Raison publique, n° 24 : "Titres d’impropriété. Dette, imposture, désappropriation" (Emmanuel Bouju, Loïse Lelevé, Mazarine Pingeot, dir.)
L’individu contemporain doit-il s’appréhender sous le signe de la dette ? Ce qui m’appartient en propre, ce à quoi improprement j’appartiens, ce que je dois, ce qui m’est dû, dessinent des frontières dont on peut retracer une histoire politique ou philosophique ; mais des frontières qui semblent prendre un relief particulier dans la succession de crises – politique, écologique, économique et sanitaire – qui marquent le paysage culturel, intellectuel et social depuis les années 2000, et qui nous incitent à interroger l’autonomie d’êtres et d’instances qui ne s’appartiennent qu’en tant qu’ils appartiennent également à un ensemble de réseaux régulés par des systèmes d’échanges à crédit.
Le présent ouvrage est le fruit des travaux réalisés dans le cadre du projet « Propriétés du propre et de l’impropre », inscrit dans le programme « Littérature à crédit. Roman européen contemporain et paradigme fiduciaire » d’Emmanuel Bouju à l’Institut Universitaire de France. Il a donné lieu à deux séminaires, « La propriété du propre. Dettes et appartenance » en 2018 et « La propriété de l’impropre. Faux et appropriation » en 2019, à la Villa Finaly de Florence. Les deux séminaires, interdisciplinaires, ont réuni chercheurs et écrivains autour de tables rondes, de lectures et de communications portant sur les notions de propriété et d’appartenance examinées au prisme de celles de crédit, de confiance et de dette, aussi bien dans la littérature et les arts contemporains qu’en sociologie, en philosophie ou en économie.
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Sommaire
Introduction
Emmanuel Bouju, Loïse Lelevé, Mazarine Pingeot
1. Impostures
La littérature est-elle toujours impropre ?
La preuve par l’imposture
Maxime Decout
L’Affaire « 53 jours », volume 1
Explorations de quelques enjeux heuristiques des vertiges de l’attribution
Gaëlle Debeaux
« Le romancier peut tromper, mais pas vous »
Mensonge et fiction dans L’Imposteur de Javier Cercas
Ricardo Bedoya-Forno
« Toutes les faussaires s’appellent Jeanne »
Analyse de la falsification au féminin
Loïse Lelevé
Coïncidences. Extraits futiles d’un auteur disparu, #1
(Sveva Ghez, Gênes 1882 - Paris 1959)
Carte blanche à Hélène Frédérick
2. Impropriétés
Le propre, comme de juste. Variations politiques autour d’un motif commun
Le règne de l’indistinction ou la négation du propre
L’Italie de Berlusconi dans Spaesamento de Giorgio Vasta
Sylvie Servoise
Liquidation de la dette et destruction du symbole chez Christos Chryssopoulos
Emmanuel Bouju
« Le discours au théâtre est discours de qui ? »
(Re)présentation et (dés)appropriation des voix minorisées sur la scène contemporaine
Sylvaine Guyot
Carte blanche à Pierre Senges
3. Appropriations
Peut-on tirer une leçon juste d’une expérience morale falsifiée ?
S’approprier le malheur, dans le sillage du Livre de Job
Frédérique Leichter-Flack
(Ré)appropriation de la catastrophe de Hiroshima par la science-fiction et la genbaku bungaku(1945-1970)
Zelda Chesneau
Écologie de la lecture. Un modèle d’appropriation
Benjamin Bouchard
Les enfants en deuil regardèrent les merveilleuses images
Carte blanche à Alban Lefranc
4. Désappropriations
L’inappropriable ou « l’opprimée du tout »
Maurice Blanchot : l’inappropriable ou l’exil de l’écriture
Sophie Nordmann
Dépasser l’imaginaire d’une nature propre à l’homme ?
Des robots de Westworld aux politiques queer de l’identité dans Vernon Subutex de Virginie Despentes
Flavia Bujor
Coïncidences. Extraits futiles d’un auteur disparu, #2
(Sveva Ghez, Gênes 1882 - Paris 1959)
Carte blanche à Nicole Caligaris
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Mis en ligne sur Cairn.info le 19/04/2022
ISBN 9782900337059