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Selon D. Maingueneau qui en a élaboré le concept dès Le Contexte littéraire (Dunod, 1993) et l'a mis pleinement en pratique dans Trouver sa place dans le champ littéraire (Academia, 2016), "la paratopie caractérise à la fois la « condition » d'un discours constituant (religieux, esthétique, philosophique...) et celle de tout créateur qui construit son identité à travers lui : il ne devient tel qu'en assumant de manière singulière la paratopie constitutive du discours constituant dont il tire cette identité créatrice.

Le créateur apparaît ainsi comme quelqu'un qui n'a pas lieu d'être (aux deux sens de la locution) et qui doit construire le territoire de son oeuvre à travers cette faille même. Son énonciation se déploie à travers l'impossibilité même de s'assigner une véritable place. Il nourrit sa création du caractère radicalement problématique de sa propre appartenance à son propre champ discursif et à la société. La paratopie joue en effet sur deux termes - le champ et la société - et non sur la seule relation entre le créateur et la société.

On ne saurait confondre paratopie et marginalité : il n'y a de paratopie qu'intégrée à un processus créateur. La « paratopie » n'est en effet pas une origine ou une cause, encore moins un statut. Ni support ni cadre, elle enveloppe le processus créateur, qui l'enveloppe aussi : faire oeuvre, c'est d'un seul mouvement produire des énoncés et construire par là-même les conditions qui permettent de la produire. Structurante une énonciation et structurée par elle, la paratopie est à la fois ce dont il faut se libérer par la création et ce que la création approfondit.

À partir de là on peut envisager divers types de paratopie, qui peuvent se combiner. Elle peut prendre le visage de celui qui n'est pas à sa place là où il est, de celui qui va de place en place sans se fixer, de celui qui ne trouve pas de place. La paratopie écarte également d'un groupe (paratopie d'identité), d'un lieu (paratopie spatiale) ou d'un moment (paratopie temporelle). […] On y ajoutera les paratopies linguistiques (la langue que je parle n'est pas ma langue)." (cité d'après la page Concepts du site personnel de D. Maingueneau).





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Dernière mise à jour de cette page le 23 Octobre 2016 à 16h56.