« Il m’arrive de rêver d’être enfin du côté du manche, des forts, des salauds. Du côté des imbéciles. Du côté des flics.
Je suis derrière un bureau Louis XV, marqueté d’importance, et j’éconduis les solliciteurs.
J’ai déboutonné ma blouse blanche, je regarde une radiographie, et j’annonce avec une gêne feinte à mon patient que cela se présente assez mal pour lui.
J’écris rapidement sur du papier à en-tête : Votre texte n’est pas sans qualités, mais il ne correspond pas au type de livres que nous publions.
Je donne un grand coup de marteau : Silence, ou je fais évacuer la salle ! À l’accusé : Niez-vous les faits ?
Je porte une étole, et j’écoute la confession d’une jeune bourgeoise de Fontainebleau. Combien de fois par semaine, ma fille ?
Je rabats d’un coup sec l’écran de mon MacBook : N’insistez pas, c’est non.
Et puis cela me passe. »
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Lire le compte-rendu de cet ouvrage par Pierre Assouline sur son blog larepubliquedeslivres.com...
Et sur en-attendant-nadeau.fr :
"Jacques Drillon clôt la partition", par Steven Sampson (en ligne le 11 janvier 2023).
Coda, essai autobiographique de Jacques Drillon (1954-2021), prend la relève de Cadence (prix Valery-Larbaud 2020), en restant dans le registre de « C » (« do », premier son de la gamme naturelle selon la terminologie française). Si « cadence » désigne (entre autres) le rythme d’une œuvre, la coda marque sa fin. C’est donc sur une note crépusculaire que sort ce livre posthume, auquel on rend hommage un an après la mort de l’auteur, survenue le jour de Noël 2021.