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Paratopie et discours littéraire. Entretien avec Dominique Maingueneau

Propos recueillis par David Martens (KU Leuven, Groupe MDRN)


Prolongeant et précisant certains aspects du chantier qu'il consacre depuis de nombreuses années à l'analyse du discours littéraire[1], Dominique Maingueneau publie en 2016 un ouvrage qui tranche quelque peu avec ses parutions antérieures sur le sujet. Dans Trouver sa place dans le champ littéraire. Paratopie et création[2], il met le concept de paratopie à l'épreuve de la lecture approfondie de deux œuvres poétiques de la fin du XIXe siècle, celle d'un écrivain ayant réussi à «trouver sa place dans le champ littéraire», José-Maria de Heredia, l'autre étant demeuré un honorable poète de province bien oublié, Émile du Tiers. À l'occasion de cette parution, il nous a paru opportun de soumettre à Dominique Maingueneau quelques questions relatives à son approche des œuvres littéraires au prisme de la paratopie. (David Martens)


Dossiers Champ, Paratopie






Paratopie et discours littéraire
Entretien avec Dominique Maingueneau



David Martens: Á travers le concept de paratopie, tu t'efforces de rendre compte d'une forme de contrainte assignée aux énonciateurs de certains types de discours, que tu désignes comme «discours constituants». Tu définis ces derniers comme des discours «qui se donnent comme discours d'Origine, validés par une énonciation qui s'autorise d'elle-même. Seul un discours qui se constitue en réfléchissant sa propre constitution», ajoutes-tu, «peut jouer un rôle constituant à l'égard d'autres discours» (25)[3]. Selon toi, ceux qui interviennent dans le cadre de discours constituants sont conduits à se façonner une paratopie. «Par nature, un discours constituant s'alimente du caractère problématique de son appartenance à la société. Localité paradoxale, paratopie, qui n'est pas l'absence de tout lieu, mais une difficile négociation entre le lieu et le non-lieu: impossibilité de se clore sur soi et impossibilité de se confondre avec la société «ordinaire», nécessité de jouer de et dans cet entre-deux, à la frontière entre l'inscription dans ses fonctionnements topiques et à l'adhésion à des forces qui les excèdent» (26). Plusieurs questions me paraissent se poser à l'égard de ce concept qui te permet de décrire un phénomène qui «n'est pas une situation sociale ou psychologique, pas un contexte, mais à la fois la condition et la produit du processus créatif» (28). Tout d'abord, en quoi la paratopie serait-elle exclusivement réservée aux discours constituants? Ne peut-on imaginer des locuteurs fonder leur énonciation sur une paratopie sans pour autant que leur discours ne relève d'un des discours constituants que tu as identifiés (science, religion, philosophie et littérature), qu'il s'agisse d'autres discours institutionnalisés ou encore dans le cadre d'une conversation privée (je pourrais parfaitement me présenter comme quelqu'un qui ne serait pas de mon temps et qui s'exprimerait dans une langue qui n'est pas la mienne, sans pour autant être écrivain ou philosophe)? Quelle est à tes yeux la spécificité des discours constituants à cet égard?


Dominique Maingueneau: Le sentiment de ne pas appartenir à un lieu est quelque chose de très répandu, bien au-delà des discours constituants; et cela peut même conditionner l'ensemble du comportement d'un individu. C'est d'ailleurs de plus en plus fréquent dans le monde contemporain où les cadres sociaux à travers lesquels se définissaient traditionnellement les individus deviennent de plus en plus problématiques. Mais pour moi cela n'est qu'une paratopie potentielle, sur laquelle pourront éventuellement s'appuyer des créateurs. Tous les exilés ou nomades ne deviennent pas des créateurs. Je réserve le concept de paratopie aux discours où il y a processus de création dont la paratopie est à la fois la condition et le produit, où l'énonciation passe par un certain nombre d'«embrayeurs» disséminés dans l'œuvre. Il me semble de toute façon nécessaire de distinguer les problèmes d'appartenance vécue et la paratopie, qui résulte d'un ajustement très complexe entre un individu, les ressources qu'offre la langue, les contraintes sociales et celles du champ discursif. La paratopie contribue à façonner son créateur alors que le sentiment de non-appartenance ne le fait pas.


David Martens: Serait-il possible, au stade actuel d'avancement de tes recherches sur les discours constituants, d'esquisser brièvement ce qui te paraît constituer la spécificité de chacun de ces discours en termes de stratégies paratopiques? As-tu par exemple identifié des constantes liées à tel ou tel discours et, si tel est le cas, à quoi tiennent-elles?


Dominique Maingueneau: J'avoue que je n'ai pas directement réfléchi à la question, mais il me paraît évident que les différents discours constituants favorisent des paratopies spécifiques. En même temps il ne faut pas perdre de vue que ces discours sont en interaction permanente et se contaminent. Par exemple, la paratopie du prophète, qui est a priori typiquement religieuse, a permis à un certain nombre d'écrivains romantiques, en particulier Victor Hugo, de construire leur paratopie. Elle a aussi été investie par un philosophe comme Nietzsche à travers la figure de Zarathoustra.

D'après mes propres recherches, il est clair par exemple que les paratopies d'ordre linguistique jouent un rôle important en littérature, mais peu en philosophie ou dans le domaine religieux. Le fait que Descartes écrive son Discours de la méthode en français n'a pas grand-chose à voir avec le fait que Samuel Beckett écrive en français et en anglais. Le problème essentiel du philosophe est d'articuler la particularité d'une langue à la prétention de sa doctrine à l'universalité, alors que l'écrivain assume la particularité de la langue qu'il investit. De même, les philosophes ont tendance à s'appuyer sur des institutions paratopiques, par exemple les écoles de l'Antiquité ou l'Université, alors que les écrivains s'appuient sur des éléments biographiques: être orphelin, errant, handicapé…

On doit de toute façon prendre en compte les conditions historiques. L'élaboration d'une paratopie mobilise les matériaux qui sont disponibles dans une conjoncture donnée. Le bohémien/bohème joue un rôle essentiel au XIXe siècle, mais au XVIIe c'est plutôt la figure du parasite qui l'emporte. Les savants d'aujourd'hui ne peuvent plus aussi facilement que par le passé jouer de paratopies de type philosophique ou religieux.

Ce serait là un programme de recherche passionnant que d'explorer ces pistes, de mettre au jour les contraintes spécifiques de chacun des discours constituants, en prenant en compte la dimension historique.


David Martens: L'analyse du discours entretient des rapports particuliers avec la sociologie. Pascale Delormas note, dans le compte rendu qu'elle a donné ton livre pour Acta fabula, qu'«[e]n abordant […] deux poètes de la fin du xixesiècle, Dominique Maingueneau s'installe sur un terrain particulièrement frayé depuis les années 1960. Ce n'est cependant pas des études thématiques ou philosophiques dont il semble soucieux de se démarquer, mais plutôt des travaux de P.Bourdieu sur le champ littéraire, qui portent sur la même époque»[4]. L'analyse du discours telle que tu la conçois et la pratique s'est en effet élaborée en fonction, notamment, d'une relation avec l'approche bourdieusienne, à travers la reprise critique de certains de ses concepts (celui de champ par exemple, notamment dans ce livre, en particulier aux pp.164-165), en même temps que du maintien d'une certaine distance, notamment lorsqu'il s'agit pour toi d'aborder le discours littéraire. S'agissant des discours constituants, dans quelle mesure et selon quelles modalités ceux-ci se définissent-ils au regard du processus d'autonomisation de la littérature décrit par Bourdieu? Bien que tu connaisses bien l'œuvre de Bourdieu, tu sembles éviter de mobiliser cette notion. Cette dimension a-t-elle partie liée avec la façon dont tu envisages les discours constituants ou la question de l'autonomie lui est-elle complètement étrangère?


Dominique Maingueneau: Il s'est produit, du fait de l'intérêt de Bourdieu pour la seconde moitié du XIXe siècle, une sorte d'attraction entre l'autonomisation de la littérature et la théorie des champs. Mais la notion de champ en elle-même implique déjà une relative autonomie; elle a d'ailleurs été conçue pour cela, pour éviter les impasses auxquelles mène une conception de l'idéologie comme reflet. Il me semble donc nécessaire de dégager la notion de champ de la configuration particulière que représente la seconde moitié du XIXe siècle, de mieux prendre en compte les variations géographiques et historiques.

Si je reconnais une dette à l'égard des travaux de Bourdieu, en particulier pour ce qui concerne le concept de champ, il est vrai que je maintiens néanmoins une certaine distance avec sa problématique. Bourdieu est sociologue, viscéralement sociologue, il cherche toujours à inscrire dans des déterminations sociales ce qui, pour lui, se présente comme indument «pur», «détaché»; ce faisant, il préserve implicitement une opposition entre un haut illusoire et un bas où seraient à l'œuvre les déterminations cachées. Or à mon sens les processus créateurs sont trop complexes pour entrer dans cette topique du haut et du bas, de l'illusion et de la vérité. Je ne me sens pas non plus à l'aise avec le rapport qu'il entretient avec les textes littéraires, qu'il n'analyse pas, sauf si leurs contenus ont une portée sociologique, comme c'est le cas dans L'Éducation sentimentale qui lui permet de dresser une cartographie du champ artistique de l'époque.


David Martens: Tu as déjà été conduit à envisager des discours «semi-constituants», comme le discours juridique ou le discours politique. Pourrais-tu préciser ce que tu entends par là, et tout particulièrement à quoi tient selon toi la semi-constituance d'un discours, qui le distingue des discours constituants? Pourrais-tu en outre indiquer en quoi le rôle ou le fonctionnement de la paratopie serait affecté au sein de discours semi-constituants, pour autant bien entendu que ces discours supposent la configuration d'une paratopie?


Dominique Maingueneau: Il est vrai que le discours politique m'a posé problème. J'ai été tenté un moment de faire une distinction implicite entre les discours paratopiques — les discours constituants —, et les discours «topiques», c'est-à-dire le reste de la production discursive de la société. En fait, c'est là une distinction trop simple. Les similitudes entre le discours politique et les discours constituants sont assez évidentes: compétition entre des positionnements dans un espace symbolique pour détenir le monopole de l'autorité énonciative, référence à des textes ou à des gestes fondateurs, inscription dans une mémoire qui fait l'objet de débats incessants, opposition entre des communautés restreintes d'experts et un public large qui est censé être le destinataire et la caution de l'ensemble du discours, etc. Ces similitudes vont de pair avec la visée qu'on pourrait dire «globale» du discours politique: comme dans le cas des discours constituants, il s'agit d'un discours élaboré dans des communautés restreintes mais qui prétendent concerner l'ensemble de la collectivité. À cela s'ajoute le fait que très souvent l'homme politique légitime son identité et son activité d'une manière qui n'est pas sans faire penser aux discours constituants: il se donne une «mission», pense qu'il a une «vocation», etc.

Mais le discours politique ne me paraît pas être constituant pour autant. Il s'appuie sur les discours constituants pour asseoir son autorité. Certains positionnements politiques, en particulier d'inspiration technocratique, prétendent se légitimer par le recours au discours scientifique, en général l'économie; d'autres s'appuient massivement sur le discours religieux. En France, les positionnements politiques, en règle générale, privilégient les références philosophiques héritées des Lumières. Le discours politique a ainsi un statut ambigu; il semble aspiré vers les discours constituants, mais sans pouvoir en faire partie. C'est pourquoi j'ai parlé à ce propos de “tropisme” et non d'appartenance.

En outre, il ne faut pas oublier, comme la condamnation du Christ ou celle de Socrate nous le rappelle, que le politique, certes, doit s'appuyer sur des discours constituant, mais qu'il a aussi le pouvoir de les favoriser ou de leur porter atteinte de multiples manières.

Quant au discours juridique, comme le discours politique, il doit s'appuyer en dernière instance sur des discours constituants (en général religieux ou philosophique) mais se trouve pris dans une relation difficile avec le monde politique: d'un côté, il le régule (les juges sont ainsi constamment mobilisés pour évaluer la légitimité des actions des politiques), mais d'un autre côté il peut à tout moment être refaçonné par les instances politique, qui peuvent changer les lois.


David Martens: Venons-en maintenant à certaines lectures concrètes que tu proposes dans Trouver sa place dans le champ littéraire. Tu soulignes régulièrement que la paratopie ne s'impose pas d'elle-même, mais est la résultante d'une construction, fondée sur un «potentiel paratopique» (55) constitué de plusieurs paramètres, que l'auteur est susceptible de mobiliser ou non. Pour ce qui concerne Heredia, par exemple, tu montres qu'il met en œuvre une paratopie hispanisante quelque peu tronquée, puisqu'il se présente comme espagnol alors que sa famille est originaire de Cuba. En ce qui concerne les aspects constitutifs d'une paratopie, quelle est la place de leur authenticité dans le façonnement de la paratopie, et dans sa réception? Une note de ton livre relative à Montherlant a attiré mon attention. Tu y soulignes que, s'il a élaboré son œuvre en la fondant, notamment, sur une paratopie nobiliaire, en réalité, «il est issu d'une famille bourgeoise du côté de son père et noble du côté de sa mère; la famille Millon n'est devenue Millon de Montherlant qu'en 1864, par adjonction de nom par l'autorité administrative. Mais c'est ici la mise en scène de soi par l'écrivain qui importe» (67). Je n'en disconviens nullement, mais certains publics (et certains critiques) sont sans doute moins dociles que d'autres, et peuvent parfois remettre en cause l'authenticité de certains paramètres constitutifs de la paratopie que s'emploie à constituer un écrivain, comme le montre précisément l'exemple de Montherlant[5] ou, dans un tout autre registre, ceux de Boris Vian (Vernon Sullivan) et Jack-Alain Léger (Paul Smaïl)[6], qui ont tous deux généré la polémique en façonnant par le truchement d'un hétéronyme une figure auctoriale caractérisée par une appartenance culturelle différente de la leur. Je me demande dès lors dans quelle mesure la question de l'authenticité, tout de même, ne se pose pas, par-delà «la mise en scène de soi par l'écrivain». Selon toi, «qu'il s'agisse de discours littéraire ou de n'importe quelle production esthétique, il vaut mieux éviter de raisonner en termes de "sincérité", d'"authenticité", d'"originalité"» (94). Tu vises cependant là essentiellement le regard qu'un analyste est susceptible de poser sur des œuvres. En revanche, ne penses-tu pas que, si elle revêt une importance pour une part du lectorat, on peut raisonnablement penser qu'elle ne peut être complètement indifférente aux écrivains et qu'il convient donc d'en faire un objet de questionnement à part entière, en examinant la façon dont elle se pose (lorsque c'est le cas) pour les acteurs du champ?


Dominique Maingueneau: C'est une question judicieuse. Dans mon livre je prends le point de vue de l'analyste, qui suit le processus d'élaboration de la paratopie. Mais je reconnais que ce point de vue est partiel, car il ne prend pas en compte le fait que l'opinion juge en termes de vérité et de fausseté. Dans la réalité il y a une négociation entre le souhait du créateur de porter sa paratopie à son rendement maximal et les normes qui prévalent dans le public. Pour Heredia les accommodements avec la vérité n'étaient pas scandaleux. Après tout, un Cubain était à l'époque citoyen espagnol; et s'il déformait la vérité en disant que Pedro de Heredia était son «ancêtre», il a quand même une lointaine parenté avec lui. Montherlant a eu davantage de problèmes, mais il ne s'écartait pas totalement de la vérité et ce n'est pas lui qui avait opéré son changement de patronyme. C'est autre chose que le cas du Comte de Lautréamont qui relève de la pseudonymie et non de la paratopie, dans la mesure où en l'occurrence il n'y a pas d'ancrage dans une quelconque réalité biographique.


David Martens: Dans une analyse fouillée de plusieurs poèmes des Trophées de Heredia, tu soulignes l'importance du graphème H — initiale du patronyme Heredia — en tant qu'embrayeur de la paratopie de l'écrivain. Concernant cet élément particulier, relativement discret dans la construction des poèmes en dépit de sa récurrence et de son fonctionnement, que tu montres de façon très étayée, penses-tu que l'auteur avait vraiment conscience de cette mise en œuvre? Certes, tu cites une lettre de Heredia à Jules Lemaître, dans laquelle il s'oppose à une réforme de l'orthographe, notamment parce qu'il serait conduit à la suppression de la lettre H, qu'il lui semblerait en particulier absurde ou ridicule d'ôter à l'écriture de son nom. Cependant, cette attention portée à la lettre H dans une correspondance privée implique-t-elle nécessairement une attention conscientisée au moment de sa mise en œuvre poétique? Je m'autorise cette question dans la mesure où tu écris également, au sujet de Heredia, qu'il s'est inscrit dans le courant du Parnasse non en vertu de «quelque harmonie préétablie, conforme à quelque dogme parnassien qui lui aurait préexisté», mais en fonction de certaines «prédispositions» (57).Tu en tires ensuite la conséquence que «le Parnasse […] a constitué pour lui un espace idéal pour exploité au mieux une bonne part de son potentiel personnel. Mais cela ne s'est pas fait avec une pleine conscience [je souligne]. Une fois validés certains choix par la réussite de ses productions, elle-même indissociable du succès du Parnasse, Heredia n'a pu qu'avoir le sentiment que ces choix exprimaient sa nature profonde, son génie propre, qu'ils n'étaient pas le résultat contingent d'un ajustement à divers ordres de contraintes» (58). Dans un ordre d'idées analogue, à propos d'Émile Du Tiers, tu écris en citant un poème adressé à Heredia dans lequel il utilise les termes «héraldique» et «héroïque», qu'emploie lui-même celui dont il essaie de se faire reconnaître (sans succès…), qu'il «avait bien perçu l'importance du signifiant graphique et phonique HER ainsi que la relation métaphorique entre poème et blason dans la poésie de Heredia» (80). Mais peut-on être vraiment être certain que Du Tiers avait «perçu» cette dimension? Son recours à ces termes ne pourrait-il être plus simplement lié à la bien compréhensible reprise du lexique coutumier à Heredia dans un sonnet qui lui est dédié? Comment te positionnes-tu par rapport à cette dimension de la conscientisation des auteurs des textes que tu analyses?


Dominique Maingueneau: C'est là une question particulièrement délicate et qui concerne, bien au-delà des écrivains, tous les inventeurs, et même tous les acteurs sociaux. Il me semble qu'il y a toujours une conscience relative, sinon on ne pourrait pas faire des choix, s'orienter dans une certaine direction; mais cette conscience varie selon le type de choix opéré. Pour ce qui est de l'exemple que tu donnes, le signifiant HER, il est vraisemblable que cela relève de déterminations largement inconscientes, comme tout ce qui touche au signifiant. Il en va de même pour l'imitation de Du Tiers: on peut penser qu'il n'a pas pleinement conscience du rôle de HER dans l'œuvre d'Heredia mais reprend des mots qui lui sont chers. En revanche, quand Heredia opte pour le Parnasse plutôt que pour un autre groupe, il le fait sans doute parce qu'en raison de ses origines sociales il se sent bien dans ce groupe, mais il ne peut pas ignorer l'existence de positionnements concurrents et doit faire des choix stratégiques sur la base d'une évaluation des chances qu'a telle ou telle décision de favoriser sa carrière.


David Martens: Lors de conversations que nous avons eue, tu m'as à plusieurs reprises indiqué que, du point de vue de l'analyse du discours, la notion d'inconscient issue de la psychanalyse n'avait guère de sens. Pourrais-tu préciser ce point et, dans la foulée, expliquer certains éléments de tes analyses de Trouver sa place dans le champ littéraire qui me paraissent, sinon intégrer, du moins effleurer quelque chose de proche du modèle psychanalytique. Tu renvoies ainsi, à propos de Heredia, incidemment et avec prudence, certes («on peut y voir», je souligne), mais tout de même (ce n'est pas fréquent chez toi, il me semble), à une notion freudienne, celle de «roman familial des névrosés» (81). En outre, traitant de la dissémination de la syllabe «HER», initiale du patronyme du poète encore, tu l'évoques en terme de «rêverie généalogique»(76) et de «oedipienne» (77). Pourrais-tu expliquer quel statut épistémologique tu donnes à cette notion de rêverie (associée à l'œuvre de Bachelard autant voire davantage encore qu'à celle de Freud dans le champ francophone)? Pour prolonger la question précédente, je me demande notamment si (et éventuellement jusqu'à quel point) elle implique la dimension de la conscience.


Dominique Maingueneau: Je ne me souviens plus très bien de ce que j'ai dit à propos des relations entre psychanalyse et analyse du discours. Historiquement, une partie de l'analyse du discours française (en particulier le courant de Michel Pêcheux) s'est appuyée sur la psychanalyse. Personnellement, bien que cela soit parfaitement défendable si on réfléchit en termes de théorie du discours, cela ne semble pas très opératoire pour fonder l'ensemble de la méthodologie et des concepts de l'analyse du discours. De là mes réticences. Personnellement je me sens plus proche de la position de Foucault que de celle d'Althusser. En revanche, je ne vois pas pourquoi je m'interdirais de faire appel à des notions de psychanalyse quand il s'agit d'étudier la construction d'une paratopie, qui associe inévitablement des contraintes sociales et familiales. Dans ce cas, le fait qu'on ait affaire à des processus inconscients est inévitable.


David Martens: Je me souviens que tu avais notamment noté que la psychanalyse, et les approches de la littérature et plus largement des discours fondées sur un appareillage notionnel issu de la psychanalyse, tendent à rechercher des éléments dissimulés, qu'il s'agirait de dévoiler. Il me semble que tu considérais pour ta part que, du point de vue de l'analyse du discours, les éléments du discours seraient apparents et qu'il n'y aurait dès lors pas lieu de se mettre en quête d'éléments en quelque sorte sous-jacents.


Dominique Maingueneau: Emprunter certaines notions à la psychanalyse, c'est autre chose que de recourir pour l'analyse des textes à une méthode d'inspiration psychanalytique qui traquerait un sens caché, un contenu latent qui serait sa raison d'être et que le texte tout à la fois dissimulerait et révélerait. L'analyse du discours, par nature, n'étudie pas les textes en eux-mêmes et ne traque pas les sens dissimulés; elle intègre plutôt les textes dans un réseau complexe d'interactions dynamiques qui subvertit la distinction même entre texte et contexte. Au lieu de replier le texte sur l'intimité d'une singularité biographique, elle associe étroitement biographie et institution discursive.


David Martens: Du point de vue de la réception, cette fois, dans quelle mesure les lecteurs de la poésie de Heredia sont-ils susceptibles d'identifier des jeux d'écriture tels que ceux que tu décris et analyses sans en passer par une approche aussi fouillée que celle à laquelle tu t'es livré (et qui ne correspond guère aux modes de lecture courants)? Il me semble par exemple que l'analyse de la tension posée par certains poèmes entre le masculin (José) et le féminin (Maria), qui te conduit à décliner le nom «Homère» en indiquant qu'à travers sa référence, «le créateur se fait hom(me)-(m)ère» n'est guère aisée à identifier pour un lecteur. Dès lors que la mise en œuvre d'une paratopie doit pouvoir être perçue pour permettre à l'auteur de trouver sa place dans un champ, c'est-à-dire pour que la paratopie fasse son effet, sa configuration ne doit-elle pas rester identifiable et, à cet égard, quelle place donner, dans l'analyse de la construction d'une paratopie, à des éléments qui peuvent paraître s'inscrire dans sa dynamique générale, mais qui peuvent dans le même temps paraître difficile à percevoir?


Dominique Maingueneau: La paratopie définit des conditions de possibilité, elle n'épuise pas le détail des textes, qui brassent des matériaux surchargés de sens au fil de l'histoire qui sont parcourus par des interprètes eux-mêmes placés dans des conjonctures toujours nouvelles. Cela dit, l'exemple que tu cites est sans aucun doute inaccessible à la conscience des locuteurs (à leur inconscient c'est une autre affaire), mais il n'est pas étranger à la démarche d'un analyste du discours littéraire. Pour ce dernier il ne s'agit pas, en effet, d'avancer une interprétation ingénieuse de tel ou tel texte mais de tirer les conséquences du postulat selon lequel l'énonciation est aussi une réflexion sur sa propre possibilité. En d'autres termes, les poèmes d'Heredia parlent, à travers les ressources qu'offre la poésie, de leur propre genèse. Tout poète le fait, mais Heredia le fait à la manière parnassienne, qui présente la création poétique comme un artisanat; il se trouve qu'il s'appelle Joseph, que Joseph est la figure même de l'artisan sacré: on comprend qu'il exploite cette coïncidence, comme celle qui associe dans son nom Joseph à Marie, etc. De même, la mise en scène de sa propre énonciation à travers la figure traditionnelle des Sirènes l'amène naturellement au nom d'Homère, dont il joue sur le signifiant pour réactualiser l'invariant selon lequel le créateur pour être tel doit jouer des pouvoirs du féminin mais aussi pour se conformer à sa paratopie «archéologique».

De toute façon, une simple opposition entre conscient et inconscient est certainement réductrice quand il s'agit de création, esthétique ou non. Il me semble que ce qui caractérise un vrai créateur c'est une aptitude particulière à réfléchir sur sa propre activité selon des voies qui lui sont propres. Cette réflexivité n'est pas du même ordre que celle du chercheur en sciences humaines et sociales, mais elle est certainement d'une grande acuité. Il suffit de voir la correspondance de Van Gogh pour s'en persuader.


David Martens: La comparaison à laquelle tu te livres de l'œuvre de ces deux poètes de la fin du XIXe siècle te permet de mettre en évidence que certaines stratégies paratopiques fonctionnent, d'autres non. Le parcours d'Émile du Tiers te conduit ainsi à souligner combien, «pris dans une instabilité fondamentale en termes de positionnement» (112), il ne parvient jamais à fixer une image identifiable, susceptible de prendre dans le champ. Tu proposes à cet égard une distinction qui constitue une nouveauté dans l'architectonique des concepts que tu as élaborés, celle entre «stratégies de placement» et «stratégies de positionnement» (116), les premières étant le fait d'un auteur (en l'occurrence du Tiers) qui «ne parvient pas à trancher clairement en faveur d'un positionnement» et qui «place ses textes en fonction des opportunités qui s'offrent à lui» (130). Il me semble qu'il s'agit là d'un des apports précieux de ce livre qui met en contraste deux auteurs dont le statut dans l'histoire littéraire les distingue fortement. Peut-on dire que la paratopie est soluble dans la stabilité du positionnement? Existerait-il d'autres formes de ratages que le manque de stabilité d'un positionnement? Et ne peut-on penser qu'une stabilité trop prononcée pourrait apparaître comme une forme de sclérose (en ce qu'elle serait antinomique avec la «prise de risque» qui est selon toi inhérente au fonctionnement du champ littéraire), susceptible de déclasser, au fil du temps éventuellement, la «réussite» d'une «stratégie de positionnement»? Penses-tu que ton choix de travailler sur Heredia, dont tu rappelles qu'au fond il n'a jamais publié qu'un seul recueil, régulièrement remanié, a pu marquer ce volet de ta théorie de la paratopie, ou du moins de sa mise à l'épreuve dans le cadre de ce livre? Son positionnement se révèle en effet particulièrement stable, et bien en phase avec les coordonnées de sa paratopie (noblesse, figement marmoréen…)? Ne pourrait-on également songer à d'autres auteurs, au parcours plus turbulent? Mettons Hugo, pour s'en tenir à un monstre sacré… Comment cette importance que tu accordes à la stabilité du positionnement pourrait-elle rendre compte d'un parcours aussi accidenté, au moins en apparence?


Dominique Maingueneau: Il ne faut pas exagérer la stabilité des paratopies réussies. Certes, Heredia n'a publié qu'un seul recueil mais ce recueil est le résultat de trente années de publication, ce qui implique un travail continu de façonnage de sa propre paratopie. Et j'insiste dans mon livre sur le fait que cette paratopie n'est pas un bloc compact: au fil des circonstances et des poèmes il met en avant la paratopie nobiliaire, hispanique ou archéologique, en s'efforçant de les intégrer dans son appartenance au Parnasse.

Dans le cas des écrivains qui ont une œuvre plus hétérogène les choses sont évidemment plus complexes. Un créateur peut explorer successivement ou simultanément diverses facettes de son potentiel paratopique, en fonction des circonstances. Mais il paraît difficile d'imaginer que même dans ce cas il n'y ait pas une paratopie «canonique», celle qui est associée à la production d'œuvres majeures. Après tout, le Victor Hugo qui est entré dans le patrimoine littéraires n'est pas celui des Odes et poésies diverses ou des Orientales, quelles que soient les qualités de ces deux recueils, mais celui des œuvres écrites à Jersey et Guernesey. Même si le parcours d'un créateur peut sembler turbulent, le seul fait qu'il ait réussi à donner une forme consistante à une œuvre implique qu'il a réussi à élaborer une paratopie personnelle.

Mais j'avoue que tant qu'on ne dispose pas de davantage de travaux empiriques sur des auteurs d'époques variées, il est difficile de répondre de manière assurée à la question que tu poses.


David Martens: «[L]'auctorialité d'un texte ne se réduit pas aux entreprises menées par son auteur; elle implique aussi les réinvestissements par des tiers dont il est éventuellement l'objet» (119), écris-tu. S'agissant de du Tiers, tu soulignes que «son entourage le repositionne», après sa mort, «dans une perspective nettement régionaliste» (119), gommant donc la disparité de ses différents «placements». Tu abordes la question de la réception en examinant le façonnement de l'image de l'auteur par d'autres. Ne peut-on également s'interroger sur la nécessité qu'il y a pour des tiers à constituer une paratopie dans l'image d'un auteur? Un critique, lorsqu'il commente une œuvre, est-il conduit à adopter une paratopie lorsqu'il s'agit pour un discours de façonner l'image d'un autre (fût-ce de façon tronquée, comme avec du Tiers)? Au sein du discours littéraire, les «œuvres» d'un auteur relèvent de ce que tu appelles l'«espace canonique»[7]. Mais dans la mesure où le discours du critique (sauf peut-être pour des critiques de grande envergure, dont la critique est le cœur de la création, par exemple Blanchot, ou encore Barthes par certains côtés) relève de ce que Pascale Delmoras a appelé l'«espace d'étayage», soit «la fabrique de l'image auctoriale» produite, en dehors de l'espace de l'œuvre proprement dite, «au sein de tout l'interdiscours, c'est-à-dire, par exemple, des commentaires critiques qui la promeuvent ou la discréditent et qui donnent lieu à la reconnaissance collective dont l'œuvre a besoin pour exister»[8], dans quelle mesure sa distance par rapport au centre de gravité du discours littéraire que constitue l'espace canonique affecte-t-elle sa paratopie?


Dominique Maingueneau: Il me semble qu'on aurait tort d'opposer la paratopie de l'auteur et les commentaires critiques. Il va de soi que l'auteur s'oriente en fonction de ce qu'il perçoit des attentes des évaluateurs. Les critiques qu'il lit ou entend l'aident à voir si son positionnement est bien reçu, et donc à opérer d'éventuels ajustements dans son potentiel paratopique. Si par exemple Heredia a exploité la paratopie hispanique, c'est qu'elle constitue à son époque une constellation stéréotypique particulièrement porteuse dans la production esthétique et qu'il perçoit que cette mise en scène de sa personnalité est bien reçue.


David Martens: Pour finir, une question peut-être plus personnelle, ou plutôt à la croisée du personnel et de l'institutionnel. Je me suis demandé si ne se jouait pas, au début de ce livre portant sur les modalités en vertu desquelles un auteur s'efforce de trouver sa place dans un champ, celle que l'auteur du livre, Dominique Maingueneau, s'est taillée dans le champ des sciences humaines (disons, pour faire large…), et par la même occasion, celle qu'il a contribué à façonner pour l'analyse du discours, avec quelques autres (pour le domaine francophone, restons-en à la lettre A en ne mentionnant que Jean-Michel Adam, Ruth Amossy et Marc Angenot). Tu pointes ainsi une «difficulté» qui se pose lorsqu'«on est analyste du discours» et que l'on souhaite se pencher sur la création: «[À] la différence des sociologues ou des psychologues, qui se sont constamment intéressés aux conditions de la création esthétique, les analystes du discours s'en désintéressent massivement. Moins par un rejet explicite, fondé sur des considérations d'ordre épistémologique, que par un présupposé qui tient aux circonstances dans lesquelles a émergé et s'est institutionnalisé ce champ de recherche: à l'écart des facultés de lettres traditionnelles, voire contre elles. Si bien qu'à pratiquer l'analyse du discours littéraire, on s'expose à se retrouver dans une position inconfortable, dont on peut espérer néanmoins qu'elle est provisoire» (14). Bref, qu'en est-il de l'éventuelle paratopie de l'analyse du discours au sein du champ académique? J'imagine que tu vas me répondre que l'analyse du discours n'est pas un discours constituant… Fort bien, mais pourquoi as-tu éprouvé la nécessité de souligner la place particulière de l'analyse du discours au sein du domaine des sciences humaines, et plus particulièrement de la littérature, qui semble, avec la philosophie, le discours constituant qui a retenu le plus ton attention jusqu'ici?


Dominique Maingueneau: Je ne répondrai pas que l'analyse du discours n'est pas un discours constituant car à mon sens ce n'est pas tout à fait exact: elle participe des discours constituants par le fait qu'elle relève du discours scientifique. Si je comprends bien, tu fais jouer ma paratopie sur deux niveaux. Le premier est celui de l'analyse du discours elle-même, qui se tient dans une position foncièrement problématique, en quelque sorte en supplément de ces massifs que sont la sociologie, la linguistique et la psychologie. Le second me singularise dans la communauté des analystes du discours qui, comme tu le rappelles, ignore traditionnellement le discours littéraire ou le discours philosophique.

Je n'aurai pas la fausse ingénuité de dire que je ne suis pas conscient du statut potentiellement paratopique qu'a pour moi l'analyse du discours (je dis «pour moi» car il est vraisemblable que la majorité des analystes du discours ne voient pas les choses de cette façon). On peut raisonnablement penser que ce n'est pas par hasard si je suis à la fois celui qui insiste sur cette double appartenance paradoxale et celui qui été amené à un moment donné à construire le concept de paratopie. Après tout, c'est une manière de valider ma propre théorie, qui doit pouvoir s'appliquer à elle-même…




Dominique Maingueneau et David Martens
Octobre 2016



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[1] Voir notamment Dominique Maingueneau, Le Discours littéraire. Paratopie et scène d'énonciation, Paris, Armand Colin, «U – Lettres», 2004, ainsi que «Un réseau de concepts. Entretien avec Dominique Maingueneau au sujet de l'analyse du discours littéraire», propos recueillis par Reindert Dhondt & David Martens, dans Interférences littéraires/Literaireinterferenties, n°8, mai 2012, pp.203-221. [En ligne], URL: http://www.interferenceslitteraires.be/node/162.

[2] Dominique Maingueneau, Trouver sa place dans le champ littéraire. Paratopie et création, Louvain-la-Neuve & Paris, Academia/L'Harmattan, «Au cœur des textes», 2016. Pagination désormais entre parenthèses dans le texte.

[3] Sur les discours constituants, voir Frédéric Cossutta & Dominique Maingueneau, «L'analyse des discours constituants», dans Langages, n°117, 1995, pp.11-125 et l'article «Paratopie» dans leDictionnaire d'analyse du discours, s.dir. Patrick charaudeau & Dominique Maingueneau, Paris, Seuil, 2002, p.420.

[4] Pascale Delormas, «Grandeur & vicissitudes dans le domaine littéraire: de la paratopie illustrée par l'exemple », dans Acta fabula, vol.17, n°4, Notes de lecture, Août-septembre 2016, URL: http://www.fabula.org/revue/document9860.php, page consultée le 14 octobre 2016. Voir également Anthony Glinoer, «Compte rendu de Maingueneau (Dominique), Trouver sa place dans le champ littéraire. Paratopie et création», dans COnTEXTES [En ligne], Notes de lecture, mis en ligne le 19 avril 2016, consulté le 14 octobre 2016. URL: http://contextes.revues.org/6145.

[5] Voir Antoine Bouch, Montherlant bourgeois ou gentilhomme de lettres ?, Paris, Par plaisir, 1951, ainsi que, du même auteur, « Polémique autour d'une famille. Les Montherlant: des bourgeois», dans Arts, n° 578, 25 juillet 1956. Je tiens ces références de l'article de Marie Sorel: «Henry de Montherlant ou le revers du blason», dans Lettres de noblesse I. L'imaginaire nobiliaire de la littérature française (XIXe siècle), s. dir. David Martens, Paris, Minard, «Carrefour des Lettres Modernes», 2016, p.44.

[6] Je me permets de renvoyer à l'article suivant, à paraître: David Martens et Aleide Vanmol, «Les pseudos n'ont pas tous la même peau. La réception controversé de Vernon Sullivan et Boris Vian», dans La Pseudonymie dans la littérature française. De françois Rabelais à Éric Chevillard, s. dir. David Martens, Rennes, Presses univeritaires de Rennes, «La Licorne», à paraître en 2017. Article disponible en ligne.

[7] Voir Dominique Maingueneau, Le Discours littéraire…, op. cit., p. 114.

[8] Pascale Delormas, «Espace d'étayage: la scène et la coulisse. Contribution à l'analyse de la circulation des discours dans le champ littéraire», dans Cahiers voorLiteratuurwetenschap, n°6, «À propos de l'auteur», s. dir. Matthieu Sergier, Mark van Zoggel& Hans Vandevoorde, 2014, pp. 59-70.



D. Maingueneau & D. Martens

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Dernière mise à jour de cette page le 23 Octobre 2016 à 13h45.