Séminaire Sortir du temps : la littérature au risque du hors-temps organisé par Henri Garric et Sophie Rabau.
Séance du 04 juin 2007.
Bérenger Boulay: L'histoire au risque du hors-temps. Braudel et la Méditerranée (exemplier commenté).
(3) Marées, vagues de fond, vagues de surface: jeux d'échelle et polychronie.
Parmi les textes de Braudel les plus connus figure certainement en bonne place la préface de la première édition de La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II. On en cite à l'envi la première phrase («J'ai passionnément aimé la Méditerranée») et la description figurée des «intrigues» des trois volumes qui composent l'ouvrage en des termes empruntés au lexique marin (voir la page Complication de figures?) : le premier tome, La part du milieu, relate une «histoire lente à couler»; le deuxième, Destins collectifs et mouvements d'ensemble, «une histoire lentement rythmée», faite de «vagues de fond»; le dernier, enfin, Les événements, la politique et les hommes, «une histoire à oscillations brèves, rapides, nerveuses», «une agitation de surface, les vagues que les marées soulèvent sur leur puissant mouvement»[i].
L'architecture de l'ouvrage répondrait au souci de saisir les différents aspects de l'histoire méditerranéenne selon leurs temporalités propres, en variant la perspective - et ainsi l'amplitude temporelle de l'analyse - afin de faire jouer, donc, différentes échelles de durée.
Braudel apportera ensuite des nuances, mais il laisse d'abord entendre qu'à chaque domaine d'étude correspond une échelle appropriée à la saisie des phénomènes dans leur plus ou moins longue durée. L'histoire de la Méditerranée est donc décomposée en «plans étagés» distinguant un «temps géographique», celui de la très longue durée, un «temps social» et enfin un «temps individuel», objet d'une «micro-histoire[ii]», c'est-à-dire pour Braudel d'une histoire inscrite dans le temps court.
Destins collectifs et mouvements d'ensemble (introduction):
(II,7) «Dans la première partie de cet ouvrage, notre propos a été de dégager, à partir de l'espace, ce qui est répétition, lenteur, permanence. Recherchant l'immobile, ou le quasi-immobile, nous n'avions pas hésité à dépasser les bornes chronologiques d'une enquête restreinte, en principe, à la seconde moitié du XVIe siècle »
« Au delà de cette longue durée,notre second livre se propose de saisir une histoire au rythme mieux individualisé: celle des groupes, de destins collectifs, de mouvements d'ensemble. Une histoire sociale: ici tout part de l'homme, des hommes, et non plus des choses, pour parler le langage de Maurice Halbwachs, ou si l'on veut, de ce que l'homme a construit à partir des choses.»
Il serait cependant vain de rechercher une correspondance totale entre la tripartition du livre, les domaines étudiés (schématiquement: la géographie, l'économique et le social, l'histoire politique et militaire) et les trois échelles temporelles qui recouvrent en fait une multiplicité de temporalités[iii] et surtout ne correspondent pas exactement à la triade «structure-conjoncture-événement».
Préface générale de la seconde édition de La Méditerranée et le monde méditerranéen:
(I,22) «L'habitude est prise, de plus en plus, de parler, en bref, de structures et de conjonctures, celles-ci évoquant le temps court, celles-là le temps long. Il y a évidemment des structures diverses, des conjonctures elles aussi diverses et les durées de ces conjonctures ou de ces structures varient à leur tour. »
Destins collectifs et mouvements d'ensemble (introduction):
(II,7) «En fait, ce second livre répond à des propos contradictoires. Il s'intéresse à des structures sociales, donc à des mécanismes lents à s'user. Il s'intéresse aussi à leur mouvement. Et il mêle finalement ce que notre jargon nomme structure et conjoncture, l'immobile et le mouvant, la lenteur et l'excès de vitesse. Ces deux réalités, comme le savent les économistes à qui nous devons leur vraie distinction, sont associées dans la vie de tous les jours, partagée sans fin entre ce qui change et ce qui persiste.»
Braudel sait très bien qu'un même objet peut être appréhendé à différentes échelles, selon différentes perspectives.
«La longue durée» (1958), repris dans Ecrits sur l'histoire:
« Chacun comprendra qu'il y ait, ainsi, un temps court de toutes les formes de vie, économique, social, littéraire, institutionnel, religieux, géographique même (un coup de vent, une tempête) aussi bien que politique»[iv].
«l'histoire politique n'est pas forcément événementielle ni condamnée à l'être[v]».
Il faut ici préciser que pour Braudel «l'événement» est d'abord défini par son appartenance au temps court. Il s'oppose à la permanence, à la longue durée des structures et à la moyenne durée de la conjoncture.
Les événements, la politique et les hommes:
(III,428) «à la suite de Paul Lacombe[vi] et de François Simiand*, ce que j'ai mis à part dans cet océan de la vie historique, sous le nom d'événements, ce sont les faits brefs et pathétiques, les faits notables de l'histoire traditionnelle».
*Dans l'article «Méthode historique et sciences sociales» (1903), le sociologue et économiste François Simiand incitait les historiens à abandonner leurs «idoles» traditionnelles (la politique, l'individu et la chronologie) afin de transformer l'histoire en science vraiment «sociale» en étudiant notamment les régularités plutôt que les singularités. De l'extérieur de la discipline historique, il lançait un défi aux historiens qui sera entendu par Bloch, Febvre, Braudel et l'école des Annales. Son article est d'ailleurs publié, avec une valeur programmatique, dans la revue Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, janvier - février 1960 (1960, n°1), p.83-119.
(III,7)«j'ai beaucoup hésité à publier cette troisième partie sous le signe des événements; elle se rattache à une histoire franchement traditionnelle»
Cette définition de l'événement ne correspond pas au concept homonyme employé par Paul Ricur et par certains narratologues pour qui l'événement «n'est pas nécessairement bref et nerveux à la façon d'une explosion» mais constitue une «variable de l'intrigue»[vii]. Dans cette perspective, rien n'interdit de parler d'événements de longue durée. Braudel semble d'ailleurs prêt à admettre cet usage.
Les événements, la politique et les hommes:
(III,428) « ne pourrait-on pas dire aussi d'une tendance séculaire qu'elle est événement?»
Braudel précise dans l'introduction générale de la «grande Méditerranée» qu'il ne s'est pas interdit «chemin faisant, d'aller de l'un à l'autre» des «plans étagés»[viii]. Aussi souligne-t-il finalement, malgré la tonalité propre à chaque volume, l'importance - mais aussi la difficulté - de l'imbrication des échelles:
Les événements, la politique et les hommes, conclusion générale:
(III,421) «Il [le livre] est ( ) une sorte d'essai d'histoire globale, écrite selon trois registres successifs, ou trois paliers, j'aimerais mieux dire trois temporalités différentes, le but étant de saisir, dans leurs plus larges écarts, tous les temps divers du passé, d'en suggérer la coexistence, les interférences, les contradictions».
(III,422) «L'histoire, selon mes vux, devrait se chanter, s'entendre à plusieurs voix, avec cet inconvénient évident que les voix se couvrent trop souvent les unes les autres. Il y en a toujours une qui s'impose en solo et repousse au loin les accompagnements. Comment pourrait-on apercevoir alors, dans le synchronisme d'un seul instant, et comme par transparence, ces histoires différentes que la réalité superpose? J'ai essayé d'en donner l'impression en reprenant souvent, d'une partie à l'autre de ce livre, certains mots, certaines explications, comme autant de thèmes, d'airs familiers communs aux trois parties. Mais la difficulté, c'est qu'il n'y a pas deux ou trois temporalités, mais bien des dizaines, chacune impliquant une histoire particulière.»
Dans le premier volume de Temps et récit, Paul Ricoeur a étayé sa thèse de la nécessaire narrativité du discours historien (de l'historio-graphie) par une lecture patiente de la «grande Méditerranée» de Braudel[ix], qui raconterait avant tout
«le déclin de la Méditerranée comme héros collectif sur l'histoire de la scène mondiale. La fin de l'intrigue à cet égard, ce n'est pas la mort de Philippe II*, c'est la fin de l'affrontement des deux colosses politiques [l'Espagne et la Turquie] et le déplacement de l'histoire vers l'Atlantique et l'Europe du nord.[x]»
(*Sur cet épisode, voir la fin de la page L'histoire comme voyage dans le temps)
«Braudel découpe, dans le grand conflit des civilisations qui fait alterner l'Occident et l'Orient, le conflit dont les protagonistes sont l'Espagne et la Turquie à l'époque de Philippe II et dont la trame est le déclin de la Méditerranée comme zone d'histoire.[xi]»
Certes la particularité de Braudel réside dans la primauté qu'il confère au temps très long de la géographie, mais, au bout du compte, son histoire de la Méditerranée rejoindrait la thèse finalement assez traditionnelle d'un déclin de la mer intérieure après la découverte de l'Amérique. Mais il faut rendre justice à Braudel et préciser que l'intérêt de sa géohistoire et de son histoire des «mouvements d'ensemble» est d'amener à reconsidérer la périodisation et de proposer une date-charnière plus tardive pour ce «déclin» de la Méditerranée:
Destins collectifs et mouvements d'ensemble:
(II,654) « Pour nous, historiens de la Méditerranée, il s'agit, au vrai, de nous débarrasser, une fois de plus, de l'idée obsédante et fausse d'une décadence prématurée. J'en avais placé le terme, lors de la première édition de ce livre, au-delà de 1600, ou même de 1610-1620. Volontiers je reculerais ce terme d'une trentaine d'années.»
Les événements, la politique et les hommes, conclusion générale:
(III,425) «Quel que soit le contenu que l'on donne à ce mot imprécis de décadence, la Méditerranée n'a pas été la proie facile et résignée d'un vaste processus de régression, irréversible et, surtout, précoce. Je disais, en 1949, que le déclin ne me semblait pas visible avant 1620. Je dirais volontiers aujourd'hui, sans en être tout à fait sûr, pas avant 1650.»
«Il me semble que si l'on voulait reconstruire le nouveau panorama d'ensemble de la Méditerranée, après la grande rupture qui marque la fin de sa primauté, il faudrait choisir une date tardive, 1650 ou 1680.»
Cette nuance apportée à la lecture de la «grande Méditerranée» proposée par Paul Ricur, on admettra avec l'auteur de Temps et récit que l'imbrication des durées, l'interférence des plans engendre «une quasi-intrigue virtuelle, brisée en plusieurs sous-intrigues[xii]». Cette lecture unitariste de La Méditerranée et le monde méditerranéen ne fait cependant pas l'unanimité. Dès 1951, dans un article pour le Journal of Economic History, Bernard Baylin affirme que le principe d'organisation choisi par Braudel «rend incompréhensible la totalité organique de la vie méditerranéenne[xiii]». Pour Ricoeur, au contraire,
«si la première partie elle-même garde un caractère historique, en dépit de la prédominance de la géographie, c'et en vertu de toutes les marques qui annoncent la seconde et la troisième partie et dressent la scène sur laquelle le reste de l'ouvrage dispose les personnages de son drame. À son tour, la seconde proprement consacrée à la longue durée des phénomènes de civilisation a pour fonction de faire tenir ensemble les deux pôles: la Méditerranée, référent du premier volume, et Philippe II, référent du troisième. En ce sens, elle constitue à la fois un objet distinct et une structure de transition. C'est cette dernière fonction qui la rend solidaire des deux volets qui l'encadrent[xiv]».
Ricoeur consacre ensuite une dizaine de pages[xv] à des exemples d'interférences entre les trois niveaux. Dans le premier tome, il n'est pas possible de parler de la géographie
«sans évoquer les rapports de dominance économico-politique (venise, Gênes etc.). Les grands conflits entre les empires espagnol et turc jettent déjà leur ombre sur les paysages marins. Et avec les rapports de force pointent déjà les événements.[xvi]»
Si la part du milieu se fait la part du lion tout au long des trois volumes (voir la page espace et longue durée), en retour, dès le premier tome, «la géo-histoire se mue rapidement en géo-politique[xvii]», géo-politique qui appelle à son tour une floraison de dates. Ainsi dans La part du milieu, à propos de la suprématie de Venise dans l'Adriatique:
(I, 150)«Aussi bien l'Adriatique est-elle sa mer, son golfe, comme elle dit. Elle s'y saisit à sa guise de n'importe quel navire, elle y fait la police, avec habileté ou brutalité, selon les cas. Trieste la gêne, elle démolit ses salines, en 1578. Raguse la gêne, elle poste ses galères dans les eaux de Ragusa Vecchia, pour happer les navires de grain qui la ravitaillent; elle ameute contre elle les alliés de la Sainte-Ligue, en 1571; elle soutient, en 1602, les sujets révoltés de Raguse dans l'île aux célèbres pêcheries de Lagosta; elle saisit encore les navires de sa rivale, en 1629. Ancône la gêne, elle essaie de lui faire une guerre de tarifs. Ferrare la gêne, elle pense à se saisir du grand port. Le Turc la gêne: elle n'hésite pas, le cas échéant, à le frapper chaque fois qu'elle peut le faire sans trop d'imprudence.»
De même le deuxième volume est-il la scène où apparaissent ces «personnages les plus complexes, les plus contradictoires» que sont les civilisations. Comparées à des dunes, elles demeurent immobiles malgré «d'innombrables mouvements»[xviii]. Leur permanence les inscrit dans le premier niveau, celui de l'espace et de la longue durée, mais «en leurs points de contact ( ) naissent les événements[xix]». Aussi la guerre de Grenade fait-elle déjà l'objet d'une dizaine de pages dans le deuxième volume[xx].
Dans le troisième volume enfin,
«les événements portent témoignage des masses profondes de l'histoire. Les deux premières parties, on l'a vu, font une consommation énorme de ces signes événementiels (II, 223), à la fois symptômes et témoignages.[xxi]»
«L'art de Braudel, ici, est de structurer son histoire des événements et son histoire n'est pas avare de dates, de batailles et de traités -, non seulement en les divisant en périodes, comme le font tous les historiens, mais en les réenracinant dans les structures et les conjonctures, de la même manière qu'il avait auparavant convoqué les événements pour témoigner des structures et des conjonctures.[xxii]»
Sur les jeux d'échelles en historiographie: Les avant-dernières choses, les mains de Mae Marsh et la grand-mère de Marcel. Compte-rendu de Siegfried Kracauer, penseur de l'histoire, sous la direction de Philippe Despoix et Peter Schöttler, Québec, Les Presses de l'Université Laval, coll. « Pensée allemande et européenne », 2006.
Sommaire de L'histoire au risque du hors-temps.
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Pages associées: Histoire, Littératures factuelles, Genres historiques, Historiographie, Récit, Narrativité, Diction.
[i]La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II, I. La part du milieu. Préface de la première édition (1949) Paris, LGF, Le livre de poche, coll. «références», 1990, p16-18.
[ii]La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II, III. Les événements, la politique et les hommes, Paris, LGF, Le livre de poche, coll. «références», 1990, p 428.
[iii] Comme le précise la conclusion générale:« la difficulté, c'est qu'il n'y a pas deux ou trois temporalités, mais bien des dizaines, chacune impliquant une histoire particulière». La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II,III. Les événements, la politique et les hommes, Paris, LGF, Le livre de poche, coll. «références», 1990, p422.
[iv]Écrits sur l'histoire (1969), Paris, Flammarion, coll. «Champs», 1984, p46.
[v]Écrits sur l'histoire (1969), Paris, Flammarion, coll. «Champs», 1984, p46.
[vi] Paul Lacombe, De l'histoire considérée comme science, Paris, Hachette, 1894.
[vii] Paul Ricur, Temps et récit. 1. L'intrigue et le récit historique (1983), Paris, éditions du Seuil, coll. «Points Essais», 1991, p383.
[viii]La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II, I. La part du milieu. Préface de la première édition (1949), Paris, LGF, Le livre de poche, coll. «références», 1990, p18.
[ix] Paul Ricur, Temps et récit. 1. L'intrigue et le récit historique (1983), Paris, éditions du Seuil, coll. «Points Essais», 1991, p365-384.
[x] Paul Ricur, Temps et récit. 1. L'intrigue et le récit historique (1983), Paris, éditions du Seuil, coll. «Points Essais», 1991, p379.
[xi] Paul Ricur, Temps et récit. 1. L'intrigue et le récit historique (1983), Paris, éditions du Seuil, coll. «Points Essais», 1991, p381.
[xii] Paul Ricur, Temps et récit. 1. L'intrigue et le récit historique (1983), Paris, éditions du Seuil, coll. «Points Essais», 1991, 379.
[xiii] Bernard Baylin, «La géohistoire de Braudel. Une relecture critique»(1951), traduit par J. P. Ricard dans Fernand Braudel et l'histoire, présenté par Jacques Revel, Paris, Hachette, coll. «Pluriel», série «L'histoire en revue», 1999, p75.
[xiv] Paul Ricur, Temps et récit. 1. L'intrigue et le récit historique (1983), Paris, éditions du Seuil, coll. «Points Essais», 1991, 366.
[xv] Paul Ricur, Temps et récit. 1. L'intrigue et le récit historique (1983), Paris, éditions du Seuil, coll. «Points Essais», 1991, p366-376.
[xvi] Paul Ricur, Temps et récit. 1. L'intrigue et le récit historique (1983), Paris, éditions du Seuil, coll. «Points Essais», 1991, p368.
[xvii] Paul Ricur, Temps et récit. 1. L'intrigue et le récit historique (1983), Paris, éditions du Seuil, coll. «Points Essais», 1991, p368.
[xviii]La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II, II, Destins collectifs et mouvements d'ensemble,Paris, LGF, Le livre de poche, coll. «références», 1990, p483.
[xix] Paul Ricur, Temps et récit. 1. L'intrigue et le récit historique (1983), Paris, éditions du Seuil, coll. «Points Essais», 1991, p372.
[xx]La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II, II, Paris, LGF, Le livre de poche, coll. «références», 1990, p 524-534.
[xxi] Paul Ricur, Temps et récit. 1. L'intrigue et le récit historique (1983), Paris, éditions du Seuil, coll. «Points Essais», 1991, p374.
[xxii] Paul Ricur, Temps et récit. 1. L'intrigue et le récit historique (1983), Paris, éditions du Seuil, coll. «Points Essais», 1991, p375.