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Appels à contributions
Revue Nerval, n° 7, 2023 (Dossier: Nerval et les fous littéraires)

Revue Nerval, n° 7, 2023 (Dossier: Nerval et les fous littéraires)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Jean-Nicolas Illouz)

Revue Nerval, n°7, 2023
Appel à contributions

Alors que le numéro 6 de la Revue Nerval est remis à l’éditeur et paraîtra au mois d’avril 2022 aux éditions Classiques Garnier, la rédaction lance, pour le numéro 7, un nouvel appel à contributions.

Cet appel comprend deux volets : – l’un rassemblant des Varia, – l’autre composant un dossier thématique, qui portera cette année sur Nerval et les fous littéraires. Ce dossier est préparé par la rédaction avec le concours de Marine Le Bail et de Claude Mouchard (voir le texte programmatique ci-dessous).

Les propositions d’articles, pour les Varia comme pour le dossier, doivent nous parvenir avant le 1er avril 2022, sous la forme d’un résumé de 500 signes environ, assorti d’une courte biobibliographie. Pour les propositions retenues, les articles eux-mêmes doivent nous être remis, sous forme de fichiers électroniques, au plus tard au 1er septembre 2022. Le numéro 7 de la Revue Nerval paraîtra en avril 2023.

Revue Nerval, n° 7, 2023
Dossier : Nerval et les fous littéraires
(dir. Jean-Nicolas Illouz, Marine Le Bail, Claude Mouchard, Henri Scepi)

Dans Les Enfants du limon, dont le titre place le livre tout entier sous le signe de Nerval, Raymond Queneau appelle « fou littéraire », « un auteur imprimé dont les élucubrations […] s’éloignent de toutes celles professées par la société dans laquelle il vit […], ne se rattachent pas à des doctrines antérieures et de plus n’ont eu aucun écho. »
Cette définition répond, de loin en loin, à celle de Nodier, qui, dans un article publié en 1835, intitulé « Bibliographie des fous. De quelques livres excentriques », évoque son ambition de composer une bibliothèque à partir des œuvres réalisées par des « fous littéraires », c’est-à-dire, précise-t-il, des livres « qui ont été composés par des fous », « hors de toutes les règles communes de la composition et du style, et dont il est impossible ou très difficile de deviner le but […] ».
Nerval, quant à lui, fait également œuvre d’anthologiste de la folie littéraire quand il présente le recueil des Illuminés (1852) comme une série de portraits « d’excentriques de la philosophie », s’inscrivant de la sorte dans une lignée qui court de Nodier à Queneau, en passant en outre par Les Excentriques de Champfleury (1852) ou encore Les Grotesques de Gautier (1844).
Le geste de Nerval a cependant ceci de singulier que la folie littéraire, qu’il observe à distance chez les autres, le concerne aussi personnellement, et engage, en ce sens, une réflexion sur la création littéraire, quand celle-ci se situe aux lisières de la folie. Tout l’effort de Nerval consiste alors à ménager, entre raison et déraison, la possibilité d’une troisième voie, qui serait proprement poétique : c’est elle qui anime sa veine « fantaisiste », des Faux Saulniers (1851) aux Nuits d’octobre (1852) ; elle qui inspire ses créations « supernaturalistes », dans les sonnets manuscrits de la crise 1841 et dans le recueil des Chimères à la fin des Filles du feu (1854) ; elle encore qui sous-tend le projet d’Aurélia, où la littérature, engageant avec elle les sciences et les religions, tente de reprendre à la folie son bien

En accord avec l’inspiration que nous souhaitons donner à la Revue Nerval, nous aimerions que cet appel à contributions invite chacun(e) à penser la singularité de l’œuvre de Nerval, moins en la fermant sur elle-même, qu’en l’associant à d’autres auteurs, par affinités, manifestes ou latentes.
Les articles proposés pourront par exemple mettre en perspective différents anthologistes de la folie littéraire, de Nodier à Queneau, où Nerval a en effet un rôle pivot, et qui, à chaque moment, font réapparaître les « Oubliés et dédaignés » des histoires littéraires dominantes. – Ils pourront exprimer des gradations entre l’aimable manie du « bibliophile », l’étrange érudition du « philomathe », les spéculations plus inquiétantes des « illuminés », et les lueurs du « génie » qui surgissent dans la proximité de la folie. À chacun de ces aspects qui composent ensemble la figure du « fou littéraire », des embranchements surgiront, soit que l’on examine plus en détail la série des portraits présente dans Les Illuminés (de Raoul Spifame à Quintus Aucler), soit que l’on fasse essaimer la figure du « poète fou » au-delà de Nerval, vers Nietzsche, Hölderlin, Blake, Le Tasse, ou encore vers Lenz selon Büchner, ou encore, peut-être, vers Celan qui traduisit El Desdichado. Nous aimerions aussi que des articles prennent en compte les matérialités du livre excentrique ou du livre de fou, dont le discours oscille entre le lisible et l’illisible, mais dont la forme même fait jouer, hors toute règle, la mise en page, la typographie, et le dessin. Nerval se situe là aussi à une intersection : il se souvient de Nodier et des formes « excentriques » de la mise en page romantique ; il remonte aux essais typographiques de Restif ou aux illustrations du Songe de Poliphile de Francesco Colonna ; mais il inaugure aussi la lignée de l’art magique, esquissée par André Breton, ou celle de l’art brut, proposée par Jean Dubuffet.
Chaque étude contribuera ainsi à affiner notre écoute des textes littéraires et des écrits de fous pour mieux faire entendre ce qui, de la vérité, ne peut se dire qu’« aux confins des ténèbres ».

Jean-Nicolas Illouz (jean-nicolas.illouz@wanadoo.fr), Marine Le Bail (marine.le.bail1830@gmail.com), Claude Mouchard (mouchard@tudelle.net), Henri Scepi (henri.scepi@orange.fr)

Les propositions d’articles doivent nous parvenir avant le 1er avril 2022. Les textes eux-mêmes devront nous parvenir avant le 1er septembre 2022. Le numéro 7 de la Revue Nerval paraîtra en avril 2023.