La crise sanitaire a contraint les établissements de l’enseignement supérieur à de multiples adaptations pour assurer la continuité pédagogique, et les étudiants à découvrir de nouvelles modalités pédagogiques (cours, TD/TP, examens…). Le split screen de vignettes obscures ou éclairées a très fréquemment remplacé la classe ou l’amphithéâtre. « Comodal » et « hybride » sont devenus en quelques semaines les nouveaux compagnons de route, ou parfois les cauchemars, de toute la communauté universitaire.
Les ingénieurs pédagogiques et les directions du numérique sont devenus les interlocuteurs privilégiés d’une population pour partie rétive à ces dispositifs synonymes de distanciel et de médiation technique. La contrainte s’est aussi faite opportunité, accélérant des réflexions déjà en cours sur les apports du numérique aux pratiques pédagogiques, ou suscitant la mise en œuvre d’innovations d’urgence.
Que reste-t-il de nos cours et de nos ambitions pédagogiques, quand l’interaction se voit parfois contrainte par des micros défaillants ou une bande passante saturée ? Quand il fut nécessaire de s’adresser à la fois à des étudiants présents en classe et à d’autres à distance ? Les bricolages imaginés dans l’urgence, les outils identifiés voire détournés de leur usage premier, n’ont-ils pas, d’un autre côté, ouvert des perspectives qui pourraient enrichir nos pratiques pédagogiques au-delà de ce contexte pandémique ?
Les universités doivent participer à la construction des solutions numériques. Il appartient en effet à la communauté universitaire de se saisir de ces questions et de fournir un effort concerté, afin de ne céder ni aux injonctions commerciales parfois pressantes de certains fournisseurs de solutions logicielles ni aux oukases hâtifs ancrés sur des représentations contestables des méfaits du numérique en contexte éducatif. L’IGAENR dans le rapport consacré au numérique (rapport n°2018-049, juin 2018) retrace les principales étapes de développement du numérique dans l’ESR. Il explique comment depuis 2013 (Loi n° 2013-660 du 22 juillet 201), la nouvelle loi relative à l’ESR affiche le numérique comme une priorité.
Ce colloque se propose de croiser les expériences, en permettant à tous les acteurs de la pédagogie numérique de s’exprimer et de confronter leurs positions et ressentis. Nous nous proposons de structurer les journées en faisant alterner ateliers consacrés au partage d’expériences et communications scientifiques. Les établissements du site Lyon-St Etienne viendront partager un retour d’expériences, tout particulièrement dans le domaine des SHS, afin d’analyser avec le recul critique nécessaire, les choix effectués dans les établissements. Qu’a-t-on mis en place, qui pourrait perdurer ? Quelles sont, à l’inverse, les solutions qui n’auront été que des pis-aller peu viables sur le long terme ? Ingénieurs pédagogiques, enseignants, étudiants, pourront ainsi confronter leur vécu et contribuer à tirer les leçons de la crise sanitaire.
Nous souhaitons également solliciter des chercheurs dont les travaux portent sur la pédagogie numérique, ou dont la réflexion intègre l’hybridation, le mix- ou blended learning, afin que des perspectives théoriques et pratiques puissent être tracées et débattues. De nombreuses questions pourront être abordées, dont : quel peut-être le rôle du numérique dans l’individualisation des parcours d’apprentissage ? Comment scénariser les cours à distance pour éviter la lassitude (quelle que soit la plate-forme utilisée), tout en donnant davantage d’autonomie aux étudiants ? quelle évaluation peut-on faire de la ludification des dispositifs ? quelles perspectives en termes d’accessibilité des savoirs et de développement des soft skills le numérique ouvre-t-il ? Quelle économie de l’attention promeut-on avec le numérique au service de la pédagogie ?
Merci d’adresser votre proposition d’intervention (15-20 lignes) avant le 20 janvier 2021 aux adresses suivantes : yann.bergheaud@univ-lyon3.fr et gilles.bonnet@univ-lyon3.fr