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De la belle époque aux années folles. Arts, littérature et genres sexuels au temps de Marcel Proust et André Gide (Paris)

De la belle époque aux années folles. Arts, littérature et genres sexuels au temps de Marcel Proust et André Gide (Paris)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Christophe HENRY)

Symposiums d'Histoire de l'art – 14e édition

De la belle époque aux années folles

Arts, littérature et genres sexuels au temps de Marcel Proust et André Gide

Mercredi 26 février 2020

Sous la direction de Perrine PONTIE et Christophe HENRY

Sur proposition de Martine DEBIEUVRE

Mairie du 11e – Salle des Fêtes – Place Léon-Blum 75011 PARIS – Métro Voltaire

 

Le lundi 18 octobre 1937, Paul Léautaud se demandait, dans son Journal : « Qu'est-ce qui restera de tout ce qu'on écrit aujourd'hui, des réputations les mieux établies ? Il restera Proust, dont j'ai lu au plus une page, par hasard, un jour, chez Marie Dormoy, mais dont j'ai, de son œuvre, une perception très exacte, très sûre de ce qu'elle est, et d'un très grand intérêt, Gide, Valéry (un peu de chacun), Duhamel peut-être, un peu d'Apollinaire comme poète. Le reste, fatras déjà. Heureux, qui ne pensent pas à cela, éblouis d'eux-mêmes. » (Journal littéraire, Mercure de France, 1998, p. 831- 832)

S'il exagère sans doute - d'autres passages de son Journal montrent qu'il connaît bien La Recherche du temps perdu, Léautaud retient Proust et Gide dans une même perception : cette fusion du littéraire et de l'intime qui avait permis aux générations de la fin du XIXe siècle de dépasser le symbolisme et l'obsession de l'art pour l'art, jusqu'à Mallarmé tenu pour indépassable dans la recherche poétique. Au seuil des années 1940, l'œuvre de Marcel Proust (1871-1922) épaulé par celui de son quasi contemporain André Gide (son aîné de deux ans), était ainsi perçu comme une invention pérenne ayant inauguré une voie littéraire sinon inédite du moins peu explorée, celle du dévoilement de soi, que recouvre plus ou moins habilement le vocable contemporain d'autofiction. Le 14e Symposium d'Histoire de l'art se consacrera à cette problématique du dévoilement de soi qui marque la société occidentale de la Belle Epoque (1872-1914) aux années folles (1918-1929).

Transversal, ce dévoilement de soi est peut-être devenu foncièrement littéraire avec Proust et Gide, parce que les écrivains s'inspirèrent alors des artistes à la pudeur libérée par le caractère non verbal d'un langage visuel décliné du corps - cette représentation élégiaque de l'anatomie que le symbolisme avait régénérée en la mêlant de psychologie et d'anecdotes modernes. Le dévoilement de soi qu'orchestrent arts et littérature dans la première moitié du XXe siècle marque en cela une évolution pour l'histoire de l'art, celle de l'instauration de l'intime et de l’ego comme norme d'interprétation des formes esthétiques - qui n'est pas neuve, mais qui n'aura jamais été autant sollicitée, au moins jusqu'à l'essor des mouvements conceptuels à la fin des années 1950. Trop souvent associés à une histoire de la libération sexuelle, dévoilement de soi et narcissisme esthétique nous paraissent aujourd'hui œuvrer à une redéfinition plus fondamentale encore, celle du genre sexuel, auto-appropriation de l'être qui exige de se dévoiler non pas aux autres mais à soimême. 

PROGRAMME

9 :15 Accueil des participants et présentation par Perrine PONTIE et Christophe HENRY

MATINEE – DES SECRETS DE L’INTIMITE A L’EXPLORATION DU DESIR Présentation : Delphine DESVEAUX (Collections Roger-Viollet, Bibliothèque Historique de la Ville de Paris)

9h45 Perrine PONTIE (Université d'Aix-Marseille) « Eros dévoilé: L'écriture masculine du désir dans la première moitié du XXe siècle »

10h15 Manon SECQ (Université du Havre et ESADHaR) « Sade mon prochain de Pierre Klossowski (1949), ou comment réhabiliter Sade ? »

11h Pause

CONFERENCE DE CLOTURE DE MATINEE

Présentation : Martine DEBIEUVRE (Première adjointe au maire du 11 chargée de la culture et de la mémoire)

11h15 Luc FRAISSE (Université de Strasbourg et Institut universitaire de France) « Proust et l’idolâtrie : du fétichisme à l’esthétique »

12h15 Débat de clôture de matinée

12h30 Pause méridienne

APRES-MIDI – GENESE D’UNE PENSEE DU CORPS : LA MODE, LE GENRE ET LE MODELE

Présentation : Joëlle ALAZARD (Professeur de chaire supérieure, Lille, Lycée Faidherbe)

14h15 Delphine DESVEAUX (Collections Roger-Viollet, Bibliothèque Historique de la Ville de Paris) « Proust, les proustiens et les vêtements Fortuny : une évocation des contraintes et autres turpitudes »

15h Helline LOISEAU (Lille, lycée Faidherbe) « Identités sexuelles et de genre à travers Jésus-la-Caille de Francis Carco»

16h Pause

16h15 Louise BACAUD (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales) « Le corps de la femme selon Gide »

CONFERENCE DE CLOTURE DE JOURNEE

Présentation : Cécilie CHAMPY-VINAS (Conservateur du patrimoine, Petit Palais, musée des Beaux-arts de la ville de Paris)

17h15 Philippe THIEBAUT (Conservateur général honoraire du patrimoine) « La littérature, l'art et le genre : le comte Robert de Montesquiou-Fezensac (1855-1921) modèle littéraire »

18h Débat de clôture de journée