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Le Pascal des Romantiques (Rouen)

Le Pascal des Romantiques (Rouen)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Tony Gheeraert)

Le Pascal des Romantiques

Maison de l’université, salle de conférences, université de Rouen Normandie (Place Emile Blondel, 76 130 Mont-Saint-Aignan)

les 14 & 15 décembre 2023

Comité d’organisation :

Sylvain Ledda, Tony Gheeraert. 

Comité scientifique :

Laurence Plazenet (université de Clermont-Ferrand Auvergne), Philippe Sellier (université de Paris-Sorbonne), Laurent Thirouin (université de Lyon II), Alberto Frigo (université de Milan), Gérard Ferreyrolles (université de Paris-Sorbonne), Pierre Glaudes (université de Paris-Sorbonne), Florence Fix (université de Rouen-Normandie), François Vanoosthuyse (Université de Rouen-Normandie)

Le colloque "Le Pascal des Romantiques" est proposé dans le cadre des manifestations en l'honneur du quadricentenaire de la naissance de Blaise Pascal. Consulter ici la version complète du présent texte accompagné de ses notes.

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“La Révolution a créé un état d'esprit ‘pascalien’ ”, notait naguère Pierre Moreau. En effet, au tournant des Lumières, la montée de la sensibilité, le désenchantement, le vague des passions, et un certain retour du religieux, trouvèrent dans la figure de Pascal comme un point de cristallisation. L'Émigration favorisa d’abord une réhabilitation de l’auteur des Pensées : dès les années 1790, on “pascalisait” autour d’Adrien de Lezay (1769-1814), alors réfugié en Suisse. A la même époque et dans la même région, Joseph de Maistre, qui n’en était pas encore à fustiger le “jansénisme”, citait Pascal et lui empruntait l’argument apologétique de la Perpétuité de la religion chrétienne. Sous la plume de Maine de Biran, une humeur ténébreuse colore le portrait de l’écrivain de Port-Royal  : “son tempérament mélancolique perce partout; s'il jette quelquefois du sublime dans ses conceptions, il y répand trop souvent du sombre”. Mais c’est le Génie du christianisme (1802) qui inversa pour longtemps l’image que Condorcet et les rationalistes avait donnée de l’écrivain de Port-Royal : au Pascal des Philosophes, fanatique, à la limite de l’aliénation mentale, succédait sous la plume de Chateaubriand un créateur fébrile et solitaire, prodige des sciences, ingénieur, penseur, demi-dieu – un “effrayant génie”. Au seuil du XIXe siècle, Pascal cesse d’être un sauvage misanthrope, pour n’être plus que sublime : "une sainte et sublime figure”, écrira bientôt Sainte-Beuve. Le portrait laissé par Chateaubriand “plonge [Pascal] dans l'abîme infini de sa tristesse”, estime Antony McKenna ; assurément, cette image marquera profondément la génération romantique : Baudelaire consacre un sonnet à ce Pascal hanté par le gouffre. Victor Hugo, dans L’Art d’être grand-père (1877), influencé par le même imaginaire, désigne “l'endroit profond où Pascal s'est penché, Criant : gouffre !”. Vigny, dans son Journal d’un poète (1863) où le nom de Pascal revient souvent, s’imagine l’auteur des Pensées jetant sur le papier quelques fulgurances, pendant les intervalles de répit et de lucidité que lui laissait sa maladie. Lamartine se souvient également de l’ange déchu pascalien lorsqu’il résume en deux vers sa propre anthropologie, nostalgique et tourmentée, où la grandeur apparaît comme le revers de la misère : “Borné dans sa nature, infini dans ses voeux, / L’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux”.

Tandis que les poètes construisent de Pascal une image énigmatique, “effrayante”, voire luciférienne, les philologues entament de leur côté un patient travail de restauration : le Rapport à l'Académie française sur la nécessité d'une nouvelle édition des Pensées de Pascal, rédigé en 1843 par Victor Cousin après l’exhumation du manuscrit autographe original, débouche sur de nouvelles éditions (Faugère, 1844 ; Havet, 1852), plus conformes aux exigences de la science positiviste que celles de Port-Royal ou de Condorcet. Cousin ne se contenta pas toutefois de relancer les études pascaliennes : il isola l’auteur des Pensées de l’influence de Port-Royal et l’érigea en sceptique. Sainte-Beuve contredit ce portrait dans son Port-Royal (1840-1859), où Pascal occupe à lui seul deux livres, mais sans être jamais considéré isolément du groupe au sein duquel il a vécu ; il s’agit pour Sainte-Beuve de “mesurer le côté glorieux du génie, sans accorder plus qu’il ne faut à cette gloire ; à admirer le relief, mais surtout en raison du fond qui nous est connu”. C’est, avec l’auteur de Port-Royal, une certaine image romantique de Pascal qui déjà s’éteint.

Dans le sillage de travaux précédents (actes du colloque Pascal au miroir du XIXe siècle, éd. Denise Leduc-Fayette, Mame, 1993 ; numéro des Chroniques de Port-Royal consacré à Port-Royal au XIXe siècle, 2015), le colloque examinera les différents visages de Pascal à l’époque romantique.

Les propositions porteront par exemple sur :

Les représentations de Pascal et de son œuvre dans la littérature au XIXe siècle.
Les mythes et les légendes entourant Pascal au XIXe siècle (accident de carrosse, maladie, gouffre…)
Les travaux éditoriaux, philologiques, théologiques et philosophiques portant sur l’oeuvre pascalienne (y compris à l’étranger, par exemple chez Kierkegaard)
L’étude de l’iconographie pascalienne au XIXe siècle
L'identification des écrivains romantiques à la figure de Pascal
L’utilisation idéologique voire politique de Pascal et de son oeuvre au XIXe siècle
La place de Pascal dans l’histoire de la littérature et des idées au XIXe siècle
Les approches biographiques de Pascal au XIXe siècle

Date de soumission :

les propositions de communication (limitées à 300 mots et accompagnées d’un bref C.V.), seront à envoyer avant le 15 mars 2023 à

sylvain.ledda@univ-rouen.fr et tony.gheeraert@univ-rouen.fr