L’industrie culturelle contient une nouvelle idée de peuple : le public, qui s’offre en effet comme une réinvention du populaire et s’impose par ses chiffres inouïs. Ne manque-t-on pas pourtant une dimension de la question culturelle, voire sa vérité, à penser que plaire au plus grand nombre, c’est s’adresser à tous ? S’adresser à tous fut la visée du théâtre du peuple et de ses avatars modernes – théâtre civique, populaire, public, etc. Le théâtre, à partir de la Révolution française, propose une articulation entre art et politique qui fait de la scène l’un des lieux privilégiés de la construction du peuple. C’est cette exigence qui porte aujourd’hui le nom de culture. Cet essai tente de faire l’analyse et la généalogie des termes qui structurent le discours du théâtre et la construction de son mythe moderne. On y trouvera une issue aux impasses du « théâtre politique » actuel. On y lira surtout les grands énoncés et les scansions propres à notre pensée contemporaine de la culture.
Diane Scott est l’auteure de Carnet critique, Avignon 2009 (L’Harmattan, 2010) et de Ruine. Invention d’un objet critique (Amsterdam, 2019). Elle est la rédactrice en chef de Revue Incise, publiée par le Théâtre de Gennevilliers. Elle exerce la psychanalyse à Paris.
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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :
"Le théâtre et son public", par Olivier Tonneau (en ligne le 14 novembre 2021).
« L’épicentre de ce livre », écrit Diane Scott dans S’adresser à tous, « se situe au point instable des rapports entre théâtre, art et culture ». Son constat initial est la prévalence de l’affirmation, contre le théâtre d’art, de la vocation politique du théâtre. Or l’opposition entre art et politique est problématique à plusieurs titres.