Devant l'aggravation de la situation climatique, devant la marche forcée de la sixième extinction, devant l'impuissance et la dispersion de l'écologie politique se pose la question pressante d'une "écologie littéraire". Débrouiller cette question exige un état des lieux : pendant que le monde brûle, que fajt la littérature ? Que font les études littéraires ? Que devient l'écopoétique ? Ce double numéro de nos revues Fabula-LhT et Acta fabula, "Écopoétique pour des temps extrêmes", conçu et dirigé par Jean-Christophe Cavallin et Alain Romestaing, avec Christine Marcandier pour le dossier d'Acta fabula, se donne pour mission d'ouvrir le débat autour de ces questions urgentes, en situant notre discipline dans l'urgence de ce qui a lieu. Le sommaire du numéro de Fabula-LhT, qui donne aussi à lire une série d'entretiens, fait entendre une nouvelle génération de théoriciens qui œuvrent à une nouvelle convergence des luttes : la "convergence des langages (scientifiques, politiques, littéraires et artistiques) chargés de réanimer une nature outrageusement désanimée par la modernité".
Comme à l'accoutumée, le numéro se trouve adossé à un très riche dossier critique d'Acta fabula, coordonné par Christine Marcandier et Jean-Christophe Cavallin, qui rend compte des très nombreuses parutions dans le champ de l'écopoétique, en offrant en outre des traductions inédites de quelques essais importants de T. Clark, S.C. Estok et S. Plumwood. L'ensemble des contributions, entretiens, traductions et comptes rendus ébauche une cartographie des fronts activés ou réactivés par l'écopoétique contemporaine : inscription des études littéraire dans l'écosystème des humanités environnementales ; exploration des liens « archéologiques » qu’elle entretient avec le groupe des disciplines travaillant au décentrement de l’universalisme occidental (études décoloniales, écoféminisme, animal studies) ; réflexion poétologique sur la relation entre textualisme et culture du vivant, formes littéraires et formes de vie, etc.