Giono ? « C’est un monde ! » pourrait-on dire à la suite de l’auteur, pour pasticher ce qu’il dit dans Noé de personnages hors du commun et de « choses extraordinaires ». Et, de fait, l’œuvre de Giono est un monde en soi, avec son histoire et sa géographie propres, avec son humanité spécifique, avec son « système de références » à part.
Voilà ce qu’entend explorer cet ouvrage, issu en grande partie du projet de colloque pour le cinquantenaire de la mort de Jean Giono (1895-1970), en 2020. Il réunit ainsi des chercheurs et des universitaires sous la direction de Denis Labouret (Sorbonne Université) et d’Alain Romestaing (Université Clermont Auvergne), autour de trois thèmes : « Microcosmes », « Mondes d’ailleurs », « Créer / recréer le monde ». Ces études, qui convoquent œuvres célèbres ou méconnues, révèlent l’immense diversité et la richesse de Jean Giono, « l’écrivain-monde ».
Pour ouvrir un tel ensemble, une porte d’entrée s’imposait : celle du Paraïs, la maison de Giono, que Sylvie Durbet-Giono, la fille de l’écrivain, présente comme ce petit monde intime où sont nés tous les mondes de l’invention littéraire. Et, à l’autre bout de l’ouvrage, on trouvera l’hommage de Pierre Michon au « monde perdu » de l’Arcadie gionienne, ce paradis de l’enfance et de la poésie évoqué dans Virgile.