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Appels à contributions
L’œuvre d’Ananda Devi entre l’Orient et l’Occident

L’œuvre d’Ananda Devi entre l’Orient et l’Occident

Publié le par Université de Lausanne (Source : Buata Malela)

L’œuvre d’Ananda Devi entre l’Orient et l’Occident

Appel à contributions

 

En publiant sous le nom d’Ananda Devi, Ananda Devi Anenden est devenue, au cours de trois dernières décennies, le plus grand écrivain de l’Île Maurice, son pays d’origine, ainsi que de toute une partie sud-ouest de l’Océan Indien, immense région dans laquelle se croisaient autrefois les influences politiques et culturelles hollandaise, française et anglaise, en se superposant à - et parfois même en se laissant submerger par - un substrat africain, malgache, indien et chinois et en créant par là des amalgames linguistiques, culturels, culinaires et ethniques d’une grande originalité et richesse.

Lauréate de maints prix prestigieux pour son œuvre fort appréciée et étudiée au monde entier, depuis 1989, Ananda Devi vit à Ferney-Voltaire en France. Pendant ces trente dernières années, tout en travaillant comme traductrice à Genève, l’écrivaine construisait son univers imaginaire reconnaissable entre tous, en publiant, surtout en France, une douzaine de romans, trois recueils de poèmes et quatre recueils de nouvelles.

Plusieurs de ses romans sont accessibles en anglais, hindi, slovène, roumain, bulgare, portugais, polonais, allemand, espagnol, italien, suédois et en d’autres langues vers lesquelles on ne cesse de les traduire.

Comme c’est le cas des plus grands écrivains, Ananda Devi a su démontrer, à travers ses particularités et couleurs locales, un caractère universel des problèmes auxquels sont confrontés et que cherchent éperdument (et souvent en vain) à résoudre les habitants de sa petite île natale de 1800 kilomètres carrés de surface sur laquelle évoluent un million trois cent mille habitants dont chacun s’accroche à son identité ethnique (française, indienne, chinoise, musulmane, voire créole).

Elle est l’un des rares auteurs du monde contemporain qui sait unir dans ses ouvrages des qualités artistiques d’une prose à haut tonus poétique avec une rare compassion que recèlent ses descriptions crues des maux que subissent ses personnages de laissés pour compte, de femmes subordonnées à la violence patriarcale, ainsi que de monstres malheureux rejetés par la société à cause de leurs malformations corporelles et mentales.

Devi voue à ses personnages une empathie voilée sans s’abaisser jamais à un misérabilisme facile, en sachant cependant infuser dans son monde un brin d’humour, voire d’ironie qui éclairent d’un rayon légèrement adoucissant l’horreur de cet univers représenté en général sombre qui, de réalisme sans concession pour aucun des tabous convenus de bienséance glisse parfois imperceptiblement vers un fantastique à fonction subtilement consolatrice, mû par la force d’un processus de métaphorisation puissant et hautement original qui à chaque pas esthétise l’horrifique sans l’annuler mais, bien au contraire, en ajoutant une dimension artistique à la vision anti-paradisiaque de l’île natale de l’auteure que celle-ci sait élever à la démesure de son immense talent d’écrivain hors de pair en créant une « Mauricie » anandadevienne à la fois très locale et parfaitement universelle.

Dans ce dossier de la revue Romanica Silesiana, 2022 : no 1 (21),  centré sur l’œuvre d’Ananda Devi, on se propose de réfléchir sur sa place dans la littérature mondiale, sur la prépondérance de l’influence océanindienne, issue de ses origines et de sa formation familiale dans un milieu culturel qui semblait la prédestiner à l’identité orientale, voire sur sa part occidentale qu’elle a acquise au cours de son éducation, des lectures et de sa vie en France. On peut se demander auquel de ses deux grands axes culturels appartiennent les grands thèmes qui jalonnent son œuvre, peut-on conclure à une hybridité féconde et si telle serait la réponse, il serait intéressant de soumettre à l’analyse les ingrédients particuliers de cet amalgame et d’évaluer quelle part y prévaut.

Plusieurs axes de lecture de l’œuvre anandadevienne sont possibles, comme par exemple :

question d’identité : entre le salut et la fatalité/entre la crise et l’épanouissement,

existence insulaire : le centre vs. la périphérie,

la richesse vs. la pauvreté,

dualisme existentiel : le paradis ou/vs. l’enfer

l’eau : la source vitale, espace naturel et la mort

l’Océan Indien : entre l’ouverture et le cloisonnement

Pour tous ces axes, l’analyse de l’inscription de l’œuvre d’Ananda Devi dans l’espace culturel océan-indien sera particulièrement appréciée. 

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Les propositions de contribution d’environ 300 mots (en français ou en anglais) accompagnées d’une courte notice biographique devront être envoyées avant le 15 mai 2021 aux adresses suivantes : (jarosz.km@gmail.com et andrzej.rabsztyn@us.edu.pl)

La réponse du comité de lecture sera communiquée à toutes les personnes intéressées avant le 22 mai 2021.

Le délai final du dépôt de textes dont l’ampleur ne dépassent pas 25 000 signes (espaces compris) : le 23 août 2021.