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Appels à contributions
Revue Alkemie, n° 28 :

Revue Alkemie, n° 28 : "L’horrible"

Publié le par Université de Lausanne (Source : Aurelien Demars)

L’HORRIBLE

Appel à contribution pour le numéro 28 d’Alkemie

Revue semestrielle de littérature et philosophie

 

Curieux paradoxe que celui de devoir définir l’horrible avec l’outil qu’il dépasse infiniment ; dire avec le langage ce qui broie irrépressiblement sa possibilité. Ainsi, l’horrible serait la défaite de ce langage, sa déconstruction, ou encore l’impossibilité même d’une construction. L’emploi même de l’adjectif confine l’expérience de l’horrible à la marge, à ce qui caractérise un objet avant de s’éclipser de façon fuyante, hors de toute substance, hors du substantif... À moins de convoquer l’horreur et de lui donner l’allure d’un thème en bonne et due forme, commode, étiquetable et rassurant, certes non pas hors-sujet (si ce n’est dans sa façon d’expulser le sujet hors de lui-même comme un phagocyte), mais ne se hissant pas encore au seuil de l’irreprésentable.

Car c’est bien de l’effroi devant ce qui se dérobe à toute représentation dont il est question – ou devant ce qui est représenté dans toute son indécence, son abjection, son obscénité (ob-scénité : hors-scène... et pourtant sur scène, devant les yeux), dans toute sa dimension insoutenable, présence niant la présence, et triomphant dans l’écrasement même d’un mal qui pourrait aller jusqu’à nier sa propre existence...

La répulsion, l’épouvante causée par un objet innommable peut provenir d’une vision aussi bien réelle qu’imaginaire, et constituer un état autant physique que mental, psychologique qu’affectif. Polymorphe, elle n’épouse définitivement aucune forme qui permettrait de l’appréhender et de la maîtriser. Mais elle peut aussi devenir affranchissement, dans la mesure où elle devient figure intérieure de ce qui ne peut être accepté par un sujet dans ses ultimes limites... Réflexe de survie. Toutefois, rien de définitif : l’horrible s’insinue toujours sous une autre forme, séduisant, implacable, paralysant, tenant aussi bien du vampirique que du despotique, de l’érotique que de l’exterminateur.

Dernier témoignage d’un sujet appelé à disparaître de façon imminente, l’écriture de l’horrible ne peut-elle parfois apparaître – même à travers l’expression du dégoût profond – comme l’ultime désir de vivre ? Ne peut-elle, par un curieux renversement, chercher à horrifier tout ce qui porte atteinte à la vie et à la béatitude ? Dès lors, à la limite du sacré, l’horrible se hisserait pleinement jusqu’à la « sainte horreur », écrasement du sujet devant la faute et aspiration quasi désespérée à s’élever jusqu’à l’extase, devant laquelle transgression et mal absolu s’abolissent pour laisser place à l’affirmation d’une nouvelle beauté, elle aussi innommable par le langage humain. Serait qualifié d’horrible alors le simple voile du sublime ne niant aucunement ce qui suscitait l’horreur, mais – par une subtile opération de démasquage – le repoussant dans l’incréé illusoire et inapte à engendrer. —  Stéphane Cermakian

Les propositions d’article, inédit et en langue française, sont à envoyer jusqu’au 1er juin 2021. Les textes doivent être transmis au comité de rédaction, aux adresses info@revue-alkemie.com et mihaela_g_enache@yahoo.com (en format Word, 30 000 à 50 000 signes maximum, espaces comprises). Les normes de rédaction et autres indications aux auteurs sont précisées sur le site de la revue (http://www.revue-alkemie.com/_03-alkemie-publier.html).

Outre votre contribution, nous vous prions d’ajouter, d’une part, une courte présentation bio-bibliographique (400 signes environ) en français, et, d’autre part, votre titre, un résumé (300 signes environ) et cinq mots-clefs en anglais et en français.

Date limite : 1er juin 2021.

Site de la revue Alkemie : http://www.revue-alkemie.com

Directrice : Mihaela-Genţiana STĂNIŞOR (mihaela_g_enache@yahoo.com).