Après Mallarmé. Du sens des formes au sens des formalités (2008) et La Leçon des choses. Techniques imaginaires de Daniel Defoe à Georges Simenon (2021), Pascal Durand fait paraître Poésie pure et société au XIXe siècle (CNRS éd.) : du romantisme au symbolisme, la "poésie pure", formule de combat contre toute soumission du langage poétique à des fins instrumentales, tend à s’imposer en valeur directrice au sein du microcosme des poètes — "La poésie n’a pas la Vérité pour objet, elle n’a qu’Elle-même", affirmait Baudelaire en 1857. Pascal Durand s’attache à montrer que cette poésie de plus en plus repliée à l’intérieur de ses propres signes revêt des dimensions sociales spécifiques. Suivant une démarche nourrie de sociologie de la littérature et de rhétorique des textes, il y procède à deux échelles. Tantôt par l’examen de configurations répondant aux dynamiques de différenciation et de coalition du champ littéraire moderne : l’offensive des romantiques contre le formalisme, la doctrine de combat de Leconte de Lisle, le rapport officiel de Gautier sur les « Progrès de la poésie » en 1867, ou le Tombeau à la mémoire du même Gautier orchestré par les parnassiens. Tantôt par des lectures rapprochées, mettant en relief les opérations qui assurent, au cœur des textes, diverses médiations du social : transposition des structures du système poétique chez Mallarmé, mécanisme parodique des « beau comme » chez Lautréamont ou poétique du décor chez Laforgue. De la « forme idée » portée par Hugo à « l’initiative aux mots » chez Mallarmé, en passant par la prose furieuse des Chants de Maldoror, réflexivité faite œuvre, une troisième perspective se dessine : celle de théories proprement poétiques de la signification dont certains principes continuent de régir notre conception de la poésie. Fabula vous invite à découvrir un extrait de l'ouvrage… et à ire le compte rendu qu'en a donné Jacques Dubois…