Jean Sénac, homme de radio, poète et militant politique algérien s’engagea dès le début de la guerre de libération nationale algérienne au côté du FLN et offrit ses compétences en termes d’écriture, de journalisme et d’édition pour soutenir l’indépendance de son pays. Poète prolifique, il ne cessa de soutenir les droits des peuples, d’écrire contre le colonialisme et l’aliénation tout en encourageant de nombreux jeunes poètes algériens. Attaqué vigoureusement pour son homosexualité mais aussi pour sa liberté de pensée dans une Algérie qu’il voulait ouverte et socialiste, il fut petit à petit mis à l’écart, menacé jusqu’à être assassiné en 1973 à Alger. Il laissa une œuvre poétique impressionnante de réalisme, de force politique et d’espoir populaire ainsi que des écrits louant une culture nationale révolutionnaire. Préfacé par Nathalie Quintane, Le soleil sous les armes publié par les éd. des Terrasses regroupe le seul essai écrit par Jean Sénac en 1957, et un recueil de poésie et d’hommages au poète algérien paru en 1981, Jean Sénac vivant. Sous-titré Éléments d’une poésie de la Résistance Algérienne, l'essai, qui reprenait le texte d'une conférence donnée à Paris à l’initiative de l’Union des Étudiants de la Nouvelle Gauche, venait braver la censure française pour servir la cause algérienne auprès de l’opinion publique française, en offrant aussi une première anthologie de la poésie algérienne. Jean Sénac vivant nous redonne des textes d'hommage signés par Jean Dejeux, Jean Pélégri, Robert Llorens, Emmanuel Robles, Eugene Evtouchenko… mais aussi deux des derniers recueils de poésie de Sénac : A-Corpoème et Les Désordres.
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Comment être utile dans un contexte de colonisation et de guerre de libération ? C’est la question qu'eurent aussi à se poser le Béarnais Pierre Bourdieu et le Kabyle Abdelmalek Sayad en pleine effervescence révolutionnaire. Dès leur première rencontre, à l’Université d’Alger, en septembre 1958 (ils ont 25 et 28 ans), va se nouer une forte amitié intellectuelle sur la base d’une même volonté de comprendre et de changer le cours des choses. Amín Pérez leur rend hommage dans Combattre en sociologues, un essai que Fabula salue plus longuement dans sa rubrique "Débats"…