Éditer la poésie (XIXe–XXIe siècle). Histoire, acteurs, modes de création et de circulation, 4 (Sorbonne nouvelle)
Séminaire de recherche
Éditer la poésie (XIXe–XXIe siècle). Histoire, acteurs, modes de création et de circulation,
animé par Isabelle Diu (BLJD) et Serge Linarès (Sorbonne Nouvelle)
Quatrième séance : 17 mars 2022, 16h-19h
Université Sorbonne Nouvelle,
Maison de la Recherche, salle Mezzanine,
4 rue des Irlandais, 75005 Paris
(pour suivre la séance en ligne, écrire à serge.linares@sorbonne-nouvelle.fr)
Hélène Védrine (Sorbonne Université) : « Auguste Poulet-Malassis, éditeur de “titres artistiques, scandaleux ou tintamaresques” »
Les termes de la dédicace de Charles Baudelaire à Théophile Gautier en tête des Fleurs du mal ne pourraient-ils pas s’appliquer à Auguste Poulet-Malassis (1825-1878), l’éditeur du recueil mais aussi des poètes qui préfigurèrent le Parnasse ? N’est-il pas ce bibliopole « impeccable, […] parfait magicien », publiant sous des couvertures imprimées en noir et rouge, sur papier vergé, avec caractères spéciaux, frontispices à l’eau-forte et cartouches, des ouvrages qui offrirent un écrin raffiné à la perfection formelle des vers ?
Le propos sera centré sur l’étude de ce que G. de Contades (Bibliographie raisonnée et anecdotique des livres édités par Auguste Poulet-Malassis (1853-1862), 1885) désigne comme « trois livres-modèles aux titres artistiques, scandaleux ou tintamaresques » : Les Odes funambulesques de Théodore de Banville (1857), Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire (1857 ; 1861; 1866, Les Épaves) et Émaux et camées de Théophile Gautier (2e édition augmentée, 1858), auxquels il faut ajouter les Poésies complètes (1858) et les Poésies barbares (1862) de Leconte de Lisle. L’évocation de ces moments éditoriaux déterminants pour la poésie du xixe siècle permettra d’évaluer le rôle de Poulet-Malassis pour les arts poétiques qu’il permit de matérialiser, y compris, à partir de 1863 et avec son ami Albert Glatigny, pour l’édition de livres galants, arts priapiques et autres Parnasses satyriques.
Hélène Védrine est maître de conférences à la Faculté des Lettres de Sorbonne Université, membre du CELLF 20-21 (UMR 8599), et spécialiste de littérature française et d’histoire de l’édition au xixe siècle. Elle est l’auteur d’une thèse sur la littérature fin-de-siècle et Félicien Rops, artiste sur lequel elle a rédigé de nombreux articles et catalogues d’exposition. Dédiées au livre et à la revue illustrés au tournant des xixe-xxe siècles, ses recherches portent sur la question de l’illustration comme stratégie éditoriale et herméneutique.
Henri Scepi (Sorbonne Nouvelle) : « Éditer la poésie en revue : le vers libre dans La Vogue en 1886 »
Il s’agira d’examiner les conditions éditoriales, restreintes et élargies, dans lesquelles les premiers poèmes de Laforgue et ceux de Kahn sont publiés dans La Vogue en 1886. Revue laboratoire, conçue comme la plateforme de l’avant-garde du symbolisme, La Vogue est aussi le lieu où se dessinent des modes de lisibilité qui engagent fortement l’avenir du poème comme diction. Comment donc l’édition en revue du vers libre – et les contraintes de composition et de mise en page que celui-ci génère – a-t-elle contribué à informer une certaine réception de la poétique symboliste à la fin des année 1880 ?
Henri Scepi est professeur de littérature française du XIXe siècle à l’université Sorbonne nouvelle. Spécialiste de poésie, il est l’auteur de plusieurs essais sur Jules Laforgue - dont il a édité par ailleurs certains textes. Il a publié en 2008 Poésie vacante. Nerval, Mallarmé, Laforgue (ENS Edition) et en 2012, Poétique et théorie de la prose (Champion). Il a consacré de nombreux articles à Nerval, Baudelaire, Mallarmé, Lautréamont, Verlaine, Rimbaud, Apollinaire. En 2018, il a édité Les Misérables dans la Pléiade. Dernier titre paru : Baudelaire, la passion des images (Gallimard, 2021). À paraître : Baudelaire et le nuage (La Baconnière, 2022).
Olivier Bessard-Banquy (Bordeaux-Montaigne) : « De l’édition poétique aujourd’hui »
Quel est le panorama de l’édition poétique aujourd’hui ? Quel est le modèle économique d’un système très en marge aux ventes limitées ? Comment se décomposent les ventes ? Les manifestations comme le marché de la poésie à Paris ou les festivals en région comme les Lectures sous l’arbre ne sont-elles pas les derniers biais par lesquels la poésie peut vivre et respirer en France ? Le genre même de la poésie peut-il survivre sans le soutien des pouvoirs publics ?
Professeur en poste au Pôle des métiers du livre de l’université Bordeaux-Montaigne, Olivier Bessard-Banquy est notamment l’auteur de La Fabrique du livre aux éditions Du Lérot, un travail sur l’édition littéraire au XXe siècle à partir des archives d’éditeurs déposées à l’IMEC (et du fonds Gallimard aussi).