Décembre 2021 marque le trentième anniversaire de la mort d'Hervé Guibert. La collection Folio réédite l'essentiel de ses titres, sans toutefois les accompagner du travail éditorial devenu indispensable. Faute de savoir accueillir l'auteur du Protocole compassionnel dans la Bibliothèque de la Pléiade, où il aurait sa place mieux que d'autres, Gallimard le fait entrer dans la collection L'Imaginaire avec L'Incognito (1989), préfacé par Oscar Coop-Phane et Jean-Baptiste Del Amo. Le narrateur Hector Lenoir, y raconte son séjour dans une Académie espagnole ressemblant fort à la Villa Médicis. Ici, Hervé Guibert brosse un vaste portrait satirique des directeurs, des pensionnaires délurés et de leurs relations entortillées, les vivants et les morts semblant se côtoyer dans un monde de fous. La nuit, on se promène de club en club, de boîtes de nuit en jardins hantés. L’un des bars planqués s’appelle L’Incognito. Là-bas tout peut arriver, même le meurtre sordide d’un fonctionnaire homosexuel amateur de prostitués. Alter ego de l’auteur, Hector digresse sur la littérature, sur le conflit éternel entre réalité et fiction, et par là constate que le mensonge et les masques semblent souvent plus réels que la vérité nue.
—
—
Sous le titre Hervé Guibert. Articles 1980-1995 (Gallimard), Raymond Bellour fait paraître de son côté les textes par lesquels il a accompagné, dans le Magazine littéraire, avec un rare discernement, la plupart des livres du jeune auteur, rencontré à dix-sept ans, lorsque ce dernier présentait le concours d'entrée de l'Institut des hautes études cinématographiques, auquel il échoua. Maxime Dalle propose de regarder Guibert comme un classique pour notre temps, entré Dans les braises d'Hervé Guibert (Louison éd.).
—
D'année en année, notre revue Acta fabula a également accompagné les publications relatives à Guibert.