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Nouvelle parution
Revue des Sciences Humaines, n° 328 :

Revue des Sciences Humaines, n° 328 : "Zoopoétique. Des animaux en littérature moderne de langue française" (A. Benhaïm et A. Simon dir.)

Publié le par Marc Escola (Source : Anne Simon)

"Zoopoétique. Des animaux en littérature moderne de langue française",

Revue des Sciences Humaines, n° 328, décembre 2017

André Benhaïm et Anne Simon dir., avec la collaboration de Sabrina Valy,

Presses Universitaires du Septentrion

ISBN 978-2-913761-75-9

27,00 €

 

Le colloque « Zoopoétique : les animaux en littérature de langue française (XXe-XXIe siècles) » est une manifestation scientifique liée au programme « Animots : animaux et animalité dans la littérature de langue française des xxe-xxie siècles », soutenu par l’Agence nationale de la recherche de 2010 à 2014, sous la double tutelle du Centre de recherches sur les arts et le langage (CNRS/EHESS) et de l’Unité mixte de recherche « Théorie et histoire des arts et des littératures de la modernité » (Université Sorbonne nouvelle).

Réunissant sous forme d’un atelier de travail et de prospective les membres du programme « Animots », il s’est tenu à Princeton University en 2014, avec deux objectifs. Il visait tout d’abord à élaborer le bilan de la première étape du programme, celle qui a permis de lancer et de légitimer les études animales littéraires dans le champ académique français et d’opérer des croisements fructueux avec les réflexions anglo-saxonnes et nord-américaines en Ecocriticism, en Cultural Studies et en Animal Studies. Le colloque souhaitait aussi mettre l’accent sur un second moment, celui d’un ancrage proprement poétique, stylistique, et, pour certaines communications, celui d’un prolongement résolument éthique, dans l’abord des textes et des questions. Désireux d’ouvrir le compas critique pour ce premier collectif dédié à la zoopoétique en France, ce numéro de la RSH propose à la lecture les contributions des participants au colloque de Princeton, mais aussi celles d’auteur.es que nous avons par après sollicité.es pour enrichir le propos.

La question centrale de ce numéro concerne le statut ontologico-linguistique des animaux dans la littérature moderne de langue française : non pas de simples métaphores de concepts ou de situations, non pas des masques grossiers pour des « hominiens » (Jacques Lacarrière) en mal de figurations d’eux-mêmes, mais des êtres vivants dont l’étude est d’une importance comparable à celle de l’humain et dont l’hétérogénéité existentielle (il y a plus de « commun » entre un orang-outan et un homme, qu’entre un orang-outan et un concombre de mer ou une amibe) tout comme l’irréductibilité de fait au langage articulé semblent proposer un défi aux écrivains qui se soucient de suivre leur trace évanescente ou de creuser le mystère de leur rencontre. Il s’agissait de montrer aussi comment, à travers l’examen de leurs fictions, les chercheurs et universitaires peuvent mettre au jour un savoir proprement littéraire sur les bêtes ou les relations interspécifiques, et relier les méthodologies et les enjeux de la poétique avec ceux d’autres disciplines plus communément associées aux Études animales. Les sept premiers articles rendent compte de la diversité des procédés zoopoétiques dans des pratiques ou des genres aussi différents que la poésie, la mise en scène, l’article de revue, le texte naturaliste, le roman ou plus généralement la prose narrative. Le numéro se focalise ensuite sur la problématique des subjectivités et des formes animales, puis sur le rapport entre politique, éthique, bestiaire et style, à travers notamment les cas de la guerre et de la révolte.

Ce ne sont pas les romans à thèse qui font une zoopoétique, mais les récits qui renouvellent l’éthique par des déplacements et des déconstructions stylistiques qui défigurent nos images humaines, trop humaines, des vivants. Nul hasard donc si le terme « zoopoétique », dans les sphères académiques américaines et européennes, commence à émerger dans les colloques ou les ouvrages académiques depuis le milieu des années 2010 : il s’agit selon Derrida de « sollicitude infinie », et celle-ci, à l'heure où l'Arche sombre, est aujourd'hui un enjeu majeur de la littérature.

Sur le site des Presses Universitaires du Septentrion

Sur le Carnet de zoopoétique Animots

 

Sommaire

Anne SIMON
Une arche d’études et de bêtes

Christian DOUMET
Gazouillis ou la joie d’écrire

Éliane DALMOLIN
Pense-bête : mémoire animale du poème contemporain

Jean-Loup RIVIÈRE
Bêtes de scène. Quelques remarques

Sabrina VALY
Passage en revue de l’animalité : l’exemple de Critique

Nicolas PICARD
Littérature et zoologie : les « formes animales » avec Adolf Portmann

Anne SIMON
La zoopoétique, une approche émergente : le cas du roman

Sophie MILCENT-LAWSON
Zoographies. Traitements linguistique et stylistique du point de vue animal en régime fictionnel

Alain SCHAFFNER
Intériorités animales

Réda BENSMAÏA
Le Labyrinthe et la Spirale (sur L’Escargot entêté de Rachid Boudjedra)

Pierre SCHOENTJES
« Adieu, veau, vache, cochon… et cheval ». Images d’animaux dans la littérature de la Grande Guerre (1914-2014)

Alain ROMESTAING
Du face-à-face à l’effacement : écrire la mort des bêtes

Kari WEIL
« La guerre au sujet de la pitié » : de Rousseau à Derrida

Jean-Louis CORNILLE, Annabelle MARIE
Un congrès de chiens

Marie SANQUER
L’âne-machine infernale de Kateb Yacine

André BENHAÏM
Cave felem. Camus et « le règne prochain des chats »

Livres reçus
Thibaut JULIAN