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Charles Reznikoff : Inscriptions 1894-1976 (Paris Nanterre)

Charles Reznikoff : Inscriptions 1894-1976 (Paris Nanterre)

Publié le par Marc Escola (Source : Naomi Toth)

Appel à communications 

Charles Reznikoff: Inscriptions (1894-1976)

(scroll down for English)


Colloque international
Université Paris Nanterre, France
1-3 juin, 2023 

Conférences plénières : Norman Finkelstein, Michael Heller. 


Charles Reznikoff (1894-1974) aura consacré sa carrière comme sa vie à recueillir ces signes du présent et du passé qui, pour cet Américain de la première génération, né de parents fuyant les pogroms qui sévissaient en Russie à la fin du dix-neuvième siècle, dessinèrent une vision du monde singulière. Poète new-yorkais, de toute évidence, Reznikoff fut aussi le dépositaire d’un héritage lié à une longue histoire. Les lecteurs de Reznikoff connaissent, entres autres, l’épisode fameux de la destruction des vers en hébreux du grand-père russe de l’auteur, dont les manuscrits furent brûlés en hâte, et ils n’ignorent pas le riche dialogue que l’écriture de Reznikoff, parfois étrange, souvent expérimentale, entretient avec les questions liées aux notions de perte et d’anéantissement. La vocation du poète et son besoin d’inscrire sa voix sur la page est cependant contrebalancée par la volonté, chez Reznikoff, de préserver les voix de ceux dont l’expérience échappe à nos oreilles, échappe à l’inscription. 

C’est en ce sens que le thème général de l’« inscription » se veut une porte d’entrée, ouvrant aussi bien sur la relation que Reznikoff entretient avec les paysages citadins où il s’inscrit, à Manhattan et à Brooklyn, mais aussi de manière à prendre en compte les vies dont il témoigne depuis son expérience d’avocat, ainsi que celles qui peuplent sa mémoire pleine des traces de sa culture juive, telles qu’il les représente au prisme de sa lecture de la Bible dans son recueil de 1959, Inscriptions: 1944-1956.
 
L’histoire de la publication de l’œuvre de Reznikoff témoigne elle-même de sa détermination à laisser son empreinte. Son premier recueil, Rhythms fut publié par ses soins en 1918, dans un sous-sol de Brooklyn, bientôt suivi par Rhythms IIen 1919. L’indépendance dont Reznikoff fit preuve vis-à-vis du monde de l’édition ne fut que brièvement interrompue, lorsque New Directions publia, dans les années soixante, By the Waters of Manhattan puis Testimony. Tout au long de sa vie, l’ambition de Reznikoff ne l’abandonna jamais, au point d’utiliser sa propre presse, et d’apprendre la typographie pour la publication de son recueil Five Groups of Verse, en 1927. Depuis sa disparition, l’œuvre de Reznikoff n’a cessé d’influer sur le cours de la poésie américaine, les éditeurs d’avant-garde s’efforçant d’inscrire à leur tour sa poésie dans le paysage littéraire (Black Sparrow Press ; Black Sparrow Books).
 
Reznikoff demeure pourtant énigmatique, car il est un poète aux racines aussi nombreuses que les visages. Sa précision et son sens de l’économie, l’humilité au nom de laquelle son œuvre est souvent célébrée, n’en ont pas moins conforté sa réputation d’orfèvre, tandis que le riche éventail de ses centres d’intérêts, à la fois comme poète, traducteur, dramaturge, un temps scénariste, et romancier, à quoi il faut ajouter la nature expressément éthique de ses préoccupations, ont grandement élargi son lectorat. Son sens de l’exactitude poétique, interprété comme la marque d’une froideur de juriste, en référence à la formation initiale de Reznikoff, est en même temps indissociable de l’engagement passionné très souvent implicite dans son œuvre. Et s’il convient par ailleurs d’entendre aussi le rapport de Reznikoff à la loi dans une perspective religieuse, là encore, même si le rôle du judaïsme parmi les sources de sa poésie n’est plus minoré, sa nature et son périmètre dans l’œuvre demeurent l’objet de débats. De façon comparable, on constate que des visions tirées d’une lointaine tradition se mêlent sans peine, chez Reznikoff, à un sens aigu de l’observation dans un contexte urbain contemporain, à la manière de ses camarades « objectivistes » Louis Zukofsky, George Oppen et Carl Rakosi, c’est-à-dire dans le cadre d’une célébration de l’ordinaire, du simple et de l’humble, qui à son tour bascule, du fait des problématiques sociales, politiques et culturelles qui s’y révèlent, dans la déploration du sort des pauvres, des miséreux et des exclus. C’est sans doute ce va-et-vient constant, ce riche témoignage polychromatique qui atteste de la pertinence renouvelée de Reznikoff sur tant de niveaux d’interprétation entremêlés. 
 
Depuis au moins trois décennies, son œuvre aura été découverte et redécouverte, traduite encore et encore, de l’autre côté de l’Atlantique et en Amérique du Sud en particulier. De plus en plus cité par les poètes français comme un modèle, source de nouvelles formes, approches et pratiques, sa contribution singulière à la poétique du document, de l’archive, son rapport à la loi, ainsi qu’à l’écriture de l’histoire, lui valent une reconnaissance critique renouvelée, de même qu’un nouveau lectorat, doublé du public qui découvre ses textes lors d’adaptations scéniques. 
 
Cette conférence internationale, la première à être intégralement dédiée à l’œuvre du poète américain Charles Reznikoff, vise à explorer son œuvre à travers les perspectives suivantes :
 
-       La filiation de Reznikoff aujourd’hui.
 
-       Reznikoff et l’histoire.
 
-       Reznikoff et la poésie documentaire, l’archive et le témoignage. 
 
-       Les adaptations de Reznikoff sur scène (pièces et adaptations).
 
-       Reznikoff et la loi.
 
-       Reznikoff et le judaïsme.
 
-       Reznikoff et la ville.
 
-       Reznikoff et l’ordinaire.
 
-       Reznikoff et la simplicité.
 
-       Reznikoff et le rythme.
 
-       Reznikoff et l’Objectivisme aujourd’hui.
 
-       Reznikoff et l’autobiographie.
 
-       Reznikoff et la Shoah.
 
-       Reznikoff en France et en français.
 
-       Reznikoff en espagnol.
 
-       Traduire Reznikoff.
 
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Un résumé de 250-300 mots, en anglais ou en français, accompagné d’une brève présentation biographique de 150 mots, peut être envoyé à paris.reznikoff.23@gmail.com avant le 1er mai, 2022.

Réponse le 15 juillet 2022.
 
Comité d’organisation :

Xavier Kalck (Université de Lille, France), Fiona McMahon (Université Paul Valéry Montpellier 3, France), Naomi Toth (Université Paris Nanterre, France).


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Call for Papers

Charles Reznikoff: Inscriptions (1894-1976)
International Conference
Université Paris Nanterre, France

June 1st-3rd, 2023
 
Keynote speakers: Norman Finkelstein, Michael Heller.

 
The career of the poet Charles Reznikoff (1894-1974) may be viewed as a lifetime spent recording the present and the past that frames the world of this first generation American, whose parents fled the pogroms in Russia at the end of the nineteenth century. In many ways a poet of New York, Reznikoff was also the keeper of a poetic heritage tied to a long history. Readers of Reznikoff will for instance be familiar with the fabled sacrifice of his Russian grandfather’s Hebrew verse, hastily thrown in the fire and the layered response Reznikoff’s writing, often quizzical if not experimental, offers to the theme of destruction and loss. The poet’s dedication to his own vocation as a writer is equaled by a resolve to retrieve the voice of those whose experience is yet to be heard, yet to be inscribed.

The overarching theme of “inscriptions” thus provides an entry into the relationship Reznikoff never ceased to explore between the landscapes he observed walking the streets of Manhattan and his native Brooklyn but also those he witnessed thanks to his experience as a lawyer and through the memory of Jewish culture, recounted from the vantage point of the Bible in his 1959 collection of poems, Inscriptions: 1944-1956.

The publication history of his work bears witness to the determination to leave a mark. His first book of poems, Rhythms was privately printed in 1918 in a basement in Brooklyn, New York, followed by Rhythms II in 1919. Reznikoff’s independence from commercial publishing was only briefly interrupted when New Directions put out two volumes in the 1960s (By the Waters of Manhattan; Testimony). Over the course of his lifetime, Reznikoff’s resolve to establish a print legacy never subsided, using his own press, teaching himself to typeset for instance his 1927 collection, Five Groups of Verse. Reznikoff’s writing has never ceased to inflect the course of American poetry and after his death, avant-garde publishers resumed the work of durably inscribing his poetics (Black Sparrow Press; Black Sparrow Books).

Reznikoff’s work remains nonetheless somewhat enigmatic, for he is a poet of many roots and as many facets. Precision and spareness, the humble qualities for which his work is most often recognized, have nonetheless secured his reputation as a rare craftsman, while the range of his writing as a poet, translator, playwright, one-time screenwriter, and novelist, combined with the acutely ethical nature of his concerns, have far extended his readership  If his sense of poetic exactness has been seen as an echo of his initial legal training, so could the sense of advocacy often implicit in his work be said to stem from this same background. Yet Reznikoff’s connection with the law must also be balanced with his preoccupation for the Law from a religious perspective. As for the role played by Judaism as a source in Reznikoff’s poetry, it is no longer understated, though the specific scope of that resonance within his work is still being investigated. On a similar note, visions from a past tradition combine effortlessly in Reznikoff with a sense of sight and observation in an urban context that, much like his “objectivist” fellow-poets Louis Zukofsky, George Oppen and Carl Rakosi, celebrates the ordinary, the simple and the plain, yet immediately question it from a social, political, and cultural standpoint, revealing the world of the poor, the downtrodden and disenfranchised. 

It is no doubt this constant to-and-fro, this richly polychromatic witnessing that testifies to Reznikoff’s enduring relevance on so many delicately interwoven levels of interpretation. For at least the last three decades, his work has been discovered and rediscovered, translated and re-translated, across the Atlantic and in the Southern Americas in particular. Increasingly cited by French poets as a model for the invention of new formal approaches to poetic practice, his singular contribution to reflections on the document, the archive, the law, and the writing of history has garnered renewed critical recognition, and it has found new audiences and resonances in adaptations to the stage.

This international conference, the first entirely dedicated to the American poet Charles Reznikoff in France, will seek to explore it through:
 
-       Reznikoff’s Legacy Today.
 
-       Reznikoff & History.
 
-       Reznikoff & Documentary Poetry, Archives and Witnessing.
 
-       Stage Adaptations of Reznikoff’s Work (including but not limited to his plays).
 
-       Reznikoff & the Law.
 
-       Reznikoff & Judaism.
 
-       Reznikoff & the City.
 
-       Reznikoff and the Ordinary
 
-       Reznikoff & Simplicity.
 
-       Reznikoff & Rhythm.
 
-       Reznikoff and Objectivism Now.
 
-       Reznikoff and Autobiography.
 
-       Reznikoff and the Shoah.
 
-       Reznikoff in France and in French.
 
-       Reznikoff in Spanish. 
 
-       Reznikoff and Translation.
 
Abstracts of 250-300 words, in English or in French, along with biographical statements of 150 words, should be submitted at paris.reznikoff.23@gmail.com by 1 May 2022. Replies to follow by 15 July 2022. 
 
Organizing committee :

Xavier Kalck (Université de Lille, France), Fiona McMahon (Université Paul Valéry Montpellier 3, France) and Naomi Toth (Université Paris Nanterre, France).