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Blaise Pascal en ses époques : 2023-1623 (Colloque du CEIPPREM, Sorbonne nouvelle)

Blaise Pascal en ses époques : 2023-1623 (Colloque du CEIPPREM, Sorbonne nouvelle)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Alain Cantillon)

Université de la Sorbonne Nouvelle, Paris 3

CEIPPREM

(Centre d’Études Interdisciplinaires sur Pascal, Port-Royal, et l’Europe Moderne)

Appel à communications pour le colloque

« Blaise Pascal en ses époques : 2023-1623.»

Paris, Maison de la recherche de la Sorbonne Nouvelle

4, rue des Irlandais, Paris Ve arrondissement

Les jeudi 15, vendredi 16 et samedi 17 juin 2023

 

NB : pour les raisons qui apparaîtront ci-dessous, ce colloque n’est pas réservé aux spécialistes de Pascal.

Pour le quadricentaire de la naissance de Blaise Pascal, le CEIPPREM organise un colloque qui se tiendra à Paris, à la Maison de la recherche de l’université de la Sorbonne nouvelle (Paris 3), les vendredi 16 et samedi 17 juin 2023. Conformément aux principes de cette structure fédérative, et dans le prolongement des travaux conduits à partir de 2019-2020, les communications et les discussions viseront à placer le grand homme célébré dans les tissus serrés des relations grâce auxquelles, pour parler comme Condorcet et Voltaire, il est, paradoxalement, resté seul sur les ruines de son siècle, et qui, peut-être, lui ont aussi permis de demeurer, à distance, d’une certaine façon actif jusqu’à maintenant : tant les traditions pascaliennes sont diverses, que l’on songe par exemple à celle qui fut représentée par Lucien Goldmann, ou à celle qui le fut par Jean Mesnard. La participation du CEIPPREM aux manifestations du quadricentenaire aura pour ambition de tenter une évaluation de la force qui est encore aujourd’hui celle des Œuvres-de-Pascal et de la persona pascalienne.  

On s’attachera donc à faire apparaître des relations qu’entretiennent les écrits attribués à Blaise Pascal avec ceux de Port-Royal en général, mais aussi, bien au-delà, avec l’ensemble de leurs lieux d’énonciation dans leurs dimensions sociale, économique et politique, sans limitation préconçue. Par exemple, comme cela fut déjà le cas pendant certains travaux du CEIPPREM, l’accent pourra porter sur la place de la science médicale, sur l’évolution de la logique et de la sémiotique, sur la politique de l’écrit polémique, ou encore sur les rapports entretenus avec certaines formes particulières de spiritualité, comme l’inclination au mysticisme.  Au-delà également, il serait souhaitable de reprendre attentivement les relations de ces écrits avec ceux des savants français et européens contemporains.

Si nous considérons qu’une telle célébration peut se justifier , c’est avant tout parce que nous entendons lui donner un tour pleinement critique, ce qui signifie qu’elle doit être pour nous l’occasion d’une réflexion, non pas seulement sur le fait même de célébrer Blaise Pascal en 2023, mais aussi, plus largement sur le propre lieu social, économique voire politique de nos énonciations : celui de discours universitaires provenant de pays et de systèmes divers,  qui ne sont ni confessionnels, ni nationalistes, ni nationaux et qui , depuis un département d’études littéraires françaises de Paris, entendent donner une très grande place à l’interdisciplinarité. Notre participation à cette commémoration ne trouvera donc sa justification que si elle montre qu’il y a, pour l’humanité aujourd’hui, un intérêt particulier et encore neuf à saisir l’occasion de renforcer, réorienter et diffuser les connaissances que nous pouvons avoir de Blaise Pascal, tel qu’il fut dans le monde qui fut le sien, et tel qu’il a pu venir, depuis ce monde, jusqu’à celui d’aujourd’hui.

Le CEIPPREM appelle donc celles et ceux qui voudraient entrer dans cette forme de la célébration à proposer un projet de communication (en environ 1200 signes)[i] avant le 30 septembre 2022. 

Ces deux journées seront organisées selon trois directions :

2023 … 1923, … Un siècle de centenaires : comment ? pourquoi ?

Nous nous demanderons quelles furent et quelles sont la signification, la portée et les conditions de la célébration de 1923 en étudiant non pas seulement les publications (livres et revues) [ii], mais aussi tout ce qui fut mis en œuvre pour lui donner un retentissement national large et général, comme le matériel photographique produit en 1923 le donne à voir[iii]. Fort probablement l’étude de 1923 à elle seule se révélera-t-elle suffisamment abondante et riche d’enseignements, sur les problèmes nationaux, comme celui de la relation entre les catholiques et la République, ou comme l’opposition entre modernes et « anti-modernes ». Il pourra aussi cependant ne pas être inutile de rechercher si, même si c’est peu vraisemblable, l’on trouve trace d’une quelconque célébration nationale en 1862, voire auparavant.

Quel Pascal ?

Le problème de la cohérence des œuvres réunies sous le nom de Pascal sera ressaisi à la lumière des engagements et travaux collectifs de celui qui le porte. Un des traits caractéristiques de Pascal, et l’un des principaux problèmes qu’il pose à ses exégètes et biographes, se trouve dans son appartenance à divers cercles d’amitiés, mondaines, religieuses, scientifiques. Pour ce qui concerne les études principalement centrées sur la personne nommée Blaise Pascal, ces relations et leurs évolutions ont été abordées comme des périodes différentes, éventuellement rythmées par des conversions (Goldmann distinguant soigneusement le Pascal des Provinciales de celui des Pensées ; d’autres pascaliens, très sensibles à la construction quasi hagiographique de la Vie écrite par sa sœur Gilberte, considérant qu’il a délaissé les cercles savants pour Port-Royal). Notre colloque sera au contraire attentif aux continuités, faisant porter l’accent sur l’existence de différents groupes, déjà constitués, ou formés à l’occasion d’actions collectives (Provinciales et autres combats politico-religieux, recherches sur le vide, inventions mathématiques), et sur la persistance d’un travail de Pascal dans ces différentes collections d’individus, voire dans ces individus collectifs distincts, et souvent même opposés: relations avec les curés de Paris, et avec Roberval, etc.  La question de l’unité des œuvres réunies sous le nom de Pascal, qui ne cesse de hanter la critique pascalienne, pourra être reprise en lien avec des problèmes que ces œuvres posent à leur manière, et qui les dépassent : qu’est-ce que le temps de la vie humaine ? quelle place ménage-t-il à l’occasion et à la rencontre ? pourquoi et comment faut-il travailler pour l’incertain ? peut-on véritablement espérer en un progrès de la connaissance ?

Traversée des savoirs et force de la pensée.

Un dernier axe de questionnements concernera la possibilité d’une transposition, aujourd’hui, de l’œuvre de Pascal, qui non seulement traverse une multitude de domaines, mais le fait en les critiquant jusque dans leurs fondements, à un point tel que, dans les Pensées, il peut sembler que la possibilité de tenir un discours n’est plus accordée à l’homme. Le traitement par Pascal de questions aussi essentielles que la liberté, la vérité, l’habitude, le corps, la persuasion, l’autorité, etc., pourraient ainsi être examiné aussi bien à la lumière des savoirs qui lui étaient contemporains qu’à la lumière de ceux qui furent élaborés depuis. Ainsi la réflexivité de ce colloque de célébration pourra-t-elle embrasser non pas seulement le lieu d’énonciation des écrits de Pascal et son aménagement, mais aussi celui des sciences qui nous sont contemporaines, et la place de la religiosité maintenant et ici. En poussant un peu plus loin dans la même direction, seraient reçues avec une grande attention des propositions de communication sur une forme de mise en travail de la force de la pensée pascalienne dans le monde comme il va aujourd’hui. L’ultime question que ce quadricentenaire nous porte en effet à poser serait à peu près celle-ci : que peut-on espérer maintenant d’un renouvellement et d’un approfondissement de la connaissance des écrits de Blaise Pascal ? Que peut nous apprendre sur le monde qui est le nôtre leur façon si singulière de s’en prendre à la profonde crise politique et religieuse qui marqua en France les débuts de l’État moderne et la naissance de sciences de maîtrise et de transformation de la nature ? Que peut-on découvrir de précieux dans leur obstination à ne jamais renoncer à la mise en action des forces de la pensée grâce à la puissance de l’énonciation écrite dans ses nombreuses modalités : pensée qui jaillit de la plume sur du papier, ou qui par de nombreuses médiations s’imprime et se diffuse dans des feuilles polémiques, ou dans de beaux récits d’expériences nouvelles sur le vide, ou dans des lettres de provocation à un concours de géométrie, etc. ?

 — 

Alain Cantillon et Anne Régent-Susini

alain.cantillon  [arobase]   sorbonne-nouvelle.fr

anne.regent-susini    [arobase]    sorbonne-nouvelle.fr

[i][i] Les travaux de ces deux journées ont, comme tous ceux du Ceipprem, vocation à être publiés dans les Dossiers du Grihl pendant l’hiver 2023-2024

[ii] Cf. Philippe Olivera et Christian Jouhaud « Commémorer Pascal en 1923 », Cahiers du CRH, 2002, 28-29, https://journals.openedition.org/ccrh/882 et https://journals.openedition.org/ccrh/902 .

[iii] Voir par exemple : https://gallica.bnf.fr/services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject%20adj%20%22Pascal%20%20Blaise%20%201623%201662%20%20%20%20%20Anniversaires%22