et de l’alphabétisation massive des populations. Si pendant longtemps l’historiographie a privilégié un prisme politique pour l’étudier, depuis deux décennies les recherches ont porté une grande attention aux dimensions culturelles, sociales et matérielles des journaux.

C’est ce renouvellement historiographique qu’il s’agit d’approfondir, à partir d’un terrain d’étude : les espaces méditerranéens. Ceux-ci n’ont pas été précurseurs dans le développement d’une presse moderne, à l’inverse d’espaces plus septentrionaux (comme le Royaume-Uni) ou atlantiques (États-Unis). Toutefois, les départements méditerranéens français, l’Italie, l’Espagne, puis des espaces plus orientaux, telle la Grèce, sont entrés progressivement dans cette nouvelle « civilisation du journal ».L’objectif n’est pas d’envisager un espace médiatique proprement méditerranéen, mais plutôt la manière dont, à partir de la fin du XVIIIe siècle, ces territoires, avec leurs caractéristiques propres (rôle fondamental des villes portuaires dans les réseaux journalistiques) et leurs liens extérieurs (qui les relient aux espaces septentrionaux) sont entrés progressivement dans la modernité médiatique.

L’objectif du colloque est d’approfondir la connaissance des formes qu’a prises la « civilisation du journal » qui s’est développé à partir de la fin du XVIIIe siècle, et jusqu’à la Première Guerre mondiale, dans les espaces méditerranéens qui, sans avoir été précurseurs, ont aussi connu un grand développement journalistique. L’approche se veut sociale, culturelle et matérielle, dans la lignée d’un renouvellement historiographique récent des études sur la presse (longtemps très politiques), afin de saisir la manière dont les journaux sont créés et sont produits, et les entreprises journalistiques gérées, de saisir toutes les formes de circulations et pratiques journalistiques et d’interroger aussi le rapport de ces journaux avec l’image et sa production.

Quatre axes ont été définis :

1/ Les coulisses des journaux. L’axe vise à réunir des études qui dévoilent le fonctionnement des rédactions et entreprises journalistiques. L’objectif est de cerner les réseaux qui les sous-tendent à différentes échelles (entre les membres d’une rédaction, entre des rédactions plus ou moins éloignées, aux niveaux régional, national et même international). De même, il est aussi intéressant de saisir les liens journalistiques qui s’établissent entre des rédactions de villes méditerranéennes, mais aussi entre celles-ci et l’intérieur du continent européen. Il s’agit de s’intéresser aussi à l’organisation de la production, qui s’est progressivement industrialisée, et de présenter l’étude de tout ou partie de la chaîne productive, de l’approvisionnement en papier, encres, machines et caractères jusqu’à la réalisation finale des numéros. Une attention particulière doit être accordée au rôle des éditeurs, des imprimeurs et des typographes et compositeurs, ainsi que des libraires, encore peu étudiés pour leur implication dans tout le processus de production et de distribution des journaux. De même, il faut faire une place aux participations féminines, des grandes figures journalistiques comme des femmes plus anonymes.

 2/ Les circulations journalistiques. La « civilisation du journal » est aussi une civilisation de la poste et du chemin de fer, et des nouveaux modes de communication (tels le télégraphe et le téléphone). S’y ajoutent les circulations maritimes qui participent pleinement des circulations journalistiques, de nouvelles ou de journaux. Ainsi, l’objectif de cet axe est de réunir des études qui explorent ces dernières, en s’intéressant aussi aux acteurs – et actrices – qui œuvrent pour mettre en place des circuits de distribution qui se complexifient entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XXe siècle, au fil du développement des moyens de transport et de communication.

 3/ Les pratiques journalistiques. Cet axe vise à mettre en avant des interventions qui accordent une attention aux manières de faire et aux codes journalistiques, aux pratiques individuelles ou collectives. Il s’agit de mettre en évidence toute une gamme de l’apprentissage de l’activité journalistique, selon des modalités et parcours divers qui peuvent aussi passer par le voyage ou l’exil (Italiens ou Espagnols à Londres ou Paris dans la première moitié du XIXe siècle qui se font journalistes avant de retourner dans leur ville d’origine par exemple). C’est aussi l’occasion d’évoquer les transferts de savoir-faire journalistiques et de poser la problématique de la professionnalisation des métiers de presse au fil du XIXe siècle. Le but est d’essayer de cerner à quel degré, selon quelles influences et quelles chronologies les rédactions des espaces méditerranéens sont entrées dans cette dynamique.

 4/ Les liens entre la presse et l’image. La dimension iconographique des journaux doit être prise en compte (caricatures et illustrations), avec une attention pour le développement des techniques, jusqu’à l’arrivée de la photographie au tournant des XIXe et XXe siècle. L’objectif est de s’intéresser aux aspects matériels et techniques de l’image et de son intégration dans la production journalistique, mais aussi au rôle des caricaturistes, des illustrateurs, graveurs et photographes – rôles aussi exercés par des femmes – et à leur degré d’intégration dans les rédactions, alors même que leurs activités s’imposent au fil du XIXe siècle comme des métiers de presse à part entière.

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La civilisation du journalnel Mediterraneo dal tardo Settecento alla Prima Guerra Mondiale 

A partire dalla fine del Settecento, una grande trasformazione mediatica segna la transizione tra l’ancien régime e il mondo contemporaneo, per poi accentuarsi nel corso dell’Ottocento. Nel periodo compreso tra le gazzette della tarda epoca moderna e i giornali della stampa di massa apparsi un secolo dopo, è emersa una vera e propria «civilisation du journal» (D. Kalifa, P. Régnier, M.-È. Thérenty, A. Vaillant, 2011), sviluppatasi man mano attraverso le lotte per la libertà di stampa, lo sviluppo industriale e l'alfabetizzazione delle popolazioni. Seppure per molto tempo la storiografia abbia privilegiato un approccio politico per studiare la stampa, negli ultimi due decenni le ricerche storiografiche si sono focalizzate sulla dimensione culturale, sociale e materiale.

È questo rinnovamento storiografico ad essere al centro del convegno, che verterà sugli spazi mediterranei. Questi non sono stati territori precursori dello sviluppo di un giornalismo moderno, a differenza di aree più settentrionali (come il Regno Unito) o atlantiche (si pensi agli Stati Uniti). Tuttavia, nei dipartimenti francesi, in Spagna, negli Stati italiani, insieme ad altre zone più orientali come la Grecia, si è assistito ad uno sviluppo della stampa che gradualmente si è inserito in questa «civilisation du journal». L'obiettivo non è quello di studiare uno spazio comunicativo specificamente mediterraneo, ma piuttosto il modo in cui, dalla fine del secolo XVIII in poi, queste aree, con le loro caratteristiche proprie (rileva il ruolo fondamentale dei porti nelle reti giornalistiche) e i loro legami esterni (le reti che le collegano alle aree settentrionali, anche attraverso l'esperienza dell'esilio), sono entrate gradualmente nella modernità mediatica.

Per questo convegno, sono state definite quattro sezioni:

1/ Il retroscena della produzione giornalistica. L'obiettivo è quello di riunire gli studi che rivelano il funzionamento di redazioni e imprese giornalistiche. Si tratta di ricostruire le reti formatesi a diversi livelli (tra i membri di una redazione, tra redazioni di una stessa regione, finanche inerenti a legami nazionali e transnazionali) tra le città mediterranee, ma anche a partire da queste ultime verso il continente europeo e viceversa. Occorre comprendere l’organizzazione della produzione dei giornali, che si è via via industrializzata, studiando tutta o parte della filiera, dall'approvvigionamento di carta, inchiostri, macchine e caratteri fino all’ultimazione dei periodici. Questo lavoro rende necessario anche evidenziare il ruolo degli stampatori, dei tipografi, degli operai, degli editori e dei librai, ancora di scarso interesse per la storiografia per quanto riguarda il loro coinvolgimento nella produzione e distribuzione dei giornali. Va prestata anche una particolare attenzione alle partecipazioni femminili, dalle figure giornalistiche più famose fino alle donne più anonime.

2/ Le circolazioni dei giornali. La «civilisation du journal» è anche una civilizzazione postale e ferroviaria, e dei nuovi mezzi di comunicazione (come il telegrafo e il telefono). A questo bisogna aggiungere il traffico marittimo, importantissimo nella costruzione delle reti giornalistiche. L'obiettivo è quello di comprendere com’è avvenuta la circolazione delle informazioni e dei giornali; ovvero quello di studiare gli attori – e le attrici – che hanno permesso queste circolazioni. Essi si sono appropriati dei diversi mezzi materiali e di comunicazione a disposizione, i quali si sono fortemente evoluti tra la fine del Settecento e l’inizio del Novecento.

3/ Le pratiche giornalistiche. Questa sezione presta un’attenzione particolare ai modi di fare e alle pratiche giornalistiche sia collettive che individuali. Si tratta di evidenziare tutte le modalità di apprendimento dell’attività giornalistica, con un’attenzione particolare rivolta ai diversi percorsi i quali potevano comportare anche viaggi o esili (si pensi, ad esempio, a quegli italiani o spagnoli vissuti a Londra o a Parigi nella prima metà del secolo XIX che sono diventati giornalisti prima di tornare nella loro città). È anche un modo di interrogarsi sui trasferimenti delle competenze e di sollevare la questione della professionalizzazione dei mestieri giornalistici, sviluppatisi gradualmente nel corso di un lungo Ottocento. Lo scopo principale è quello di identificare in che misura e secondo quali influenze e cronologie le redazioni hanno contribuito a queste dinamiche nelle aree mediterranee.

4/ I legami tra stampa e immagine. La dimensione iconografica dei giornali deve essere presa in considerazione (caricature e illustrazioni), con un focus sullo sviluppo delle tecniche, fino all'arrivo della fotografia a cavallo tra Ottocento e Novecento. L'obiettivo è quello di esaminare gli aspetti materiali e tecnici dell'immagine giornalistica, il ruolo dei caricaturisti, degli illustratori, degli incisori e dei fotografi – anche quando queste attività sono fatte dalle donne – e la loro integrazione nelle redazioni, man mano che le loro attività si sono affermate come proprie e vere professioni giornalistiche nel corso dell’Ottocento.

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The “civilisation du journal” in the Mediterranean from the Late Eighteenth Century to the World War I

From the late eighteenth century, a great media transformation marked the transition from the old regimes to the contemporary world, before deepening throughout the nineteenth century. Between the gazettes of the late modern period and the newspapers of the mass press that appeared a century later, a true “civilisation du journal” (D. Kalifa, P. Régnier, M.-È. Thérenty, A. Vaillant, 2011) flourished by means of a series of struggles aimed at achieving freedom of the press, industrial development and massive literacy of the populations. Although historiography has favored a political approach for a long time, in the latest two decades research has focused its attention also on the cultural, social and material perspectives.

The aim of this symposium is to explore this historiographical renewal, studying the Mediterranean countries. These territories were not precursors in the development of the modern press, unlike more northern (United Kingdom) or atlantic (United States) areas. However, the French Mediterranean departments, Spain, the Italian States, and other eastern areas (such as Greece) have also experienced a development of the press, entering this new “civilisation du journal”. The objective is not to envisage a specifically Mediterranean press area, but to understand the way in which, from the late eighteenth century, these Mediterranean areas, with their own characteristics (fundamental role of port cities in journalistic networks) and their external influences (networks that connect them to northern spaces, also through the experience of exile) have entered media modernity.

Four sections have been defined:

 1/ Behind the scenes of the newspapers. The axis aims to bring together studies that reveal the functioning of journalistic enterprises and editorial staffs. The objective is to rebuild the networks formed at different scales (among members of the same editorial staff, with other editorial staffs, at regional, national and international levels) among the Mediterranean cities, but also from these towards the European continent and vice versa. Similarly, it is also interesting to investigate the organization of the production, which gradually has been  industrialized, and to study the production chain, from the supply of paper, inks, machines, and characters until the final creation of newspapers. Going behind the scenes of newspapers requires to highlight the role of editors, printers, compositors and booksellers, still little studied for what concerns their involvement in the production and distribution of newspapers. Particular attention must also be given to female participation, from famous journalistic figures to more anonymous women.

2/ The material dimensions of journalistic circulations. The “civilisation du journal is a civilization of the post service, of the railroad and of new means of communication (such as the telegraph and the telephone). In addition to this, it is necessary to consider the important role played by maritime traffic, especially as regards the construction of journalistic networks. Thus, this section aims to study the circulation of information and newspapers, while also focusing on the actors – and actresses – who work to set up the distribution networks that became more complex between the end of the eighteenth and the beginning of the twentieth century.

 3/ The journalistic practices. Particular attention must be paid both to individual and collective journalistic practices, in order to highlight a whole range of journalistic learning methods, by describing various paths which could also imply travel or exile (let us think about Italians or Spanish people settled in London or Paris during the first half of the 19th century who became journalists before returning to their hometown, for example). It is also an opportunity to discuss the transfer of journalistic skills and to raise the issue of the professionalization of press professions. The aim is to try to identify at what degree, according to what influences and what chronologies the editorial staffs have entered this dynamic of journalistic professionalization in the Mediterranean areas during the nineteenth century.

4/ The links between press and image. The iconographic dimension of newspapers (caricatures and illustrations) must be considered, with an attention to the development of techniques, until the arrival of photography at the turn of the nineteenth and twentieth centuries. The aim is to look at the material and technical aspects of the journalistic image, and at the role of caricaturists, illustrators, engravers and photographers – also when these activities are carried out by women – but also at their degree of integration in the editorial staffs, as their activities established themselves as full-fledged press professions throughout the nineteenth century.

Conditions pour les propositions

Les propositions sont à soumettre en français, en anglais ou en italien, langues du colloque, à : contes.julien@gmail.com

Elles ne devront pas excéder 3 000 signes et devront comporter une bio-bibliographie et un bref descriptif des sources utilisées.

Le dépôt des propositions s’effectuera jusqu’au 10 novembre 2022 et les candidates et candidats seront informés de la décision du comité organisateur autour du 15 décembre 2022.

Le colloque se déroulera à Nice les jeudi 23 et vendredi 24 mars 2023. Les frais de transport seront à la charge des participants.

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Comité scientifique :

- Gianluca Albergoni (Università di Pavia)

- Pierre Allorant (Université d’Orléans)

- Pierre-Yves Beaurepaire-Hernandez (Université Côte d’Azur)

- Delphine Diaz (Université de Reims)

- Laura Fournier-Finocchiaro (Université de Grenoble-Alpes)

- Elisabel Larriba (Université d’Aix-Marseille)

- Pedro Rújula Lopez (Universidad de Zaragoza)

- Sandro Morachioli (Università di Napoli)

- Florencia Peyrou (Universidad Autónoma de Madrid)

- Marie-Ève Thérenty (Université de Montpellier III)

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Organisateurs

Julien Contes, Université Côte d’Azur

Gian Luca Fruci, Università di Pisa

Jean-Paul Pellegrinetti, Université Côte d’Azur