Agenda
Événements & colloques
Science et croyance dans la seconde moitié du XIXe s. (Paris Diderot)

Science et croyance dans la seconde moitié du XIXe s. (Paris Diderot)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Yohann Ringuedé)

La prochaine séance des Doctoriales de la SERD aura lieu le samedi 25 mars, de 10h à 13h, à l'Université Paris Diderot dans la Halle aux farines, aile E, salle 164E

Science et croyance dans la seconde moitié du xixe siècle,

Organisée par Yohann Ringuedé

 

Au début du xixe siècle, Châteaubriand constate une dichotomie entre deux types de croyances. La foi chrétienne s’oppose à la foi scientifique puisque le savoir s’érige en crédo de substitution. Les « nuages de la science […] cachent la Divinité », là où Châteaubriand appelle de ses vœux une approche scientifique qui ne viserait qu’à « rechercher […] la beauté et la bonté de la Divinité. » Le scientisme, qui se fait omniprésent dans la seconde moitié du siècle, repose précisément sur cette attitude dont Châteaubriand s’était fait le contempteur : cette pensée fait le pari de croire en la capacité de la science à pouvoir expliquer le monde intégralement et à résoudre tous les problèmes de l’humanité. Le positivisme comtien remplace Dieu par le Progrès tandis que les reformulations multiples du transformisme,  jugées blasphématoires, lui substituent le contexte et le hasard. Cette dichotomie résonne dans le siècle d’échos multiples que la séance se propose d’envisager sous deux aspects particuliers et complémentaires :

 

« Renan, entre science et croyance », Azélie Fayolle :

Parce qu’il a quitté le séminaire de Saint-Sulpice pour se consacrer aux sciences historiques, Ernest Renan représente pour le xixe siècle le combat victorieux de la science sur la religion. Qualifié de « blasphémateur européen » par Pie ix, mis à l’Index, il est pour de nombreux croyants la nouvelle incarnation de l’Antéchrist. Si Renan est le premier philologue français à séculariser l’exégèse biblique, il n’a cependant pas fait de ses recherches un outil de propagande contre la foi catholique. Science et croyance se répondent en effet dans l’ensemble de son œuvre : historien des religions, il postule un besoin naturel de croyance pour tous les peuples. Bien plus, la science prend pour lui les formes d’une religion nouvelle, dont il professe l’avènement. Les échanges permanents entre science et croyance chez Renan l’amènent à rêver le futur d’une religion scientifique qui trouve de multiples formes non académiques, de son théâtre à ses Dialogues philosophiques.

 

« Deux poèmes géologiques : la science moderne au service de la foi », Yohann Ringuedé :

L’exemple de la géologie, science qui raconte l’histoire de la vie à partir de traces, permet, après la révolution darwinienne, de montrer comment des scientifiques de métiers, poètes amateurs, mettent au service d’une plume apologétique chrétienne les découvertes scientifiques modernes. Deux longs poèmes, Antediluviana, poème géologique [1875], de l’entomologiste Ernest Cotty et La Création, en vers [1865] de Théodore Brochin, ingénieur des mines, attestent du fait que, face au scientisme ambiant, la science la plus positive est toujours appréhendable comme la preuve de la toute-puissance de Dieu.