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Faute(s) de goût : esthétique, éthique et politique (Toulouse)

Faute(s) de goût : esthétique, éthique et politique (Toulouse)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Clément Dutrey)

Colloque Jeunes Chercheurs PLH

« Le mauvais goût a son droit autant que le bon goût. » Si depuis l'Antiquité le mauvais
goût est volontiers relégué à des marges infréquentables, Nietzsche, dans Le gai savoir lui rend
son droit de cité et le présente comme le corollaire nécessaire au bon goût. Pourtant, loin d'être
une évidence, dans bien des cas leur distinction prête au débat et souligne la subjectivité des
goûts. La notion de « faute de goût » semble ainsi contredire toute tentative d'apaisement : si
faute il y a, c’est bien par rapport à une règle, qui se veut la plus large possible. C’est ce que
remarque Emmanuel Kant dans la Critique de la faculté de juger : selon lui, les jugements de
goûts « prétendent à la nécessité et disent, non que chacun juge ainsi [...], mais que l’on doit
juger ainsi… » La faute de goût est donc une discordance par rapport à un système de
conventions plus large, une rupture d’harmonie entre un ou plusieurs éléments et une totalité
normée.

Si nous empruntons ici le vocabulaire de l’esthétique, et même plus précisément de la
musique, force est de constater que la notion de faute de goût s’utilise dans une grande variété
de contextes : certains auteurs l’utilisent pour juger de l’apparence ou du comportement d’un
personnage, afin d’en faire la satire ou de souligner son immoralité ; elle peut, d’autre part,
constituer une transgression artistique délibérée visant à attaquer frontalement les codes
esthétiques traditionnels ou contemporains. Dans une optique similaire, elle apparaît parfois
comme le marqueur d’une compréhension et d’une maîtrise imparfaites des codes auxquels la
production artistique entend se conformer. Sur un plan social, certains groupes sociaux s’en
emparent en signe de « distinction » selon la terminologie bourdieusienne. Enfin, elle peut naître
de l’interaction entre différentes cultures, en particulier dans le cadre du système de normes et
de conventions qui structurent l’échange diplomatique.

Ce Colloque Jeunes Chercheurs se propose d'interroger la notion clivante de faute de
goût ainsi que les enjeux littéraires, artistiques, sociaux et culturels qu'elle suppose de
l'Antiquité à nos jours. Simple maladresse individuelle, ou manifestation d'une transgression
salvatrice face à un ordre préétabli, la faute de goût dérange et ne cesse de fasciner.

Présentation et synthèse des axes de communication

Le dégoût et l’immoralité : personnes et personnages, l’immoralité et la discordance face
au jugement des auteurs

• Exemplaires et dégoûtants : les personnages inconvenants ou immoraux sous le
jugement des auteurs.
• Faute de goût, ridicule, et satire : rire du fautif pour corriger les mœurs.
• Laideur, grotesque et comportement : quand l’habit fait (ou non) le moine.
• Trébucher pour mieux s’élever : la faute de goût comme étape d’un récit de formation.

L’esthétique : l’inesthétique, la laideur, le bon goût, renverser les modes et les traditions

• Trivialité, grotesque et laideur : différentes facettes de la faute de goût esthétique.
• Fantaisie et exubérance : la singularité face à la norme.
• Le défaut de jugement esthétique : faute avouée à moitié pardonnée ?

L’éthique sociale : de la réaction à l’émancipation, débats et luttes, transgression des codes
sociaux

• Entre rejet et construction d’un système de normes : élaborer les transitions
• La faute de goût comme marqueur involontaire d’une stratégie de maintien ou
d’ascension sociale
• Détourner les conventions : un outil de lutte et de critique pour les individus et les
groupes sociaux

La transgression culturelle : conventions, bienséance, compromis et mœurs diplomatiques

• La transgression volontaire et la provocation culturelle
• La fausse note culturelle, notamment dans le cadre diplomatique
• Dépasser la faute de goût et trouver des compromis : le terrain d’entente culturel

                                                                *

Les communications prendront la forme d’une présentation orale de 20 minutes suivie d’une
discussion avec le public.

Les jeunes chercheuses et chercheurs intéressé.e.s, doctorant.e.s ou docteur.e.s ayant soutenu
leur thèse depuis moins de trois ans, sont invité.e.s à décliner leurs propositions en fonction des
axes donnés ci-dessus. Ces propositions sont à soumettre (cf. formulaire joint) sous la forme
d’un titre et d’un bref résumé de l’intervention (300 mots maximum), et doivent être
accompagnées d’une courte présentation (sujet de recherche, directeur.trice de thèse s’il y a
lieu, université et équipe de rattachement).

Les propositions sont à envoyer à l’adresse e-mail colloque-jc-plh@univ-tlse2.fr pour
le 20 janvier 2022 au plus tard.

Les présentations sélectionnées par le comité scientifique vous seront communiquées au début
du mois de février.

La présentation détaillée des différents axes peut être téléchargée à l'adresse suivante : https://www.cjoint.com/c/KLdn7l5QUCq