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Séminaire TIGRE: «L'Illustration en questions», séance 2 (Paris)

Séminaire TIGRE: «L'Illustration en questions», séance 2 (Paris)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Evanghelia Stead)

L’“Illustration” d’avant l’illustration – L’image comique en Grande Bretagne 1820-1850

Brian Maidment

Liverpool John Moores University.

 

La présentation est centrée sur les images comiques publiées en Grande-Bretagne au cours de la Régence et au début de la période victorienne, période marquée par plusieurs développements clés : amoindrissement du statut culturel de la caricature politique et plus généralement de la satire graphique ; reconnaissance et exploitation rapide du potentiel des nouvelles méthodes de reproduction, notamment de la gravure sur bois de bout et de la lithographie ; et émergence d’un lectorat de masse se tournant vers la culture imprimée illustrée. La capacité de la gravure sur bois de bout à s’insérer dans la typographie de la page fut clairement une incitation pour que les images soient mises en avant en tant qu’“illustrations”, que leur fonction eût été prioritairement didactique et descriptive ou bien distrayante et décorative.

Dans le contexte de ces modifications majeures de manière, de public et de vocabulaire graphique, la présentation posera tout d’abord la question de savoir dans quelle mesure la fabrication des images comiques entre 1820 et 1850 chercha de nouvelles formes et genres aspirant à l’autonomie graphique, libérée des contraintes de l’illustration d’un texte. Cette discussion sera suivie d’un bref aperçu des genres de publications porteuses d’images comiques et suggérera l’ampleur des formes culturelles imprimées de la période dans lesquelles l’image tantôt résista au texte, tantôt déclencha et structura un texte né du contenu visuel de la publication (caricatures et blagues à la feuille, séquences d’images comiques cumulées au format folio et à l’italienne, recueils et défaits de presse, albums comiques). Ces formats, qui indiquent le développement de produits graphiques libres d’un texte continu, seront confrontés au développement parallèle de l’“illustration” en privilégiant l’exemple du roman sérialisé et des périodiques d’information.

La deuxième partie de la présentation se concentrera sur deux études de cas (Seymour’s Humorous Sketches et Heads of the People de Kenny Meadows) en montrant comment deux publications, à l’origine conçues comme des textes graphiques, furent “textualisées” au début de l’ère victorienne.

Seymour’s Humorous Sketches, à l’origine 170 planches publiées par Carlile en livraisons (1834-1836), puis réunies et publiées en cinq volumes sur papier de couleur par Tregear, fut suffisamment populaire pour inciter les éditeurs à essayer d’y ajouter du texte et à transformer un choix d’images en une forme proche d’un “roman”. Deux versions de ce “roman” parurent, l’une écrite par “A. Crowquill” (Alfred Forrester), l’autre par R.B. Peake. Les pages de titre des deux versions décrivent le livre comme incluant des planches illustrées de textes, maintenant ainsi l’idée que la publication fut une expérience essentiellement visuelle, mais des éditions ultérieures du texte de Crowquill, publiées par Bohn, amplifièrent le matériel paratextuel en ajoutant une biographie de Seymour, et – mise en cause majeure de la visualité du livre –, des notes explicatives aux “blagues” de chaque planche. Notre exposé soutient qu’en réalité les planches de Seymour furent très récalcitrantes à la narrativisation. Par leur caractère allusif, leur emploi des figures graphiques, leur sens du vocabulaire de la caricature, et l’exploration de thèmes comiques Régence bien connus, elles contiennent du sens parfaitement autonome. Leur indépendance graphique fut donc au mieux froissée, au pire trahie par les additions textuelles.

Le second cas correspond à ce qui se fit connaître sous le titre Heads of the People [Physionomies du peuple] de Kenny Meadows, surtout par une publication en deux volumes en 1840 et 1841, où les images servirent d’incitatifs graphiques à des auteurs connus, invités à développer des “esquisses” de stéréotypes sociaux et des “caractères”. Les têtes de Meadows devinrent ainsi des interprétations généralisées de “types” urbains. Pourtant, ces images avaient été conçues à l’origine comme illustrations extérieures au roman de Dickens Nicholas Nickleby, puis largement republiées dans des magazines bon marché avant d’être transformées en croquis urbains. Elles fournissent donc la preuve d’une transformation extraordinaire – à l’origine des illustrations extérieures à un roman publié sous forme sérielle, elles devinrent des images autonomes dans les périodiques populaires avant de fournir la base pour un texte né des “illustrations” de Meadows.

L’objectif général de la présentation est de suggérer quelques-unes des manières selon lesquelles les images graphiques comiques contestèrent l’idée d’“illustration” entre 1820 et 1850. Le marché de la culture visuelle offrait à l’époque de nombreuses occasions pour que l’image comique gagne en autonomie et en identité par des moyens largement non-verbaux. Et ceci jusqu’aux années 1840, lorsque l’image comique, incluse en grande partie dans les périodiques et le roman sérialisé, fut inondée de texte et reléguée au rôle d’illustration.

 

 

‘Illustration’ Before Illustration – The Comic Image in Britain 1820-1850

Brian Maidment

Liverpool John Moores University.

This paper focusses on the comic image published in Britain in the Regency and early Victorian period. During this time a number of key developments were taking place – a diminution in the cultural status of the political caricature and in graphic satire more generally; a recognition and rapid exploitation of the potential of new or rediscovered reprographic methods, especially the wood engraving and the lithograph; and the emergence of a mass readership for illustrated print culture. The ability of the wood engraving to be situated within a type set page was clearly an encouragement for images to be formulated as ‘illustrations’, regardless of whether their function was primarily didactic and expository or diversionary and decorative.

Within the context of these major shifts in mode, audience and graphic vocabulary, this paper first seeks to examine the extent to which comic image making between 1820 and 1850 sought out new forms and genres which aspired to graphic autonomy free from the burden of illustrating a text. This discussion is followed by a brief overview of the range of publications that carried comic images which will suggest the considerable extent of print cultural forms in this period in which the image either resisted text or else gave rise to and structured the text that arose around the visual content of the publication. Single sheet caricatures and ‘jokes, oblong folio sequences of accumulated comic images, miscellanies and scraps, magazines dominated by their visual content, and comic annuals will all be briefly described and illustrated, and used as evidence for the development of graphic commodities free from sustained text in the period. These forms will then be contrasted with the simultaneous development of ‘illustration’ using the serial novel and the information bearing periodical as prime examples.

The second part of the paper will look in some detail at two examples of the ways in which two publications, originally conceived as graphic texts, were sequentially ‘textualised’ through the early Victorian period.

The first text is Seymour’s Humorous Sketches which comprises over 170 plates. First published by Carlile in sections between 1834 and 1836 and then gathered into five volumes and printed on coloured paper by Tregear, the Sketches proved popular enough to encourage publishers to attempt to add texts to fill out a selection of the images into something approaching a ‘novel’. Two versions of the ‘novelised’ text were published, one written by ‘A. Crowquill’ (Alfred Forrester) and the second by R. B. Peake. The title pages of both versions described the book as comprising plates illustrated by texts, thus maintaining the view that the publication remained an essentially visual experience, but subsequent editions of the Crowquill text, published by Bohn, added in increasing level of paratextual material, including a biography of Seymour, and, as a major challenge to the book’s visuality, explanatory notes explaining the ‘jokes’ to be found in each plate. The paper argues that in fact the Seymour plates proved extremely difficult to turn into narrative form. In their allusiveness, their use of graphic tropes, their sense of the graphic vocabulary of caricature, and exploration of well-known Regency comic themes, the plates contained entirely self-contained meaning. Their graphic autonomy was at best dented and at worst mis-represented by the textual additions.

The second text is what became known as Kenny Meadows’s Heads of the People, best known through its publication in two volumes in 1840 and 1841, with the images serving as graphic prompts from which well-known authors were invited to develop ‘sketches’ of social stereotypes or ‘characters’. Meadows’s portrait heads thus became generalised accounts of urban ‘types’. Meadows’s images, however, had originally been drawn as extra-illustrations for Dickens’s novel Nicholas Nickleby and later re-published widely in cheap magazines before being adapted as urban sketches. They thus provide evidence of an extraordinary transformation – originally conceived and published as extra-illustrations for a serial issued novel, they became autonomous images in the pages of popular journals before providing the basis for a text which was generated by Meadows's 'illustrations’.

The overall aim of the paper is to try to suggest some of the ways in which comic graphic images contested the idea of ‘illustration’ in the period between 1820 and 1850. The market place for visual culture in this period offered considerable opportunities for the comic image to gain autonomy and identity in largely non-verbal ways. But by the 1840s, the comic image, largely published within periodicals and the serialised novel, had become swamped by text and relegated to the role of illustration.