Colloques en ligne

Hégémonie de l'ironie ?

(1980-2008)

Les articles présentés ici constituent les actes d’un colloque qui s’esttenu à Aix en Provence les 8 et 9 novembre 2007, sous la responsabilitéscientifique de Claude Perez, Joëlle Gleize et Michel Bertrand. L’appel à communication étaitrédigé de la sorte :

Que la plus grande part (sinon la totalité) de la littérature récentepuisse être placée sous le signe de l’ironie, on peut croire qu’il ne resteplus grand monde aujourd’hui pour en douter. Des travaux nombreux et récentsont décrit l’extension considérable de cette figure polymorphe, en ont analyséles occurrences, les nuances, les implications… L’ironie, a-t-on dit, c’est lalittérarité, la littérature elle-même.

On peut se demander pourtant si ce triomphe –dans la critique commeapparemment dans les œuvres– n’est pas ce qui peut la rendre aujourd’huisuspecte; s’il ne laisse pas apparaître le risque d’un « conformismeironique » (Jankélévitch) ; si des œuvres aussi diverses que cellesde P. Quignard, P. Michon, G. Macé, Ph. Jaccottet, P. Guyotat, Cl. Simon,J.-Ph. Toussaint… et cetera, ne signalent pas aussi de diversesmanières, et avec plus ou moins d’insistance, le désir d’un au-delà ou d’enen-deçà de l’ironie, ou encore d’un tressage de l’ironie avec l’un oul’autre de ses nombreux contraires.

On propose, dans cette perspective, d’étudier les aspects suivants (laliste n’est évidemment pas exhaustive) en choisissant des exemples dans lalittérature du dernier quart de siècle en langue française :

-diagnostic : le moment présent : l’ironie victorieuse ?dominante ? menacée (par un « retour à l’ordre »)?

-corpus : l’hégémonie dont nous parlons tient-elle au choix ducorpus? Est-elle propre à une certaine littérature « savante », voire« alexandrine » ? D’autres segments de la production littéraire(littérature « populaire » ; de consommation etc.) y sont-ilsmoins soumis ? ou non ?

-légitimations : les légitimations de l’ironie dans le discoursd’escorte des critiques ou des « créateurs »: légitimation éthique,esthétique, historique, philosophique, stylistique, politique…

-contre : contre l’ironie. La critique de l’ironie, « art desprofondeurs et des hauteurs » (Deleuze) ; des romanciers qui « fontde l’esprit sur le dos de leurs personnages » (Quignard) ; du seconddegré comme instrument de « distinction » ; d’un certainalexandrinisme littéraire… L’ironie des anti-ironistes  (et le pathétiquedes ironistes).

-contraires : l’ironie et ses contraires : lanaïveté ; la passion ; le sublime ; le lyrique ; lepathétique ; le brut ; le sérieux… Modernité et naïveté :« je suis revenu chercher un asile dans l'impeccable naïveté »(Baudelaire) ;  « la naïveté à notre époque est unechimère » (Flaubert); « refrains niais, rythmesnaïfs » (Rimbaud). Modernité et sublime : « c’est unevérité du sublime qui resurgirait aujourd’hui comme l’attestation que le thèmedu sublime aurait toujours été le signe d’une résistance de l’art à ce quiprétendait le normer – et le consigner » (Ph. Lacoue-Labarthe)

-genres : ironie et genres littéraires : ironies romanesques,dramatiques, poétiques ; ironie visant la frontière des genres ; lathéorie (littéraire) peut-elle être ironique ?

-peut-on ironiser l’ironiste ? concevoir une dialectique de l’ironieet de l’anti-ironie ?

Textes réunis par Claude Perez, Joëlle Gleize et Michel Bertrand