XIIeColloque de Coppet – « Le Groupe de Coppet et la religion »
Université Georg-August de Göttingen, 9-11 novembre 2022
Depuis le couple Necker, pour ainsi dire fondateur du Groupe de Coppet, jusqu’aux plus jeunes de ceux qui l’ont fréquenté (Barante, Auguste de Staël), la prise en compte du religieux comme composante anthropologique, culturelle et sociale est une constante. C’est elle, notamment, qui permet de distinguer ce groupe d’autres milieux actifs dans le même temps comme celui des Idéologues. On ferait toutefois fausse route à vouloir reconstituer une théologie de Coppet, alors même que dans beaucoup d’écrits issus de ce cercle, le paramètre religieux s’impose comme une donnée primordiale. Mais le traitement de cette donnée révèle des variations nombreuses dans les présupposés, les points de vue, les orientations : entre les approches essentiellement morales de Necker, à la fois morales, philosophiques, esthétiques et sociales de Germaine de Staël, philosophiques de Bonstetten, culturelles de Sismondi, historiques et anthropologiques de Benjamin Constant ou d’August Wilhelm Schlegel, c’est un spectre de pensée très large qui s’ouvre, où l’on traite moins de religion à proprement parler que d’« idées religieuses », de « sentiment religieux », d’« inspiration religieuse ».
C’est à la mesure et à l’examen de ces variations que ce colloque est consacré, ce qui devrait inviter aussi à la variété dans les contributions qui sont attendues. On devrait y voir se rencontrer et dialoguer des études de cas singuliers (telle position d’auteur, telle œuvre, voire telle circonstance), des mises en regard comparatives, des analyses conceptuelles, des approches synthétiques à large spectre, où se croiseront aussi les inspirations méthodologiques, qu’elles soient ancrées dans l’histoire des idées, l’historiographie des religions, la science politique, la biographie, l’esthétique et les théories de la littérature, la philologie, la philosophie ou l’anthropologie. Quant au Groupe de Coppet lui-même, il doit être entendu dans l’appréhension la plus large des liens qui l’ont constitué : coprésence et débats, voire co-écriture, correspondance et rencontres hors de Coppet ; les acteurs à convoquer peuvent donc largement émarger au cercle des figures tutélaires du groupe.
Haut lieu de l’érudition allemande, Göttingen est aussi, au temps du Groupe de Coppet, un foyer intellectuel particulièrement rayonnant, notamment dans les domaines de l’histoire, de la philosophie et de la théologie. Quand il s’y installe pour travailler à son ouvrage sur la religion, en 1811, accueilli par son grand ami Charles de Villers, Benjamin Constant ne peut pas rencontrer le célèbre historien des religions Christoph Meiners, mort une année plus tôt, dont il citera abondamment les travaux. Mais d’autres savants sont là, réunis sous une même conception totalisante de l’histoire, assurément attrayante pour lui, et il y a surtout une formidable bibliothèque dont il profitera abondamment. Tant de bonnes raisons pour tenir à Göttingen ce XIIe colloque de Coppet où sera abordée frontalement pour la première fois la question, complexe mais omniprésente, de la religion chez les auteurs du Groupe de Coppet.
Les propositions sont à envoyer avant le 31 mai 2021à l’adresse suivante : gottingen2022@gmail.com.