Disparu en février 2020 à l'âge de 96 ans, Bernard Pingaud a été un infatigable acteur de la vie culturelle et littéraire aux côtés de J. Lang sous les deux mandats de F. Mitterrand. Auteur d'une vingtaine de romans et essais parus chez Gallimard (La voix de son maître, 1973; Adieu Kafka, 1989) et au Seuil (Bartoldi le comédien, 1996; Au nom du frère, 2002 et Vous, 2015), il a laissé aussi une œuvre autobiographique inaugurée par la publication d'un volume de mémoires sous le titre Une tâche sans fin (Seuil, 2009). Les éditions Le temps qu’il fait, qui avaient déjà repris en volume quelques textes à caractère autobiographique sous le titre Piété filiale (2018), donnent à lire aujourd'hui un nouvel opus: C'est à dire, conçu comme "une sorte de roman où les personnages seraient remplacés par des questions, l’intrigue par des raisonnements, écrit un peu à la diable (tout juste griffonné) et fertile en digressions ou détours". Sous le beau titre de L'Occupation des oisifs. Les éditions Classiques Garnier réédtitent régulièrement son Précis de littérature et textes critiques, qui rassemble un choix d'articles parus entre 1950 et 2000. Mais c'est au Seuil que l'on pourra trouver son maître-livre, salué en son temps par Fabula: La bonne aventure. Essai sur la "vraie vie", le romanesque et le roman (2007). La vraie vie ? Pour Rimbaud, elle est "absente". Pour Proust, c'est la "littérature", donc elle n'existe que dans les livres. Pour Pingaud, c'est le romanesque lui-même.
(B. Pingaud en janvier 1990, photo @Sophie Bassouls)