Actualité
Appels à contributions
Dire/écrire le vivant. Revivifier l’enseignement par les humanités environnementales : écopoétique, écoféminisme, zoopoétique et géopoétique (Avignon)

Dire/écrire le vivant. Revivifier l’enseignement par les humanités environnementales : écopoétique, écoféminisme, zoopoétique et géopoétique (Avignon)

Dire/écrire le vivant

Revivifier l’enseignement par les humanités environnementales

(écopoétique, écoféminisme, zoopoétique et géopoétique)

 

- Journée d’étude vendredi 26 mai 2023 / ouvrage collectif -

 

Argumentaire :

Les discours alarmants sur l’anthropocène et le dérèglement climatique structurent dorénavant notre rapport au monde. Nombreux sont les travaux de recherche à analyser ces eschatologies contemporaines[1]. Toutefois, selon le principe naturel qui veut que de la décomposition se repaît la vie, que des ténèbres surgit la lumière, la menace environnementale - qui se couple d’une profonde schize sociétale – laisse espérer l’éclosion d’un nouveau regard sur le vivant.

Muée par sa mission première de former les citoyennes et citoyens de demain, aptes à relever les défis de ce qui n’est aujourd’hui qu’en germes, l’Éducation Nationale s’empare à son tour de la question environnementale de plus en plus solidement, la diffuse de plus en plus largement au point d’en faire un axe structurant et transdisciplinaire de la politique éducative. Il ne s’agit donc plus seulement de prendre acte de l’échouage du bateau-monde, ce qui serait stérile, mais d’imaginer une nouvelle embarcation pour un voyage que l’on espère plus serein, une nouvelle arche de reliance, une nouvelle arche d’alliance.

C’est là que la littérature et son enseignement peuvent retrouver tout leur sens et tous leurs sens, dans un profond ancrage dans le monde du sensible ; c’est là que l’imaginaire peut retrouver toute sa force d’évocation, de création. Comme le soulignent des chercheurs tels qu’Anne Simon, Jean-Christope Cavallin ou encore le fondateur des éditions Wilproject, Baptiste Lanaspeze, le texte peut tisser, retisser les liens déchirés entre les vivants, dont l’homme n’est qu’une partie ; le monde a besoin de ces textes qui relatent, de ces récits qui relient, de ces épopées qui refondent l’identité mais non pas – non plus - dans la séparation. Observer le vivant, apprendre à le comprendre, à vivre avec, avec nos ressemblances, nos différences, nos complémentarités, nos irréductibles singularités annule toute discrimination excluante, toute verticalité écrasante, toute hiérarchie mortifère. L’écologie apprend à l’être humain à se décentrer dans l’espace de la nature, comme le relativisme culturel cher à l’Occident enseignait à se décentrer dans l’espace de la culture. La littérature, objet par excellence de cette dernière, pourrait donc participer à l’avènement de cette « communauté polyphonique des vivants »[2]. Peut-on alors gager que l’écopoétique, l’écoféminisme, la zoopoétique pourront, en retour, revivifier l’enseignement littéraire de « l’Oxydent », pour reprendre la formule d’Anne Simon ? Qu’ils pourront le resémantiser aux yeux des élèves et de leur « la littérature, ça sert à quoi »[3] ?.

C’est manifestement le pari pris par l’Éducation Nationale qui, le 3 février 2022, a lancé un partenariat avec la Maison des Écrivains et de la Littérature et la Fondation Jan Michalsk une action pour allier écologie et littérature[4].

Finalités :

Cette journée d’étude/cet ouvrage collectif vise ainsi à :

  • diffuser l’écopoétique, la géopoétique, l’écoféminisme et la zoopoétique auprès des enseignants de littératures française et francophone (Inspé, collèges/lycées) ;
  • mettre en lumière de nouvelles lectures des classiques et/ou de nouvelles œuvres à même d’être étudiées en classe ;
  • identifier de nouvelles pratiques de classe en France et dans la francophonie.

Il s’agit de repenser les classiques sous un angle propre à répondre aux problématiques de notre monde, aux questions que se posent les élèves, mais aussi de renouveler le vivier des œuvres étudiées : de même que le féminisme conduit l’institution à insérer davantage de femmes autrices/artistes/scientifiques dans les supports étudiés en classe – occasion de redécouvrir de grandes oubliées de l’histoire culturelle, de même la crise environnementale invite à redonner à la littérature son pouvoir de création et de reliance avec le vivant en donnant une seconde vie à des œuvres parfois minorées. Enfin, parce que la littérature est intrinsèquement prise dans le tissu du monde, traversée des fils multicolores des différents domaines du savoir, cet ouvrage collectif laisse à ses participants l’opportunité de proposer des regards croisés, interdisciplinaires.

La finalité de cet ouvrage est en somme de créer une zone d’échanges entre l’écosystème universitaire et celui de l’école, où regards de spécialistes et expériences de terrain renouvellent la pratique scolaire de la littérature, afin de revivifier le lien entre le texte et le monde, entre « la cité et la planète »[5].

Perspectives d’étude :

Axe 1 : redécouvrir les classiques à l’aune des humanités environnementales :

  • Relire les classiques de l’Antiquité au XXe siècle à la lumière de l’écopoétique, de la zoopoétique et de l’écoféminisme ;
  • Lectures nouvelles des œuvres au programme de l’agrégation/CAPES de Lettres ;

Axe 2 : renouveler le panel des œuvres/écrivain(e)s à étudier en classe :

  • Actualisation des oublié(e)s/mal-aimé(e)s de l’histoire littéraire ;
  • Lectures cursives et pistes d’exploitation en classe ;

Axe 3 : pratiques interdisciplinaires (liste non exhaustive) :

  • Lettres/géographie : géographie des émotions, géopoétique (Michel Collot, Bertrand Westphal, Kenneth White…) ;
  • Lettres/histoire : les animaux et la guerre, approches de la nature dé/postcolonialistes ;
  • Lettres/arts : les bestiaires, l’imaginaire pastoral…
  • Lettres/sciences : regards croisés littérature/éthologie-botanique, etc.
  • Lettres/langues étrangères : approches comparatistes
  • Lettres/philosophie : le droit du vivant, etc.

Modalités :

Propositions à envoyer avant le 15 novembre 2022 à morgane.leray@univ-amu.fr (docteur qualifiée MCF 09, coresponsable du Master MEÉF Lettres Inspé d'AMU - responsable pour le site d'Avignon). Une réponse sera donnée le 15 décembre 2022.

Veuillez inclure un titre, un résumé, une courte notice biobibliographique.

Bibliographie indicative :

Bate J. , Romantic ecology. Wordsworth and the environmental tradition, Routledge, Londres, 1991

Baratay Éric, Le point de vue animal. Une autre version de l’histoire, Paris, Seuil, 2012.

Blanc, N., Chartier, D. & Pughe, T. (2008). Littérature & écologie : vers une écopoétique. Écologie & politique, 36, 15-28. https://doi.org/10.3917/ecopo.036.0015

Buell L, “The Environmental Imagination : Thoreau, Nature Writing, and the Formation of American Culture” (1995) ; “Toxic Discourse,” 1998

Bressler C, Literary criticism : an introduction to theory and practice, 1999

Buekens S, « L’écopoétique : une nouvelle approche de la littérature française », Elfe XX-XXI [En ligne], 8 | 2019, mis en ligne le 10 septembre 2019, consulté le 16 décembre 2019. http://journals.openedition.org/elfe/1299 ; DOI : 10.4000/elfe.1299

Carretero-González, Margarita & José Marchena-Domínguez(eds.). Cultural Representations of Other-than-Human Nature. Cádiz: Editorial UCA, 2019 (translation by Pamela Blanchard Faber-Benítez)

Chavoz N, Coquio C, Desquilbet A, Even K, Grange M, Laure C et alii, « Enjeux éthiques de l’écopoétique », Dossier « écopoétique transculturelle », ZoneZadir, sur https://zonezadir.hypotheses.org/dossier-ecopoetique-transculturelle

Cavallin, J.-C. , Écopoétique pour des temps extrêmes, Fabula LHT n°27, 2021. Ecopoétique pour des temps extrêmes (LhT Fabula)

Chelebourg C. , Les Écofictions : mythologies de la fin du monde, Bruxelles, Les Impressions nouvelles, «Réflexions faites», 2012

Collectif, Écofictions § Cli-Fi. L'environnement dans les fictions de l'imaginaire, dir. Christian Chelebourg, Nancy, PUN - Editions Universitaires de Lorraine, collection Culture de jeunesse et culture de masse, juin 2019 ;

Collectif, « Pour une géographie littéraire », dans Fabula-LhT, n° 8, « Le Partage des disciplines », dir. Nathalie Kremer, mai 2011,URL : http://www.fabula.org/lht/8/collot.html, page consultée le 24 mars 2022

Collot M. , Paysage et poésie, Corti, 2005 ; La Pensée-Paysage, Actes Sud, 2011.

Coupe L, The Green Studies Reader. From Romanticism to ecocriticism, Routledge, 2000

Evernden N., The social creation of nature, The Johns Hopkins Univ. Press, Baltimore & Londres, 1992 

Glotfelty G. and Fromm H., The Ecocriticism Reader : Landmarks in Literary Ecology, (1996)

Garrard G, Ecocriticism, 2004

Guest B., Révolutions dans le cosmos. Essais de libération géographique : Humboldt, Thoreau, Reclus, Classiques Garnier, Paris, 2017

Ingold Alice, « Écrire la nature. De l’histoire sociale à la question environnementale ? », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 2011, vol. 66, no 1, p. 11‑29.

Knickerbocker S, Ecopoetics: The Language of Nature, the Nature of Language (2012)

Makus J., The Comedy of Survival : literary ecology and a play ethic, (1972)

Marx L, The Machine in the Garden : Technology and the Pastoral Ideal in America, (1964)

Matagne Patrick. L'écologie en France au XIXe siècle : résistances et singularités/Ecology in France during the nineteenth century : resistances and singularities. In: Revue d'histoire des sciences, tome 49, n°1, 1996. pp. 99-111

Meillon B., « Ecocritique et ecopoétique, définitions et notions ». Disponible sur :

https://ecopoeticsperpignan.com/wp-content/uploads/2016/10/B.-Meillon-Ecocritique-et-écopoétique-définitions-et-notions.pdf

Robert Claire, Aux racines de l’écologie : un nouveau sentiment de la nature chez les écrivains français au XIXe siècle, Thèse, Université Paris 3 Sorbonne-Nouvelle, Paris, 2008.

Serna Pierre, Comme des bêtes. Histoire politique de l’animal en Révolution (1750-1840), Paris, Fayard, 2017 ;

Romestaing Alain, Schoentjes Pierre et Simon Anne (dir.), « Écopoétiques », Fixxion, n° 11, 2015.

Posthumus S., French Ecocritique - Reading French Theory and Fiction Ecologically, 2017

Simon Anne, Une bête entre les lignes. Essai de zoopoétique, éd. Wildproject, 2021

Schoentjes P., Ce qui a lieu. Essai d’écopoétique (2015)

Westphal Bertrand, La Géocritique. Réel, fiction, espace, Paris, Éditions de Minuit, coll. « Paradoxe  », 2007

 

Carnets de recherche :

Animots – Carnet de zoopoétique (hypotheses.org) Qu’est-ce que la zoopoétique ? | Cairn.info

À propos – Écopoétique Perpignan (hypotheses.org)

https://zonezadir.hypotheses.org/dossier-ecopoetique-transculturelle

 

[1] Parmi de nombreux titres, citons : Chelebourg Christian, Les Écofictions : mythologies de la fin du monde, « Réflexions faites », Les Impressions nouvelles, Bruxelles, 2012 ; Écopoétique pour des temps extrêmes, Fabula LHT n°27, 2021. Ecopoétique pour des temps extrêmes (LhT Fabula) ; Klein Naomi, On Fire : The Burning Case for a Green New Deal, Alfred A. Knopf Canada, Toronto, 2019 ; Tsing Anna, The Mushroom at the End of the World. On the Possibility of Life in Capitalist Ruins, Princeton University Press, Princeton 2017.

[2] Anne Simon, Une bête entre les lignes. Essai de zoopoétique, éd. Wildproject, 2021, p. 18.

[3] Sans compter le « La lecture, ça ne sert à rien ! ». Cf. Bénédicte Shawky-Milcent, La lecture, ça ne sert à rien ! Usages de la littérature au lycée et partout ailleurs… , PUF, « Partage du savoir », 2016.

[4] Citons également le questionnement complémentaire au programme de 5e « L’être humain est-il maître de la nature ? »

[5] Jean-Christophe Cavallin, La Planète des fins : récits pour l’anthropocène, 2 (diacritik.com), 29 août 2018.