Ecrivain discret, néanmoins capital, Pierre Bergounioux poursuit depuis plusieurs années une œuvre autobiographique dont la qualité et l’exigence séduisent jusqu’aux écrivains et critiques les plus reconnus. L’année 2021 est, de ce point de vue, une année faste : l’auteur du Grand Sylvain et du Matin des origines reçoit le Prix de la langue française 2021 ; il suit ainsi Pierre Guyotat (2018) et Philippe Dalembert (2019). Le lecteur peut aussi lire la cinquième livraison de ses Carnets de notes 2016-2020 chez Verdier, ainsi que deux récits : Agir, écrire et Les restes du monde, coécrit avec Joël Leick, tous deux réédités chez Fata Morgana. Un essai, Russe, complète cette liste.
Un essai, Le sens des mots, publié chez l’Escampette (avec des photographies de Marc Deneyer), continue sa réflexion sur la Corrèze, la distance irrémédiable entre le vécu et la langue, et la mêle à l’histoire de la Gaule. Plus les années passent, plus l’œuvre de Bergounioux semble une perpétuelle improvisation sur de nouveaux thèmes : à l'aide d'une fidèle collection de souvenirs (la maison rose, l’envoi au lycée, le départ à Paris, la bibliothèque de Brive), auxquels s’adjoignent de nouveaux faits, il s’efforce de comprendre « le monde », cette « énigme massive, rocheuse, protéiforme, indéchiffrable. ».