Littérature et arts à l'âge classique 1 : Littérature et peinture au XVIIIe s., autour des Salons de Diderot, par R. Démoris
Les études qui sont présentées dans ce dossier ont été publiées entre 1985 et 2001. Elles proposent plusieurs perspectives où interroger les écrits esthétiques de Diderot touchant à la peinture, permettant de le situer dans la réflexion de son temps et aussi par rapport à la tradition classique (à la fois les Anciens et le XVIIème siècle) dont il se réclame volontiers. Il n’a pas créé la critique d’art à laquelle il servira de modèle au XIXème siècle et qui naît en 1747 avec les Réflexions de La Font de Saint-Yenne et s’épanouit aussitôt dans une atmosphère d’intense polémique.La crise de 1747-49 l’a peut-être poussé à consulter quelques textes théoriques ((Le Brun, Léonard, Félibien).
Ni amateur, ni connaisseur, comme il le dit lui-même, Diderot requis par l’Encyclopédie, le théâtre et la réflexion esthétique sur le beau, intervient seulement sur la technique (peinture en émail et en cire) avant 1759. C’est sans doute à partir de 1761 qu’il lit théoriciens et salonniers, en s’abstenant volontairement de toute référence précise. Il n’en a pas moins affaire aux problématiques élaborées en France depuis l’époque classique par Félibien, de Piles et du Bos, qui ont établi une doxa du discours sur l’art, la diffusion confidentielle de la Correspondance littéraire le dispensant de tout dialogue avec d’autres critiques et le protégeant de l’éventuelle animosité des peintres. Les études qui suivent, consacrées à Diderot et à ses alentours (à l’exception du texte sur Oudry), ont tenté de préciser sa situation et son environnement idéologiques, et les divers aspects d’une démarche qui s’est refusée au système et du coup met à nu les tensions qui habitent l’expérience esthétique, à cette époque. On priera le lecteur d’excuser les répétitions.
À titre de complément, je signale mon livre, Chardin. la chair et l'objet. Adam Biro. 1991, Olbi, 1999, et un article récent sur Diderot : « Boucher, Diderot, Rousseau », Rethinking Boucher, ed Melissa Hyde & Mark Ledbury, Getty Research Institute, Los Angeles, 2006. p. 201-228.
Les sources des textes ici présentés se trouvent indiquées en tête de chaque article.
- Du texte au tableau : les avatars du lisible de Le Brun à Greuze
René Démoris - Chardin ou la cuisine en peinture
René Démoris - Chardin et la nature morte : pouvoirs illégitimes ?
René Démoris - La Hiérarchie des genres en peinture de Félibien aux Lumières
René Démoris - Oudry et les cruautés du Rococo
René Démoris - Le langage du corps et l'expression des passions de Félibien à Diderot
René Démoris - Critique d’art et pathologie : Diderot et ses prédécesseurs face au corps malade
René Démoris - Les enjeux du paysage dans le Salon de 1767 (Poussin, Vernet, Robert) : Diderot et les théoriciens classiques.
René Démoris - Peinture et science au siècle des Lumières : l’invention d’un clivage
René Démoris - Peinture et cruauté chez Diderot
René Démoris - Peinture, sens et violence au Siècle des Lumières : fénelon, du Bos, Rousseau.
René Démoris - Représentation de l’artiste au siècle des Lumières : le peintre pris au piège ?
René Démoris - Les statues vivent aussi : peinture et belles antiques dans la première moitié du XVIII° siècle
René Démoris - Diderot et Chardin : la voie du silence
René Démoris - La peinture et le « temps du voir » au siècle des Lumières
René Démoris - Les temps du voir. Hommage à René Démoris
Nathalie Kremer