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Appels à contributions
Revue Nerval, n° 6, 2022:

Revue Nerval, n° 6, 2022: "Nerval dramaturge" (dir. H. Laplace Claverie & Sylvain Ledda)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Jean-Nicolas Illouz)

Revue Nerval, n°6, 2022

(dir Jean-Nicolas Illouz et Henri Scepi)

Dossier Nerval dramaturge 

(dir. Hélène Laplace Claverie et Sylvain Ledda)

 

En complément de la traditionnelle rubrique Varia, pour laquelle les sujets des propositions d’articles sont libres (voir sur Fabula: https://www.fabula.org/actualites/revue-nerval-n-6-2021-dir-jean-nicolas-illouz-et-henri-scepi_99055.php);

La Revue Nerval, pour son numéro 6, lance un appel à contributions pour un dossier intitulé Nerval dramaturge, dirigé par Hélène Laplace Claverie et Sylvain Ledda :

Depuis le milieu du XIXe siècle, le théâtre de Gérard de Nerval pose un certain nombre de difficultés à l’exégèse, qui a longtemps jugé « secondaire » cette partie de sa production, notamment pour des raisons d’attribution auctoriale. Ces difficultés, sans être résolue, sont aujourd’hui appréhendées différemment grâce à la prise en considération du rapport global de Nerval au théâtre, non seulement comme dramaturge, mais aussi comme spectateur, commentateur, et plus largement comme amateur, au sens le plus noble du terme. Redonner toute sa place à la production dramatique de Nerval au sein de son œuvre est un enjeu crucial, pour qui veut saisir le travail de l’écrivain dans sa diversité et dans sa complexité. Jacques Bony, qui fut l’un des pionniers de cette entreprise de redécouverte, concluait ainsi son article « Nerval et les aspects matériels du spectacle » (Romantisme, 1982), en écho à une lettre de Nerval à Sainte-Beuve à propos du Chariot d’enfant : « l’un des aspects majeurs de l’art nervalien est peut-être justement cette constante recherche de voies nouvelles ». Fondamental dans l’imaginaire nervalien, le théâtre est un lieu d’expériences littéraires, artistiques et humaines.

La production dramatique de Nerval est quantitativement importante, constante tout au long de sa carrière, et qualitativement impressionnante, moins par la réussite des œuvres à la scène que par leur extrême diversité (modèles très variés en diachronie comme en synchronie). Nulle fixité dans les choix esthétiques de Nerval, mais un dialogue entre les aires géographiques et les différentes époques de l’histoire du théâtre. Œuvre-monde, en même temps que forme « palingénésique », le théâtre de Nerval emprunte, plagie sciemment, remodèle un matériau préexistant croisé au fil des lectures ou lors de voyages. À cet égard, la traduction fait partie du travail d’assimilation qui nourrit en profondeur le sens de la dramaturgie. Les transferts génériques, pratique courante au XIXe siècle, témoignent chez Nerval d’une circulation constante du texte dramatique, qui s’enrichit de la fréquentation des spectacles. En effet, Nerval fut sa vie entière un spectateur assidu, pratique qui ne se réduit pas à sa « passion » pour l’actrice Jenny Colon, bien souvent grossie par l’histoire littéraire. Son goût du théâtre et sa curiosité pour toutes les formes d’arts scéniques se déploient dans l’ensemble de son œuvre comme dans sa correspondance. À l’instar de certains de ses contemporains (Gautier, Janin, Sand), il fut sensible aux spectacles populaires, à leur poésie visuelle. Ce sont tous ces aspects de la création nervalienne que ce numéro de la Revue Nerval propose d’examiner. Il s’agira moins d’examiner les sources et les thématiques, que d’observer les transferts, les migrations, les jeux avec les genres.

Les points suivants pourront être abordés, sans que la liste soit exhaustive :

— L’écriture en collaboration. Loin d’être un pis-aller, elle constitue une pratique très bien intégrée par Nerval. Quelle est sa place dans son œuvre théâtrale ? Comment participe-t-elle plus globalement aux phénomènes de circulation des œuvres ? En quoi se distingue-t-elle de modèles adoptés par d’autres dramaturges ?

— Le matériau générique. Comment Nerval pense-t-il et intègre-t-il le fameux « mélange des genres », qu’on met bien souvent en avant pour décrire le drame romantique ? On pourra commenter par exemple la manière dont il relativise la notion même de « drame romantique » ; « le drame dit romantique », écrit-il dans La Charte de 1830. Mais la question des genres, c’est aussi celle du dialogue et des échanges entre théâtre, roman et poésie.

— Phénomènes de transferts, de mutations, de déplacements. Nerval traducteur. L’acclimatation de modèles dramaturgiques éloignés dans le temps et dans l’espace. Le théâtre comme laboratoire expérimental, lieu de liberté malgré les contraintes, notamment économiques. 

— Nerval, homme de théâtre. Peut-on considérer le théâtre de Nerval autrement que sous l’angle de « l’illusion » et du « chimérique », mais au contraire dans une perspective matérielle et concrète ? Quel souci Nerval manifeste-t-il à l’égard des éléments relevant de la mise en scène ? Quel rapport entretient-il avec le spectaculaire ?

— Le poète dramatique. Quelle est la place/l’enjeu de la poésie dans le théâtre de Nerval ? Réflexion sur la partition théâtre en vers, théâtre en prose.

— Nerval fondateur du Monde dramatique et critique assidu des pièces de son temps, – faisant de ses comptes rendus dramatiques dans la presse un lieu de propositions esthétiques novatrices, susceptibles de refonder un théâtre qui, après Hernani, ressasse trop souvent les mêmes lieux communs ou les mêmes procédés.

— La recherche d’un théâtre qui redeviendrait véritablement un théâtre populaire, – replongé aux sources naïves et sacrées de la fête, – comme les théâtres de marionnettes vus en Orient ou comme le théâtre des funambules et « son soleil tournant ».

— Le théâtre vis-à-vis du reste de l’œuvre nervalienne. Corps étranger ou révélateur ?

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Les propositions de contributions seront adressées à Hélène Laplace-Claverie (h.laplace-claverie@wanadoo.fr)  et à Sylvain Ledda (sylvain.ledda@free.fr).

Elles devront parvenir avant le 1er avril 2021, sous la forme d’un résumé de 500 signes environ, assorti d’une courte biobibliographie. Pour les propositions retenues, les articles eux-mêmes doivent être remis au plus tard au 1er septembre 2021. Le numéro 6 de la Revue Nerval paraîtra en avril 2022.