Actualité
Appels à contributions
XXIe Colloque international «Emil Cioran»: la solitude (Sibiu, Roumanie)

XXIe Colloque international «Emil Cioran»: la solitude (Sibiu, Roumanie)

Publié le par Marie Minger (Source : Aurélien Demars)

XXIe Colloque international Cioran

La solitude

Université «Lucian Blaga» de Sibiu (Roumanie)

12-14 mai 2016

 

Le Département d’Études romanes de l’Université «Lucian Blaga» de Sibiu organisera la XXIe édition du Colloque international «Cioran», qui se tiendra à Sibiu et à Răşinari, en Roumanie, les 12, 13 et 14 mai 2016.

Cette édition se consacrera à La solitude.

Omniprésente et pourtant secrète, la solitude marque l’œuvre de Cioran d’un sceau insaisissable. Sentiment, sensation, obsession, image, allégorie, idée, concept…, la solitude imprègne l’écriture cioranienne de façon unique mais aussi paradoxalement protéiforme, abondante et plurielle. Épreuve ou aubaine du destin, occasion de leurre ou de clairvoyance, elle tourmente sans cesse l’existence et la conscience. Solitude de soi, d’autrui, de Dieu ou des choses, elle frappe aveuglément tout et tous, mais non pas avec le même sens. Symptôme, maladie, détresse ou, au contraire, force, puissance d’autonomie, remède aux tribulations du monde, la solitude semble autant enfermer Cioran dans l’insoluble que l’ouvrir à une acmé d’intériorité tragique aux dimensions cosmiques. Haine de soi et agression virulente des autres, elle implique une philosophie du détachement, une aspiration à la sérénité. Manifestement, la solitude si contradictoire de Cioran est à la fois ressort littéraire, aiguillon existentiel et invitation au silence.

Les déclinaisons cioraniennes de la solitude sont aussi paradoxales qu’infinies. On pourra donc relire Cioran sous toutes les strates de la solitude: blessure d’être au monde ou complaisance à soi pour celui qui s’apitoie sur lui, condition de l’écrivain ou résultat d’une écriture qui violente ses lecteurs, angoisse intérieure ou dérision avec l’extérieur, égocentrisme ou sagesse de retrait du monde, principe d’individuation et expérience universelle, vrai faux dialogue avec Dieu ou expérience intérieure approchant la mystique…

Cioran semble abonder dans le sens de Beckett quand ce dernier affirme, à partir de Proust, que «l’art est l’apothéose de la solitude». Mais de quoi y a-t-il au juste solitude chez Cioran? La solitude est-elle éloquente ou muette? Éloignement du monde ou rapprochement de soi? Existe-t-il une vérité ou une sincérité de la solitude pour quelqu’un d’aussi sceptique et d’aussi cynique que Cioran? Alors qu’il ne cesse de maugréer contre le défilé des inopportuns venant interrompre sa solitude, cette dernière possèderait-elle une valeur éthique, que Cioran semble pourtant abolir par ailleurs. De l’œuvre de Cioran émane comme une fraternité des solitaires avec Oberman l’homme du souterrain, Emily Dickinson, Amiel… L’angle de la solitude invite à questionner chez Cioran sa conception d’autrui, mais aussi de l’amitié, et à le confronter à d’autres pensées de la solitude, notamment de Kierkegaard, de Schopenhauer ou de Nietzsche, dont il s’approche, de Jaspers, de Heidegger ou de Sartre, dont il s’écarte. Comment comprendre la solitude de l’écrivain et sa misanthropie face à ce que l’on a appelé «l’autre Cioran» (amical, social, volubile, voire mondain)? Quel sens donner aux modes de l’écriture solitaire de Cioran par rapport à son dialogisme? Plus généralement, les liens complexes que Cioran nourrit à l’égard de la solitude antique, romantique, poétique… restent à déchiffrer. Comment l’écriture du solitaire Cioran peut-elle nous rendre proche de lui? Et l’idée même d’écrire sa solitude est-elle l’indice d’une inconséquence, sinon d’une supercherie propre à un «escroc du gouffre»? Ou s’agit-il d’une transgression de l’isolement hic et nunc pour une solitude plus grande? Ainsi résonne encore jusqu’à nous la fameuse sentence du jeune Cioran: «Le devoir d’un homme seul est d’être encore plus seul».

Les innombrables questions, paradoxes et méditations que la solitude soulève pourront faire l’objet de réflexions pluridisciplinaires (philosophiques, littéraires, poétiques, comparatistes, traductologiques, linguistiques, psychologiques, historiques…).

Aurélien DEMARS

 

Modalités de soumission

Les écrivains, chercheurs, enseignants, doctorants intéressés sont invités à envoyer avant le 29 février 2016 leur proposition de communication, composée d’un titre, d’une courte description (500 mots maximum) de cinq mots-clés et d’une courte biobibliographie (3-5 lignes) à l’adresse suivante:
Mihaela-Genţiana STĂNIȘOR: mihaela_g_enache@yahoo.com.

 

Les langues de travail du colloque sont le français et le roumain.

 

Comité de direction: Mme Mihaela-Genţiana STĂNIȘOR (directrice du Colloque)

Comité d’organisation: Mme Rodica BRAD, Mme Dumitra BARON, Mme Maria OPREA, Mme Rodica ROMAN, M. Pierre FERREY (lecteur de français).

Assistant du colloque: M. Aurélien DEMARS (Université Jean Moulin Lyon 3 – Université de Limoges)

RESPONSABLE:  Mihaela-Genţiana STĂNIȘOR