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Romain Rolland et ses compagnons de route en littérature

Romain Rolland et ses compagnons de route en littérature

Publié le par Université de Lausanne (Source : Association Romain Rolland)

Romain Rolland et ses compagnons de route en littérature

Romain Rolland, pour définir sa relation intime avec des oeuvres qui lui importaient dans la conduite de sa vie, a forgé la notion de "Compagnons de route" .

Aujourd'hui, quels sont pour nous les vrais "compagnons de route" en littérature ? Quels sont les écrivains qui sont tout au long de la vie des "compagnons" : des aides, des éclaireurs, des soutiens, des consolateurs, des inspirateurs...  qu'ils aient ou non des liens directs avec Rolland.

Les contributions (25 000 signes maximum) paraitront dans un Cahier supplémentaire des "Études Romain Rolland" (remise des textes : 15 septembre)

Parution et mise en ligne du Cahier supplémentaire : novembre 2021.

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Romain Rolland et ses compagnons de route en littérature

Le prix Nobel de littérature qui a été attribué à Romain Rolland  en 1915 a couronné une œuvre qui portait en elle une certaine idée de la littérature, une littérature d’idées et de personnages, à distinguer d’une littérature d’écriture qui privilégie le style et le travail sur la langue. D’un côté la tradition de Hugo et de l’autre l’exigence de Flaubert. Proust seul, si l’on peut oser ce schéma, sut associer pleinement et heureusement  les deux dans une « belle harmonie ».

Auteur lui-même de romans ambitieux (Jean-Christophe, L’Âme enchantée) Romain Rolland n’a cessé de porter un regard amical et critique sur ses confrères écrivains. Pour définir cette relation intime avec des œuvres qui lui importaient dans la conduite de sa vie il a forgé la notion de « compagnon de route » dans un volume d’essais littéraires publiés aux Éditions du Sablier en 1936.  

La formule aura une fortune politique – on parlera de « compagnons de route » du parti communiste pour désigner des sympathisants qui ne sont pas membres – ; elle ne doit pas faire oublier la belle image d’œuvres et d’écrivains qui sont tout au long de la vie des « compagnons » : des aides, des éclaireurs, des soutiens, des consolateurs, des inspirateurs avec qui, si l’on en croit l’étymologie, on partage le pain.

Sans doute les « compagnons de route » d’aujourd’hui ne sont peut-être plus ceux de Rolland dans les années trente mais ses choix de l’époque, alors plutôt en retrait de l’époque, gardent une actualité et une pertinence incontestables. Ils se définissent par une certain classicisme des références, notamment l’héritage toujours vivant du grand XIXe siècle et avec quel discernement !: gardons à l’esprit le collégien qui imite Jules Verne, le jeune homme qui défend avec vigueur Dostoïevski et Tolstoï à l’École normale, l’étudiant qui se consacre intégralement à la lecture de Shakespeare, l’écrivain confirmé qui choisit des textes de Rousseau, qui, malgré les différends, reconnaît l’ample génie de Claudel et apprécie l’élégant Stendhal. … Il en découvre aussi, comme Panaït Istrati, le « Gorki des Balkans », ou la féministe Marguerite Audoux.

Son exemple nous conduit à nous interroger sur notre rapport à la littérature : divertissement romanesque ou expérience vitale ? 

D’où cette question simple que l’association Romain Rolland (58530, Brèves) propose, occasion d’un retour sur soi, voire d’une autocritique un peu sévère : quels sont pour nous aujourd’hui les vrais « compagnons de route » en littérature ? Quels sont les écrivains qui méritent d’être appelés des « compagnons de route », qu’ils aient ou non des liens directs avec Rolland.  

Les conditions sanitaires actuelles interdisent, comme chacun sait, toute perspective raisonnable de réunion « en présence » et de vive voix. Il n’est pas possible d’envisager à l’heure actuelle une conférence, un colloque, une table ronde, sans s’exposer à de cruelles annulations.

Reste l’écrit, paradoxalement, sous la forme d’un Cahier supplémentaire et exceptionnel des Études Romain Rolland, publié avec le soutien de la Chancellerie des Universités de Paris, qui accueillerait les réponses à cette question : qui sont les « compagnons de route » d’aujourd’hui ? — Jean Lacoste