« L’avenir m’apparaît, quels que soient les nuages sur l’horizon, plein de possibilités plus vastes que celles que nous entrevîmes par le passé. La passion, l’expérience amère, les fautes de la génération combattante à laquelle j’appartiens peuvent en éclairer quelque peu les voies. À cette condition unique, devenue un impératif catégorique: de ne jamais renoncer à défendre l’homme contre les systèmes qui planifient l’anéantissement de l’individu »
Ce livre, dans lequel Victor Serge décrit son itinéraire révolutionnaire, se lit comme un roman. Jeune, provenant d’un milieu défavorisé, Victor Serge, animé d’une soif d’absolu, juge la situation socio-politique tout à fait désespérante. (Remarquons que le désir d’absolu, étant irréalisable, engendre souvent, comme son envers, le désespoir.) Il milite alors dans des groupes d’allégeance anarchiste, est arrêté, puis condamné sous des prétextes fallacieux à la prison. En 1919, il quitte la France et se rend là « où ça se passe », en Russie. Victor Serge deviendra rapidement un bolchevik, mais sans jamais renoncer à son esprit critique. Il formera avec d’autres « l’opposition de gauche », groupe qui luttait en faveur des pratiques démocratiques et qui s’allia parfois avec Trotsky, tout en se distinguant de celui-ci qui ne proposait qu’un retour au léninisme, sans remise en question de l’autoritarisme. Ces opposants, comme tous les autres, furent disséminés par l’emprisonnement, la déportation et le meurtre. Serge demeura en liberté, évidemment très surveillée, jusqu’en 1933 : il fut alors déporté en Oural. Trois ans plus tard, il est libéré, grâce à la cabale menée par des amis progressistes de l’étranger. Ces dix-sept années de luttes, dans une Russie qui devient de plus en plus répressive, sont décrites à la lumière des événements vécus par l’auteur lui-même (Institut Tribune socialiste).