On lit partout et on répète souvent que la Poétique d'Aristote entérine d'emblée le divorce entre la parole poétique et le spectacle scénique. Aristote n’aurait-il donc rien compris à la spectacularité du théâtre ? Ou bien s’agit-il là d’un préjugé, tributaire d’interprétations et corrections du texte sédimentées au fil des siècles ? Dans un essai accueilli par la collection "L'esprit des signes" des éditions Mimèsis, sous le titre Voir le théâtre. Théories aristotéliciennes et pratiques du spectacle, Guillaume Navaud entreprend de réinscrire la Poétique dans le projet philosophique d’Aristote, mais aussi de retracer l’histoire de sa réception à la fois chez les théoriciens et chez les praticiens du théâtre – en particulier ceux qui, entreprenant d’adapter sur scène Œdipe roi, ont dû se confronter à un problème imprévu : la tragédie érigée en modèle par Aristote ne contredit-elle pas la marginalisation du spectacle défendue par le classicisme ? Abordée sous la forme d’une enquête quasiment policière, cette traversée au cœur de la théorie occidentale du théâtre invite à prendre conscience que les héritages du passé peuvent conditionner inconsciemment nos interrogations présentes, mais aussi les éclairer. On peut lire sur Fabula l'Avant-Propos de l'ouvrage…