Traduction et présentation de Jacques Le Rider
Deux personnages se parlent : l'un, Walberg, raconte à l'autre comment il a fait la connaissance d'une jeune fille, Ludovica, violoniste dans un trio de dames, un soir de février à Vienne, lors de la saison des bals du carnaval. On comprend que Walberg est tombé amoureux de la jeune femme. Il souffre de ne pas être aimé par elle et de la voir préférer d'autres hommes qui la précipiteront dans le malheur.
Quatrième nouvelle écrite par Ferdinand von Saar, le « Maupassant viennois », La Violoniste met à nu la cruauté de la société de son temps. Inscrite dans la tradition du romantisme noir, elle analyse avec finesse et sensibilité le destin d’une femme de talent soumise à la domination masculine. Il s'agit d'une grande réussite de von Saar qui excelle à représenter les tourments de l’âme viennoise.
Poète, dramaturge et nouvelliste autrichien, Ferdinand von Saar (1833-1906) s’inscrit dans le courant européen du réalisme psychologique. Ses récits désabusés ont impressionné tant Arthur Schnitzler que Hugo von Hofmannsthal. Ferdinand von Saar est notamment l’auteur du Château de Kostenitz (Gallimard, 2003). Les éditions Bartillat ont publié Le Lieutenant Burda (2022) et Histoire d'une enfant de Vienne (2024), qui ont révélé le talent éclatant de cet écrivain.
Directeur d'études honoraire à l'École pratique des hautes études, Jacques Le Rider est germaniste. Il est l’auteur de nombreux essais sur la modernité viennoise.
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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :
"Mourir d’aimer", par Jean-Luc Tiesset
Publiée au milieu des années 1870, La violoniste est une des premières nouvelles écrites par Ferdinand von Saar (1833-1906). Au terme d’une courte carrière militaire et d’une longue période de galère, celui-ci commençait à peine à se faire un nom dans la littérature, soutenu par ses amis et mécènes : la trentaine de nouvelles qu’il publia au cours des années suivantes firent de ce grand pessimiste un des meilleurs chroniqueurs de la monarchie austro-hongroise finissante, à côté de ses cadets Stefan Zweig ou Joseph Roth.